” Ode à la Vie ” est une nouvelle exposition rétrospective de l’artiste-plasticien Ali Znaidi qui est composée d’une sélection de 35 œuvres offrant une belle symphonie de couleurs.
Ses peintures, petits et grands formats, en plusieurs techniques, sont réalisées sur une décennies, de 2012 à 2022. Elles rendent hommage aux scènes de la vie d’où vient l’appellation Ode à la Vie. C’est ce dont parle le plasticien dans une interview avec la TAP, évoquant le mot Ode qui renvoie ” à un champ et un rythme musical, une poésie à la vie, parce que dans l’art il y a la poésie “.
L’artiste plasticien expose actuellement à la galerie Mosaïque à la cité Nasr, Ode à la Vie, une exposition personnelle rétrospective dont le vernissage a eu lieu, jeudi soir, qui se poursuit jusqu’à la fin du mois (10-30 novembre 2022).
Un festival de couleurs
La peinture est ” une affaire de bonheur et d’existence ” pour ce grand plasticien assez humble et généreux, dans la vie comme dans la pratique artistique entamée il y a cinq décennies. Dans cette exposition thématique Znaidi adopte une multitude de techniques dans une symphonie de couleurs. ” L’art est synonyme de la vie, c’est mon Oxygène “, dit-il.
Ode à la vie offre à voir une sélection de ses œuvres réalisées au cours des dix dernières années dans divers styles à travers laquelle le plasticien ” varie les techniques “. Un festival de couleurs se dégage de ses toiles autour de ses thèmes de prédilection.
Le monde et tous les espaces qui l’entourent constituent une source d’inspiration. La médina de Tunis, les scènes de vie quotidienne, les objets, l’architecture, la plage et les réunions entre amis dans un café … sont toutes des scènes de la vie locale.
Le plasticien dit avoir une vision spéciale du patrimoine, de la civilisation tunisienne et de sa beauté. Mes collègues à l’université et mes étudiants m’appelaient le plasticien de la couleur bleue, dit-il, d’autres me placent dans la case des peintres de la mémoire et du patrimoine.
Depuis ses débuts au milieu des années 70, Ali Znaidi continue son épopée de plasticien habité par la couleur et les lumières d’une ville multiculturelle et multiethnique qui a tant inspiré les artistes, les écrivains et les cinéastes, Tunis et sa Médina classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le plasticien est un ancien universitaire qui continue d’innover et d’élargir sa collection d’œuvres. Plusieurs de ses toiles sont acquises par l’Etat tunisien aussi bien que par des collectionneurs privés.
Il rappelle avoir exposé une première rétrospective ” Mémoire réinventée “, organisée en avril 2015 au palais kheireddine. Cette nouvelle rétrospective est novatrice ” tant sur le plan technique que sur le plan thématique “, dit-il.
Le collage, une technique qu’il avait commencé lors de son exposition au palais Kheireddine, est assez présent dans cette Ode à la Vie. Il y présente une série de collages dans lesquels il explique avoir eu recours à ses multiples sources d’inspiration ; la lumière, la composition et le fruit, parmi tant d’éléments qui nourrissent son imaginaire.
Toute une série de toiles sur le thème de la mer et de la plage est également visible dans cette Ode à la vie. Ali Znaidi trouve son inspiration durant la saison estivale, sur les plages de Tunis ou du Cap Bon où il a l’habitude de peindre.
Il intervient avec des découpages en faisant usage de morceaux de journaux, de papiers colorés. ” Je colle, je dessine dessus et je crée mon sujet à partir des croquis que j’aurais fait auparavant ou que je reprends directement avec tous les acteurs de la scène qui sont à côté de moi “, explique-t-il.
Un large éventail de techniques est mis à la disposition d’un plasticien qui surfe aisément entre les techniques. Artiste novateur de la scène plastique tunisienne, Ali Znaidi continue de suivre la même démarche d’un parcours singulier entamé il y a cinquante ans.
Des sources d’inspiration inépuisables
Pour cet enfant de la Médina et ses faubourgs, ” la Médina qui m’est très chère est un thème qui m’inspire beaucoup “. Bab Jazira, l’un des sites emblématiques de la ville de Tunis figure aussi sur la liste des lieux ayant façonné sa vision de l’art.
La médina et ses couleurs, son architecture et ses senteurs ne cessent d’être la source d’inspiration d’un artiste d’une sensibilité extrême envers tout ce qui l’entoure. En plus des scènes quotidiennes de la vie, le patrimoine culturel immatériel de la ville sont traduits dans des toiles du style abstrait et figuratif portant l’empreinte d’un plasticien au monde assez coloré, festif et nostalgique.
Ali Znaidi est revenu sur son enfance passées dans ces quartiers qu’il qualifie de tumultueux mais qui lui ont ” nourri l’esprit, l’imagination et la sensibilité envers les senteurs, l’architecture, les ruelles “.
Ce cadre de vie où cohabitaient les communautés et les styles architecturaux a fait la beauté de ses toiles et une vision plastique fruit d’un croisement de plusieurs cultures, entre Orient et Occident. Les quartiers européens où habitaient les communautés siciliennes, les maltaises, espagnoles et leurs cachets architecturaux assez uniques ont tant influencé sa peinture.
Toutes ces composantes ont joué un rôle clé dans sa formation, sa vision et son expérience artistique assez remarquable. Le plasticien croit fort en sa terre natale qui l’avait bercée depuis sa tendre enfance jusqu’à maintenant ” La Tunisie est ma terre inspiratrice “. Son choix était que la Tunisie, la Méditerranée et le Monde arabe demeurent ses ” plus grands enseignants. ”
Sa philosophie plastique se pratique en fuyant dans les secrets de la Vie de l’aube de l’histoire humaine et des civilisations successives ; de la période mésopotamienne, voire même néolithique jusqu’aux phéniciens.
” Quand je peins, mon esprit s’évade et voyage de l’Atlantique jusqu’au golfe Arabo-Persique sur l’île de Socotra au Yémen… “. Il va sur les traces humaines et les empreintes des voyageurs arabes, des érudits musulmans, des commerçants d’Afrique du nord et du Moyen-Orient.
Ce plasticien adoptant une vision de la pratique des arts plastiques en constante évolution, le réalisme dans les supports artistiques est devenu assez rare, surtout en une phase de la pratique artistique marquée par l’image virtuelle.
A l’ère du numérique et des grands changements, l’artiste est convaincu que l’image et le livre, demeurent des valeurs sûres qui traduisent la civilisation des peuples.