La grande réforme dans le secteur du cinéma passe par la réforme du cadre législatif. En parallèle une véritable autonomie du Centre du cinéma et de l’image (CNCI) s’avère urgente pour une institution qui demeure sans véritables prérogatives.
Tel est le résumé général d’une journée de débat ouverte, ce vendredi 25 novembre, à la Cité de la Culture sur le cinéma tunisien et les obstacles qui entravent la bonne marche de ce secteur en pleine expansion.
Plusieurs professionnels du 7ème art ont assisté à ce nouveau rendez-vous organisé par le ministère des Affaires Culturelles dans le cadre des débats sur la réalité et les horizons du cinéma tunisien.
Les débats se sont poursuivis sur toute la journée en présence des producteurs et réalisateurs comme Abdellatif ben Ammar, Lotfi Ayouni, Abdelaziz ben Mlouka, Mohamed Ali ben Hamra, Mohamed Challouf, Lassaad Goubantini et Habib Mestiri.
Il y a eu des interventions des représentants du ministère des Affaires culturelles, dont Mounira ben Halima, chargée de la direction générale des arts scéniques et audiovisuels, Lassaad Sayed, chef de cabinet de la ministre, Khaled Azek, chargé de la gestion du Centre national du Cinéma et de l’Image (CNCI).
Mounira ben Halima a rappelé la précédente rencontre organisée avec les professionnels du cinéma qui se renouvelle dans le cadre ” des efforts communs pour la promotion du cinéma tunisien, notamment le cadre législatif et la mise en place d’une industrie cinématographiques nationale “.
Elle a évoqué une journée-débat pour examiner ” les questions importantes et certaines problématiques qui se sont accumulées sur des décennies ” dans un secteur qui est régi par des textes de loi et un cadre législatif mais qui n’ont pas été actualisés depuis leur promulgation.
Lassaad Sayed a fait savoir que cette journée ” est ouverte à toute les propositions constructives ” qui sont au service du secteur dont la proposition de projets de loi qui reflètent la réalité du cinéma national ou s’inspirant d’autres expériences dans le Monde.
Il a assuré que “toutes les propositions seront transmises à la ministre des Affaires Culturelles “.
” Cette journée qui est la vôtre, a-t-il dit aux cinéastes présents, constitue une occasion pour rapprocher les différentes positions en vue de surmonter ensembles, -ministère et professionnels-, tous les défis.
Il a rappelé la célébration du centenaire du cinéma tunisien qui malgré les obstacles a réussi à bien se positionner à l’intérieur comme à l’extérieur du pays grâce aux cinéastes et au soutien du ministère de la culture depuis sa création. Le ministère était souvent un partenaire clé dans la production des films et leur promotion sur le plan national et international, a encore dit.
A l’aube du 2ème centenaire du cinéma tunisien, il a souhaité un nouveau départ pour le cinéma national à travers une vision d’avenir qui met le développement technologique et audiovisuel fulgurants au cœur de ses actions.
Pour Khaled Azek, le cinéma tunisien est un grand patrimoine qui risque de diminuer, si l’on n’œuvre pas à le développer. Partant de la volonté commune, administration et professionnels, l’ambition est de parvenir à relever les défis actuels et futurs dans toute la chaîne de production cinématographique, de la subvention des projets jusqu’à la phase de distribution.
Outre l’avis des cinéastes de l’ancienne génération, le responsable au CNCI a mentionné l’apport de la jeune génération des cinéastes en vue d’aider à la bonne marche du secteur et à préserver les acquis du cinéma national.
Le producteur Abdellatif ben Ammar a estimé que la première réunion constructive sur la même question du cinéma tunisien remonte à 2010. ” On a mis près de douze ans pour se rendre compte que les cinéastes doivent être à la fois de vrais cinéastes et des cinéastes militants “, a-t-il dit.
Il a défendu l’idée d’un cinéma tunisien militant le qualifiant d’” un courant et un mouvement ” dans sa richesse et sa diversité qui ne peut être fait dans l’individualité. A son avis, le cinéma nécessite quatre éléments fondamentaux : le cinéaste, le producteur, le cadre institutionnel et le public.
Ben Ammar revendique ” la complicité de l’Etat, du cinéaste, du producteur pour redynamiser la cinéphilie générale du public tunisien qui lui seul peut amener à l’existence d’un cinéma tunisien de valeur “.
Le développement du cinéma tunisien repose surtout sur le rôle de la critique en vue d’édifier pour un cinéma d’intelligence qui soit le résultat d’un effort collectif, a préconisé le doyen des producteurs tunisiens.
Le producteur Mohamed Ali ben Hamra qui était derrière cette initiative de débat et de réflexion, a évoqué le Centre du cinéma et de l’image (CNCI) placé sous la tutelle du ministère des Affaires culturelles. Il a rappelé que le CNCI, créé il y a près de 11 ans, est doté d’une direction générale d’un conseil d’établissement et d’un conseil des orientations stratégiques et de prospection dont le rôle est de mettre en place la stratégie générale dans le secteur du cinéma (production, distribution, exploitation, promotion..).
A cet effet, il a qualifié ” un manque de consensus dans la représentativité actuelle du conseil ce qui n’offre pas la possibilité de développer le secteur du cinéma et de savoir les besoins réels des professionnels “.
La refonte des mécanismes d’aide, la restructuration des institutions publiques en charge du cinéma et une véritable implication des professionnels sont parmi les priorités que tous les intervenants souhaitent atteindre avec l’appui des institutions gouvernementales.