Le Palmarès de la compétition officielle des 33e Journées cinématographiques de Carthage (JCC) a été dominé par la victoire de la Tanzanie, lauréate du Grand prix du festival qui fête son 56ème anniversaire.
La cérémonie de clôture du festival organisé du 29 octobre au 05 novembre 2022, a eu lieu samedi soir, au Théâtre de l’opéra de Tunis
Le Tanit d’Or, attribué à Amil Shivji pour ” Les Révoltés ” (Vuta N’Kuvute) a été remis aux deux acteurs principaux, Gudrun Columbus Mawanyika et Ikhlas Gafur Vora. Le jury présidé par le cinéaste marocain Mohammed Abderrahman Tazi a décerné le Tanit d’or à cette œuvre qui se distingue par sa perfection “cinématographique à tous les niveaux et une vision artistique fort concertiste d’un propos à la fois politique et intime “.
La Tanzanie est primée pour la première fois par le grand prix des JCC décerné à la meilleure oeuvre de la compétition des longs métrages de fiction. Le film est également lauréat du prix de la meilleure photographie (Zen van Zyl) et du prix FIPRESCI, prix parallèle décerné par la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique, la veille de la clôture des JCC.
Les Révoltés d’Amil Shivji coécrit avec Jenna Bass est une fiction de 90’, en swahili et en anglais, sortie en 2021. Vuta N’Kuvute, Tug of War pour la version Internationale, est le candidat de la Tanzanie aux Oscars 2023.
La bande annonce est singée par le célèbre compositeur tunisien Amine Bouhafa et Amélie Legrand, compositrice et violoncelliste française basée en Allemagne.
Le film est l’adaptation cinématographique d’un roman d’Adam Shafi, écrivain tanzanien de langue swahili. Ce drame se passe dans les années 50 sur les côtes du Zanzibar qui était marqué par la ségrégation raciale imposée par le régime colonial britannique.
La Tanzanie est parmi les pays africains qui sont rarement primés aux JCC. Traditionnellement, des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, l’Egypte, la Syrie, l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie ont toujours été les primés du Tanit d’or dans ce festival d’envergure arabe et africaine.
La Tunisie est lauréate de neuf Tanit d’or dont les deux derniers avant la crise sanitaire, Fatwa de Mahmoud Ben Mahmoud en 2018 et Noura Rêve de Hinde Boujemaa en 2019. Pour cette année, le cinéma tunisien a eu un Tanit d’Argent attribué au film ” Sous les Figues “, de la franco-tunisienne Erige Sehiri, qui est le candidat tunisien aux Oscars 2023.
Le jury a donné son avis sur ” une vision cinématographique singulière qui porte un regard plein d’humanité et de dignité sur les campagnes tunisiennes. Tout y trouve sa place le collectif comme l’individuel, le léger comme le profond “.
Sous les Figues a été primé la veille de sa sortie nationale, dimanche 6 novembre. Cette nouvelle distinction s’ajoute aux autres prix remportés par Under The Fig Trees, titre en Anglais, dans divers festivals internationaux dont le Festival de Cannes où il a fait sa première mondiale.
Trois films tunisiens dans la compétition officielle ont eu trois prix et deux mentions spéciales. Dans la compétition documentaire, Gardien des Mondes long métrage de Leila Chaibi a eu le Tanit de Bronze. Un Tanit de Bronze est revenu au court métrage 5:1 de Sarah Ben Saud.
Une mention spéciale a été attribuée à Denied Access de Hayfel Ben Youssef, dans la compétition des longs métrages documentaire, et à Edicius d’Emir Haj Salah (compétition Carthage ciné promesse) qui est le seul film d’animation au palmarès général du festival.
Dans les sections parallèles, décernés vendredi soir, deux documentaires tunisiens sont primés. Mouvma, des Poètes pas comme les autres de Ines Ben Othman a eu le prix CNCI, décerné par le Centre national du cinéma et de l’Image (20 000 DT).
God’s Captivating Face de Mohamed ben Romdhane et Marwen Meddeb a eu le prix le Prix Goethe Institute (3 000 euros).
L’Egypte lauréat Du Tanit d’Or en 2021 pour ” Feathers ” d’Omar Zohairy (et cinq autres prix), a remporté cette année, le Tanit de Bronze de la compétition des longs-métrages, attribué à Sharaf de Samir Nasr. Ce film est également lauréat du Prix du meilleur Scénario attribué au duo Samir Nasr et Sonallah Ibrahim ainsi que le Prix du Meilleur Décor décerné à Khalil Khoudja.
Dans la compétition des longs-métrages documentaires, le Tanit d’Or a été décerné à un film libanais Batata de Noura Kevorkian. Le film a aussi remporté le Prix Lina Ben Mhenni des droits de l’Homme. Les Gens Classes, Mohamed Firass (Syrie) a eu le Tanit d’Or des courts métrages documentaires.
Le jury de la compétition documentaire officielle présidé par la Française Marie Clémence Andiamonta Paes “note la grande disparité des moyens de production qui perdurent sur notre Continent et dans le Monde arabe. Nous encourageons les cinéastes et les jeunes, en particulier, à investir le champ du cinéma documentaire sans autocensure no formatage “.
Dans la Compétition première œuvre, le prix Tahar Cheriaa a été attribué à La Vie d’Après d’ Anis Djaad (Algérie). Le jury a décidé d’attribuer son prix pour ” un très beau film et pour son regard sans concession et empreint de douleur pour dire la dignité de ses personnages … “.
Outre ce prix attribué par TV 5 Monde, le film est aussi lauréat du Prix FACC décerné par Fédération Africaine des Critiques du Cinéma.
Le jury de la Semaine de la critique de Carthage a attribué le prix de cette section qui est à sa première édition au film marocain La Vie Me Va Bien d’Al Hadi Ulad-Mohand. Le jury présidé par Serge Toubiana a décidé d’attribuer son prix “un puissant portrait humain qui, à travers des interprétations remarquables et une image captivante, porte à l’écran un regard plein d’empathie sur les blessures familiales “.
Serge Toubiana, journaliste, critique et cinéaste Français né de Tunisie, était entouré des critiques Kamel Ramzi (Egypte), Chiara Spagnoli (Italie) et Thierno Ibrahima Dia (Sénégal).
La Vie Me Va Bien est une fiction (102’) sortie en 2022 qui a également eu le Prix de la meilleure musique, attribué à Kamal Kamal, compositeur et cinéaste multidisciplinaire.
Sept longs métrages de fiction issus de 7 pays étaient dans la course au Tanit en cette première édition de la Semaine de la critique des JCC ouverte aux jeunes réalisateurs. Les films de cette compétition, sont des premières et secondes œuvres, contemporaines et originales et de différentes sensibilités artistiques.
Côté artistique, trois longs métrages de fiction se sont distingués en remportant le prix du meilleur montage (Nadia Ben Rachid) pour Regarde les étoiles de David Constantin (Maurice), le prix de la meilleure interprétation masculine (Moaffak Al-Ahmad) pour La Route d’ Abdelatif Abdelhamid (Syrie), également lauréat du Prix du public.
Le prix de la meilleure interprétation féminine est revenu à la Sénégalaise Rokhaya Niang pour Xalé : Les Blessures de l’enfance de Sene Absa Moussa, un film émouvant sur la résilience féminine.
La condition féminine était également au cœur d’Astel de Sy Ramata Toulaye, lauréat du Tanit de Bronze de la compétition des courts métrages de fiction et le seul film sénégalais primé aux JCC 2022.