Les objectifs en matière de climat, de biodiversité et de dégradation des sols seront hors de portée si les investissements dans des solutions fondées sur la nature n’augmentent pas rapidement pour atteindre 384 milliards d’USD par an d’ici 2025, soit plus du double des 154 milliards d’USD par an actuels, indique un rapport du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), rendu public, jeudi, 1er décembre 2022.
Les flux négatifs pour la nature provenant de sources publiques, qui sont 3 à 7 fois plus importants que les investissements dans des solutions basées sur la nature, doivent être progressivement supprimés, réaffectés ou réformés.
Publié une semaine avant que les gouvernements du monde entier ne se réunissent dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, au Canada pour adopter un accord historique visant à stopper et à inverser la perte de la nature d’ici 2030, ce rapport constate également, que les capitaux privés ne représentent que 17 % du total des investissements dans les solutions fondées sur la nature.
“Il faudra que ce pourcentage augmente de plusieurs ordres de grandeur dans les années à venir pour que l’on puisse enfin commencer à exploiter le pouvoir de la nature, afin de réduire et d’éliminer les émissions, de restaurer les terres et les paysages marins dégradés et d’inverser la tendance à la perte de biodiversité”. Les acteurs du secteur privé devront combiner “net zéro” et “nature positive”.
Le rapport réitère que “si nous voulons limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5°C, mettre un terme à la perte de biodiversité, atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), des mesures spectaculaires et urgentes sont nécessaires en matière de réduction des émissions, de conservation de la nature et de consommation et production durables”.
Bien que les solutions fondées sur la nature offrent la possibilité de relever toute une série de défis de manière intégrée, les flux financiers en faveur des Nature Based Solutions (NbS) ne sont actuellement, que de 154 milliards de dollars par an, ce qui représente moins de la moitié des 384 milliards de dollars par an d’investissements dans les NbS nécessaires d’ici 2025 et seulement un tiers des investissements nécessaires d’ici 2030 (484 milliards de dollars par an).
“La science est indéniable. Dans le cadre de notre transition vers des émissions nettes nulles d’ici 2050, nous devons également réorienter l’ensemble de l’activité humaine afin d’alléger la pression sur le monde naturel dont nous dépendons tous”, a déclaré Inger Anderson, directrice exécutive du PNUE.
“Cela exige que les gouvernements, les entreprises et la finance augmentent massivement les investissements dans les solutions fondées sur la nature, car les investissements dans la nature sont des investissements pour assurer l’avenir des générations futures.”
Pour lutter immédiatement contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la dégradation des sols, les investissements mondiaux actuels doivent augmenter de 230 milliards de dollars par an jusqu’en 2025.
Le secteur privé doit augmenter considérablement, ses investissements par rapport aux niveaux actuels de 26 milliards de dollars par an (17%). Pour ce faire, il doit augmenter les investissements dans les chaînes d’approvisionnement durables, réduire les activités ayant un impact négatif sur le climat et la biodiversité et compenser les impacts inévitables par des marchés naturels à haute intégrité, payer pour les services écosystémiques qu’il utilise et investir dans des activités positives pour la nature.
En effet, le rapport du PNUE ” Etat des finances pour la nature 2022″, une version actualisée d’un premier rapport, a été élargie aux écosystèmes marins, concluant qu’une petite part, 9%, des investissements totaux dans les ” NbS ” ciblent les solutions basées sur la nature.
De manière disproportionnée, l’océan représente plus de 70% de la surface de la Terre et absorbe environ 25% du total des émissions de CO2, ce qui en fait l’un des plus grands puits de carbone au monde, tout en fournissant 17% des protéines de la planète.