Les IT –pour technologies de l’information en français- peuvent constituer un accélérateur de migration vers la finance durable. En effet, ses prestations se déroulent, entièrement, en ligne. Et que de ce fait elles préviennent toutes incidences sur l’environnement.
Les retombées des IT sont incontestables pour faire avancer la cause. Cependant, les normes de la finance durable ont encore du chemin à faire pour être intégrées dans des schémas digitaux qui déboucheraient sur des solutions à caractère global.
Malgré tout et dans l’attente d’une migration définitive vers la finance verte, des réalisations incitatrices ont été amorcées en Tunisie. Elles ont le mérite d’ouvrir la voie. Tel est le cadre posé par Wissem Lajili, universitaire et modératrice du panel dédié au thème de la connexion entre la FinTech et la finance durable lors de la deuxième édition des “Finances Days“ initiés par Reconnect et sponsorisé par l’UBCI.
Lire aussi : “Les Tunisian Finance Days vont faire bouger les lignes du futur”, affirme Sami Ayari
Sur quoi pourrait déboucher ce mix, s’interroge la modératrice pour lancer le débat, d’autant que la Directive européenne sur la taxe carbone sera appliquée aux frontières de l’UE. Et gare aux retardataires !
Le Guide ESG de la Bourse de Tunis : Un choix fort
Bilel Sahnoun, DG de la BVMT, panéliste, rappelle qu’à quelque chose malheur est bon. En effet, la crise du Covid-19 nous a éveillés à l’évidence que le développement durable est pour tout de suite. Il a rappelé que la finance durable a bien progressé, et qu’en 2021 la levée de fonds relevant du développement durable est supérieure aux levées de fonds de toutes les autres activités réunies.
Lire aussi : Bourse de Tunis : Lancement d’un Guide de reporting environnemental, social et de gouvernance
Depuis 2021 et suite à son adhésion au groupe des Bourses ayant répondu à l’initiative de l‘investissement durable lancée par la CNUCED, la BVMT a émis un guide ESG. Comprenez qu’il s’agit des trois composantes fondamentales de l’Environnement, du Social et de la Gouvernance.
Pour ce faire, la BVMT a procédé à un matching des meilleures pratiques en puisant dans les référentiels les plus utilisés de par le monde. Par chance, en confrontant les critères existants avec les 17 Objectifs du Développement Durables (ODD) retenus par l’ONU, le guide a sélectionné 32 critères qui se sont naturellement répartis par trois tiers entre les composantes E, S et G.
Souplesse extrême, le guide s’adresse à tous les secteurs d’activité. A l’heure actuelle, le guide n’est pas contraignant. De la sorte, la démarche ESG des entreprises cotées se fera de leur propre allant. Et l’on pense que cette démarche spontanée leur permettra de maturer leur stratégie ESG.
Bilel Sahnoun indique qu’un peloton d’environ 20 entreprises tunisiennes s’y sont essayées. Cependant, leur démarche n’est pas uniforme, mais enfin la glace est rompue, en la matière.
Dans l’attente d’un standard de normes internationales
Avec pédagogie, Imen Ben Slimene, universitaire de son état, panéliste, relate les difficultés qu’éprouvent les entreprises dans leur effort de migration vers l’information extra financière. Ceci est de nature à conduire certains opérateurs à différer la publication de leurs états ESG. Et elle reconnaît que si les entreprises n’y viennent pas massivement, ce n’est certes pas faute de bonne volonté.
Elle ajoute qu’à ce jour et en dépit de l’engagement de l’ONU et de la CNUCED, il manque un standard de normes ESG. La pluralité des normes n’assure pas la conformité des publications des états de RSE. Cette disparité d’informations complique le travail de comparabilité entre entreprises.
Par ailleurs, il n’existe pas une ligne unique d’interlocuteurs. Qui fait l’audit, qui accrédite les auditeurs et surtout quelle instance pour valider les process. Au final cela fait que l’information disponible est peu exploitable. Ce qui est frustrant est qu’en l’état actuel des choses, elle ne peut constituer un signal fort à l’dresse des investisseurs de la finance durable.
La FinTech à la rescousse de la RSE
En lançant la Sandbox réglementaire, la BCT a mis la voie sur la possibilité de rapprocher l’univers de la FinTech des entreprises qui ont la volonté d’aller vers les normes ESG, reconnaît Nebras Jemel, co-fondateur de la start-up Kaoun, éditrice de l’application Flouci.
Cet univers de laboratoire leur permet d’expérimenter des solutions dans un cadre de marché réel, et cela peut inspirer le régulateur.
Nebras Jemel rappelle que la FinTech est venue réparer une carence du système bancaire traditionnel, à savoir l’exclusion financière. En effet, rappelle-t-il, 60 % des clients de la FinTech sont primo bancarisés. C’est dire !
Le startupper soutient que la FinTech possède des contributions inédites. Ses prestations commerciales étant intégralement en ligne, se déroulent à Zéro papier.
Par ailleurs, avec des transactions totalement en ligne, elles dispensent des transports de fonds, ce qui est de nature à éviter des émissions de CO2.
Le moment venu la FinTech apportera le plus aux entreprises qui se lanceront dans une démarche RSE. Quand pourrait se réaliser ce basculement peut-on se demander. Les panélistes considèrent que la finance verte prendra ses quartiers quand un peloton de 300 entreprises, autant du public que du privé et principalement exportatrices avoisinant le 1/3 du PIB, se seront converties.
Il est difficile de dater un tel seuil, mais l’ennui est que tout en étant une urgence pour le pays, il ne figure pas, malheureusement, parmi les priorités du moment.
Ali Abdessalam
Article en relation:
Partenaire Média : webmanagercenter.com