Pour la jeune Talia, une belge d’origine sénégalaise, la quête de soi commence par un voyage vers le pays des ancêtres dans un road-movie, Le Voyage de Talia de Christophe Rolin, qui part de Bruxelles jusqu’à Dakar où elle est invitée à une danse révélatrice, le Sabar.
Le Voyage de Talia est un film représentant le Sénégal dans la course pour le Tanit de la 1ère Semaine de la critique des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). Sept longs-métrages de fiction sont au line-up de cette compétition internationale du festival organisé du 29 octobre au 5 novembre 2022.
Christophe Rolin est de retour à Tunis après un court métrage Dem Dem (27′) présenté aux JCC 2017 où il a remporté le Tanit d’argent. Ce premier film est né d’une collaboration entre un trio de réalisateurs, Pape Bouname Lopy (Sénégal) et Marc Recchia (Luxembourg) et Christophe Rolin (Belgique).
Son premier long métrage, le Voyage Talia, est une coproduction, entre le Sénégal, la Belgique et le Luxembourg, de Muna Traub, Christophe Rolin (Bande de Ciné), Monique Marnette (ADV Productions) et Khady Sissoko et Souleymane Kebe (Sunuy Films). Bande de Ciné se présente comme une boite qui ” produit des films hors des circuits de production traditionnels en privilégiant la lumière naturelle et les décors naturels”.
Le film en sous-titrage français est en Français (accent Sénégalais), Wolof et Néerlandais. Le réalisateur belge nous offre une toile de fond d’un Sénégal haut en couleurs, riche par sa culture, ses habitants aux traditions millénaires et ses paysages dont l’arbre de Baobab fait la réputation.
Au casting un trio de femmes, Nadège Tansia dans le rôle de Talia (Belgique), Aminata Sarr (Malika) et Oumy Sow (Binta) du Sénégal, pour un véritable voyage dans le pays de Teranga, sa diversité culturelle et son hospitalité légendaire.
Ce road-movie filmé entre la Belgique et le Sénégal s’ouvre par une séquence à Bruxelles, la seule en Belgique, où l’on voit Talia en bicyclette. En voix off, elle parle de sa vie, dans un bel accent Néerlandais. Des petits flash-back sur sa romance avec un jeune Belge. Une vie et une romance qui vont vite devenir un lointain souvenir pour une Talia habitée par la quête de ses origines.
Le Voyage de Talia suit le parcours de cette afro-belge, la vingtaine, qui part aux pays de ses parents, le Sénégal qu’elle visite pour la première fois, à la recherche de ses racines. Elle s’envole à Dakar dans l’espoir de rencontrer sa Grand-mère qu’elle n’a jamais rencontrée auparavant. Tout ce qu’elle a d’elle, une photo pour l’aider à la retrouver.
Elle débarque à Dakar et reprend avec cette voix off qui s’exprime sur un Sénégal rêvé ; Talia le connaît dans les films, les vidéos qui circulent sur le net mais a besoin de le voir de plus près.
Elle est accueillie chez son oncle, absent, et passe son séjour en compagnie de sa cousine, Binta, que visiblement rien ne les rassemble. Au moment où sa cousine passe son temps dans des discussions superficielles avec ses amies, Talia est plutôt dans une phase de conquête de soi et de vision plus profonde de la vie.
Dans la maison voisine, elle fait la connaissance d’une jeune femme, Malika, qui vit dans un milieu pauvre qui diffère de celui de sa cousine et sa vie entre les lieux huppés de Dakar et le bain de soleil au bord de la piscine chez elle. Une amitié est née entre les deux jeunes femmes dans une complicité qui dépasse les apparences. Leurs sorties quotidiennes se transforment en une aventure qui sert de récit pour le film.
Talia s’adapte même si tout semble différent de ce qu’elle a vu auparavant ou imaginé. Un Dakar et une ville sur la côte Atlantique, en perpétuel mouvement, comme ces vaques qui déferlent au coucher de soleil dans des instants de confession et de complicité entre elle et Malika.
Elle découvre une autre Afrique dont elle n’a jamais vu ni connu auparavant. Malika l’entraîne au coeur des quartiers chauds de Dakar où les vieilles traditions sont toujours présentes attestant d’un lien éternel avec l’Afrique de ses ancêtres qu’elle rêve de rencontrer dans le visage de sa grand-mère.
Une virée entre amies pour faire la fête. Malika l’invite à un Sabar pour une danse improvisée qui lui procure un sentiment de joie inégalée visible dans ses yeux. Le Sabar la libère du souvenir de son petit ami qui l’a aussitôt oublié en s’affichant avec d’autres. Plus tard, elle brûle leurs photos ensembles et se lance dans une véritable quête de sa grand-mère habitant un village lointain.
Le Sabar est l’une des grandes spécificités de la culture populaire sénégalaise qui se pratique dans la rue et souvent après le coucher de soleil. Elle est assez présente dans les films aussi bien que chez la communauté du pays de la Teranga vivant en Belgique et d’où vient l’actrice principale qui a été sélectionné pour son profil qui coïncide avec le rôle à interpréter.
Sous un Baobab, l’arbre emblématique du Sénégal, Talia se découvre et retrouve qui elle est vraiment; Une Sénégalaise dans l’âme et une africaine déracinée sans l’avoir choisi. Durant ce voyage, Talia est aussi confronté à ses moments de doute et de faiblesse et au regard de ses compatriotes qui voient en elle une autre sénégalaise qui ne leur ressemble pas trop.
Ce voyage est celui d’autres jeunes comme elle de la communauté africaine née en Europe. Au moment où plusieurs jeunes du Continent noir s’envolent ou traversent la Méditerranée à la recherche de l’eldorado européen, d’autres afro-européens font ou sont tenté de faire le chemin de retour vers les racines.
Dans le voyage de Talia, on prend conscience que beaucoup plus qu’un espace géographique dans lequel on se retrouve, l’africanité est une appartenance culturelle et identitaire dans les gènes.