Le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), Bilel Sahnoun, a souligné, lundi 14 novembre 2022, la nécessité d’introduire les entreprises publiques en Bourse pour diversifier l’offre boursière, relever la part de la capitalisation boursière globale à 40 ou 50% du PIB contre environ 20% actuellement et attirer les investisseurs étrangers.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège de la Bourse, pour présenter les principaux indicateurs boursiers pour les 10 premiers mois de 2022, Sahnoun a estimé qu’il s’agit là d’une décision souveraine, considérant qu’une introduction en Bourse des entreprises publiques permettra d’y améliorer le niveau de transparence et de renforcer la gouvernance.
Concernant l’évolution de 16,70% du Tunindex durant les dix premiers mois de 2022, alors qu’une tendance baissière est affichée par la majorité des bourses arabes et étrangères (Egypte : -7,1%, Casablanca : -18,8%, New York : -9,6%, Paris : -12,3%, Shanghai : -37,2%….), Sahnoun a déclaré que “contrairement aux autres Bourses du monde, la Bourse de Tunis ne reflète pas la réalité économique du pays, la Cote étant dominée par le secteur financier, puisque plus de la moitié du Tunindex est tirée par le secteur financier “.
Comme le secteur financier se comporte très bien actuellement, c’est lui qui tire vers le haut l’indice boursier, a-t-il dit. Le secteur bancaire est aujourd’hui apprécié par les investisseurs pour trois facteurs essentiellement. Le premier facteur, c’est la politique monétaire et plus précisément l’augmentation des taux qui permet une amélioration des marges des banques. Le deuxième facteur c’est la qualité des risques que prennent les banques et la part importante du risque souverain (émissions de l’Etat : bons de trésor et emprunts nationaux) qui représente 20% du total bilan des banques. Ce risque rentable et rémunérateur contribue fortement à l’amélioration des résultats des banques, a-t-il poursuivi.
Le troisième facteur est relatif à la politique de change. En termes de réserves en devises, on est passé d’une couverture d’environ 140 jours d’importation au début de l’année à environ 100 jours actuellement. On est sur un trend où la demande sur la devise est supérieure à l’offre. Laquelle situation pousse les banques à anticiper et cette anticipation a un effet sur le spread bancaire. Ces trois facteurs font que l’indice bancaire a évolué de 36% depuis le début de l’année et c’est ce qui explique l’engouement des investisseurs pour ce secteur.
Interrogé sur l’impact en termes d’introduction en Bourse de l’arrêté du ministre des Finances publié en mai 2022 pour faciliter l’accès des PME et élargir le nombre des sociétés cotées sur le marché alternatif, le directeur général de la Bourse a déclaré : “je suis frustré d’annoncer qu’aucun dossier d’adhésion n’a été présenté depuis. On pensait que nos PME ont besoin de lever des fonds, qu’elles manquent de fonds propres, qu’elles ont du mal à accéder au financement bancaire et qu’elles n’attendaient que cet arrêté qui est venu simplifier les procédures d’introduction pour faire le pas, mais c’est malheureusement le désert total “. Eh ben, ce n’est pas le cas.
A ce titre, Sahnoun reproche surtout aux banques, aux professionnels du capital investissement et aux intermédiaires en Bourse, qui connaissent le mieux les besoins réels des PME, de n’avoir pas assez communiqué sur les avantages d’une introduction sur le marché alternatif pour les PME nationales. “Une bonne communication dans ce sens aurait pu favoriser l’introduction d’un bon nombre de PME sur ce marché, mais cette communication a malheureusement fait défaut”.