Les gouvernements successifs après 2011 n’ont pas réussi à rompre avec le modèle de développement suivi depuis des décennies dans le gouvernorat de Gafsa où plusieurs délégations dépendent fortement des secteurs des phosphates et des engrais.
Pire encore, ces gouvernements n’ont pas été en mesure de maintenir les niveaux de production enregistrés avant 2011 où la Tunisie était classée parmi les importants producteurs et exportateurs de phosphate et d’engrais à l’échelle mondiale.
En effet, la production annuelle de phosphate commercial de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a diminué de moitié au cours de la dernière décennie, ne pas dépassant une moyenne annuelle de 3,5 millions de tonnes pendant la période allant de 2011 à 2021 contre 8 millions de tonnes en 2010.
Pareil pour la production d’engrais, notamment le triphosphate raffiné dans les unités du Groupe chimique tunisien (GCT), qui a fortement régressé passant de 400 000 tonnes par an avant 2011 à 124 000 tonnes en 2020 et 130 000 tonnes en 2021.
Par ailleurs, et selon les données de l’INS, le taux de chômage à Gafsa figure parmi les plus élevés au niveau national et a atteint 30% dans les régions du bassin minier où 45% des sans-emploi sont des diplômés du supérieur, un résultat attendu à cause de la non diversité du tissu économique, a estimé le coordinateur du Forum économique et Social (section du bassin minier), Rabeh Ahmadi dans une déclaration à l’Agence TAP.
Sur un autre plan, des études scientifiques menées par l’URT et le Forum économique sur la situation environnementale dans la région ont révélé une forte aggravation de la pollution industrielle et atmosphérique et une détérioration de la situation environnementale en raison des grandes quantités de déchets et résidus provenant du lavage du phosphate et qui ont causé des dommages importants aux ressources naturelles, en particulier l’eau et le sol.
Face à cette situation, le secrétaire général de l’URT de Gafsa, Mohamed Miraoui, a appelé à accélérer la réalisation de l’étude sur les impacts environnementaux liés à la production des phosphates et des engrais, une étude qui a été annoncée depuis 2015.
De son côté, le commissaire régional au développement à Gafsa a mis l’accent sur le problème de non régularisation de la situation d’un grand nombre de terres domaniales, ce qui a entravé la promotion des investissements agricoles dans la région qui occupe le 22e rang sur 24 gouvernorats, en termes d’indice d’attraction des investissements estimé à 2,12%, d’après les statistiques de l’Institut arabe des chefs d’entreprise.
Ainsi, le manque des projets dans la région et les taux de chômage croissants ont provoqué une tension auprès des habitants qui réclament le droit à l’emploi, au développement et à une vie décente, et ont été à l’origine de déclenchement de plusieurs mouvements de protestation ayant généré d’importantes répercussions sur la régression du volume de production des phosphates et des engrais.
D’après la même source, la vision stratégique et les programmes de développement pour la période 2023-2025 dans le gouvernorat de Gafsa ont pris en compte tous ces problèmes, ajoutant que l’effort est axé sur la diversification du tissu économique pour ressusciter les grands projets, stimuler l’investissement et moderniser les moyens de transport des phosphates et engrais.
De ce fait, les moyens de répondre aux aspirations des habitants et d’identifier des solutions efficientes aux problèmes que connait la région seront au centre des programmes électoraux des 16 candidats qui se sont présentés aux prochaines élections législatives (17 décembre prochain) dans le gouvernorat de Gafsa qui compte quatre circonscriptions électorales, avec 88 618 électeurs inscrits au registre électoral.