L’agrumiculture dans la région de Nabeul au Cap Bon est de plus en plus exposée à des menaces, dont le manque de précipitations et la succession de saisons sèches, engendrés par le changement climatique, le vieillissement des forêts d’orangers (l’âge varie entre 60 et 100 ans) et l’expansion urbaine qui a englouti entre 35 et 50 hectares des superficies cultivées d’agrumes dans les principales régions agrimucoles : Menzel Bouzelfa, Beni Khalled et Slimane.
La filière vit une rude épreuve, s’inquiète le président de l’Union régionale de l’agriculture et la pêche à Nabeul (URAP-Nabeul), Imed El Bey, cité par l’agence TAP. Lui-même producteur d’agrumes, il explique comment cette activité agricole stratégique et qui fait la vocation de la région de Nabeul fait face à des difficultés majeures d’ordre conjoncturel (manque de pluie et d’eau d’irrigation) et aussi d’ordre structurel.
“L’eau est vitale pour notre agriculture. Nous, agrumiculteurs, comme nos arbres, sommes asphyxiés et nous allons mourir de soif si on ne nous donne pas 15 millions de m3 sur un total de 38 millions de m3 des eaux du nord destinées aux agrumeraies”, a-t-il averti.
Et d’ajouter: “Notre calvaire est encore pire parce que l’Etat ne se soucie pas de la souffrance des agriculteurs et n’apporte pas des solutions et des stratégies pour sauver une filière stratégique qui fournit des fruits durant 6 mois et des recettes en devises considérables “.
Il invite l’Etat à investir dans le dessalement des eaux pour résoudre le problème d’irrigation et venir en aide aux agriculteurs qui sont des garants de la sécurité alimentaire.
Une récole en baisse de 35%
La récolte d’agrumes a été affectée par des problèmes d’ordre conjoncturel et structurel, a tenu à souligné le responsable, faisant état d’une baisse de cette récolte de 35% par rapport à la moyenne de production durant la dernière décennie. La production a ainsi baissé d’une moyenne de 400 mille tonne à 290 mille tonne.
La récolte d’agrumes dans la région de Nabeul qui contribue, selon ses dires, d’environ 75% à la production nationale, sera estimée à 200 mille tonnes, dont 65 mille tonnes de la variété Thomson, 55 mille tonnes de Maltaises et environ 32 mille tonnes de Clémentine en plus d’autres variétés, parmi 33 produits par la région.
Imed El Bey qualifie par ailleurs de “cauchemar” la régression de la superficie des agrumeraies, relevant que leur disparition devient de plus en plus une réalité amère à cause de l’expansion urbaine qui envahit les zones de production et du vieillissement des arbres qui touche environ 6 mille hectares.
Le responsable suggère, pour garantir la pérennité de cette activité agricole, la régénération des agrumeraies dans les zones classiques de production, l’incitation à la création de nouvelles superficies d’agrumes et la résolution du problème d’irrigation à travers les projets de dessalement des eaux de mer.
Les études nécessaires à la régénération des agrumeraies sont déjà réalisées, d’après lui. Ces études tablent sur une stratégie décennale moyennant un investissement de 60 millions de dinars, soit une moyenne de 6 millions de dinars chaque année.
Ces financements seront accordés aux agriculteurs sous forme de subventions ou de prêts à raison de 20 mille dinars par hectare pour sauvegarder les fermes agricoles et encourager la régénération.
Il faut donner la priorité aux superficies où les arbres sont les plus vieux, à son avis. Ces superficies sont estimées à 4 mille hectares.
La culture de 4 mille hectares d’agrumes à travers l’intensification correspond à environ 8 mille hectares avec une haute productivité estimée à 40 et 50 tonnes/HA, détaille le président de l’URAP-Nabeul.