La croissance économique dans la région de l’Afrique du Nord se situera à 4,5% en 2022 et aux alentours de 4,2% en 2023, indique l’économiste régionale pour l’Afrique du Nord à la Banque africaine de développement (BAD), Audrey Verdier-Chouchane, lors d’un webinaire organisé par le Bureau régional de la BAD, mercredi 16 novembre 2022, à l’occasion du lancement de l’édition 2022 du rapport “Perspectives économiques en Afrique du Nord”.
Placé cette année sous le thème ” Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste”, ce rapport offre une vue d’ensemble des économies nord-africaines, en proposant une approche régionale du développement.
Le mal des économies nord-africaines
Chouchane rappelle que les économies nord-africaines font face, ces dernières années, à plusieurs difficultés, dont l’aggravation du déficit des comptes courants, dont la moyenne est estimée à 4,1% dans la région, et aussi du déficit budgétaire, notamment dans les pays où les produits alimentaires et énergétiques sont subventionnés par l’Etat, à l’instar de la Tunisie, l’Algérie et la Libye, et ce au vu de la flambée des prix de ces produits à l’échelle internationale.
Des économies plus résilientes…
Toutefois, l’économiste note que l’Afrique du Nord est la région la plus résiliente, par rapport aux autres régions du continent africain, face aux changements climatiques, malgré le manque de financements alloués à cette problématique.
En effet, “l’enveloppe mobilisée durant la période 2010-2020 au profit de la région pour faire face aux changements climatiques, explique-t-elle, n’a pas dépassé les 3,1 milliards de dollars”, estimant que “l’ensemble des besoins financiers pour la décennie 2020-2030, devra atteindre les 360 milliards de dinars”.
Les trois grands défis de l’Afrique
De son côté, Emmanuel Pinto-Moreira, directeur des économistes-pays, a fait savoir que l’Afrique fait face à trois grands défis.
Il s’agit, primo, de l’inflation, qu’il a qualifiée de “phénomène mondial, engendré, essentiellement, par le dérangement de chaînes d’approvisionnement, durant la période de propagation de la pandémie, la guerre russo-ukrainienne qui a entraîné l’envolée des prix des céréales, la hausse de la demande globale dans les quatre coins du monde, et le cercle vicieux “hausse des salaires-hausse des prix”, qui s’est installé dans la majorité des pays “.
Secundo, l’endettement, aggravé par les politiques budgétaires inadéquates adoptées par les gouvernements africains. “L’endettement a dépassé les 70% du PIB global du continent en 2021”, a-t-il précisé, considérant les mécanismes mis en place pour atténuer cette situation, que ce soit à l’échelle locale ou mondiale, n’ont pas prouvé leur efficacité.
Tertio, les changements climatiques, qui impactent de plus en plus le secteur agricole “bien que le continent n’est responsable que de 4% des émissions de carbone à l’échelle mondiale”.
Dans ce cadre, les deux responsables ont souligné l’impératif de mobiliser les moyens financiers nécessaires afin d’aider les pays africains à surmonter les répercussions des changements climatiques et à réussir une transition vers un nouveau modèle de développement durable, et ce en investissant davantage dans les énergies renouvelables (solaire, éolienne…).
Ils recommandent, aussi, de favoriser le développement du secteur privé, afin d’assurer la relance de la croissance, qui demeure en berne ces dernières années, et de favoriser la création de l’emploi, surtout au profit des jeunes diplômés.
Par ailleurs, ils préconisent de mobiliser la dette pour financer les investissements productifs, ce qui permettra d’impulser une croissance économique soutenable à long terme.