La transformation est une démarche Full process. Elle se distingue par sa globalité. Explication avec Ahmed Cherif, président du Club DSI-Tunisie.
WMC : Comment apprécier la notoriété du forum en Tunisie ? S’est-il construit une profondeur africaine ?
Ahmed Cherif : Le Forum en est à sa huitième édition, je pense qu’il a dépassé sa crise de jeunesse et prouvé sa viabilité. Il faut reconnaître que le concept n’est pas resté dans une physionomie figée, il possède un format évolutif. C’est ce qui, entre autres éléments, lui procure une certaine attractivité.
La notoriété du Forum se mesurerait, selon moi, par deux aspects. Le premier serait le panache du concept, l’éclat de ses travaux et, par conséquent, son audience et sa portée.
Le Comité d’organisation a dû refuser des offres de sponsoring cette année. Qu’est-ce que vous dites de ça ? Et en matière d’affluence, l’événement est devenu un “Classique“ de l’agenda événementiel africain.
A titre d’exemple, l’an dernier nous avons accueilli environ 80 visiteurs issus de prés de 10 pays du continent. Cette année nous sommes heureux d’accueillir un peu plus du double, accourus de 15 pays. Et nous comptons, pour la première fois, un contingent de pays anglophones. C’est là un cas de franchissement d’espèce qui nous conforte dans notre démarche.
Outre cela, nous avons contribué à créer des “Clubs DSI“ dans une dizaine de pays répartis sur le continent. Et dans la foulée, nous avons fait émerger un Network continental avec la Confédération des Clubs DSI africains.
Pour l’instant, elle ne dispose pas d’une structure administrative ; elle fonctionne en réseau.
Le slogan du 8ème forum est “Transform to survive“. Est-ce un cri du cœur ou un cri de guerre ?
Je serais tenté de répondre par les deux à la fois. En réalité, ce choix est conséquent. L’an dernier nous avons choisi pour thème “La crise, accélérateur de la transformation“. En effet, nous avons observé que la transformation était la riposte idéale à la crise. D’ailleurs, beaucoup de chantiers longtemps restés en stand-by ont avancé.
A l’examen, on relève que les pays avancés ont beaucoup progressé sur cette voie, creusant davantage la fracture digitale. Il était naturel d’appeler à aller plus vite en insistant sur le caractère existentiel, dirais-je de la démarche de transformation. D’où le slogan du Forum pour cette huitième édition.
Vous conviendrez avec moi que la transformation digitale est un choix incontournable. J’appellerais votre attention sur la globalité de l’approche. Il ne s’agit pas de transformer des séquences isolées.
Prenons une hypothèse de travail au hasard. Il ne s’agit pas de remplacer une prestation papier par un interface sur le Web. Cette fois il s’agit d’une transformation Full process, c’est-à-dire d’une digitalisation complète de tous les aspects de l’exploitation de l’entreprise.
Vous présentez les DSI comme les “Samouraïs“ de la transformation. Mais ont-ils le pouvoir de faire le travail, seuls ?
La réponse ne fait pas de doute, les DSI sont appelés à conquérir le Top Management à leur cause. Les DSI occupent une fonction support. Pour réaliser le basculement vers la transformation, il leur faut accéder au Comité exécutif (COMEX).
Le Forum est un espace de débat d’idées doublé d’un Salon professionnel. Une formule payante ?
Je dirais que c’est une formule optimale. Le Forum permet de cogiter sur la façon de mieux réussir la transition, mettant ensemble experts en technologies et décideurs.
Par ailleurs, il met les fournisseurs de solutions tunisiens en synergie avec les décideurs venus du reste des pays africains, et cela augure de flux d’affaires. L’expertise tunisienne est recherchée sur le reste du continent. Et c’est gagnant-gagnant !
La transformation nécessite d’abord un plan stratégique.
Oui, absolument ! Dans la perception commune, on assimile transformation à informatisation de séquences isolées les unes des autres pour répondre à des ‘’bogues’’ d’étranglement, dirons-nous. Dans le cas d’espèce, il s’agit de transformer tout le schéma d’activité, c’est-à-dire que la physionomie de la chaîne de valeur doit être modifiée en profondeur. Et cela nécessite une vision d’ensemble, qui soit engageante.
Dit autrement, cela donne quoi ?
Je dirais que transformer, c’est s’inscrire dans une logique de rupture. Uber, à titre d’exemple, est un cas typique de transformation digitale. Avec le concept Uber on a un exemple de ce que doit être une plateforme “Grand Public“.
Lors du forum, l’offre en matière de cybersécurité domine les autres domaines, telles l’IA (Intelligence artificielle) ou l’IOT (Internet of things). Quelle explication à cela ?
Je pense que c’est l’urgence de la situation actuelle. En prenant le tournant de la transformation, il est naturel que l’on se soucie de protection. La cybersécurité empêche que les systèmes soient parasités et cela protège le business.
La Mauritanie est le pays à l’honneur pour la présente édition. Quelles raisons pour ce choix ?
Chaque année nous mettons en avant l’expérience d’un pays quand elle se distingue par sa pertinence ou son originalité. Il y a deux ans, la Côte d’Ivoire était l’invitée d’honneur. L’an dernier c’était le Mali. Et cette année c’est la Mauritanie.
L’expérience mauritanienne est lancée et le pays s’est doté d’un ministère entièrement dédié à la transformation numérique. Nous souhaitons examiner la démarche de la Mauritanie et relever ses aspects pertinents.
Propos recueillis par Ali Abdessalam
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