Près d’un travailleur sur deux est employé de manière informelle en Tunisie, révèle le rapport de la Banque mondiale sur le ” Paysage de l’emploi en Tunisie “. Selon ce rapport, le taux d’informalité le plus élevé est observé parmi les non salariés.
En 2019, parmi près de 2,80 millions de travailleurs employés dans le secteur privé, figurent environ 1,55 million de travailleurs informels, avec un taux d’informalité moyen estimé à 43,9%.
La population en âge de travailler est estimée à 8,7 millions de personnes, et environ 47% sont actives sur le marché du travail, tandis que les 53% restants ne sont ni employés ni à la recherche d’un emploi.
En effet, plus d’une personne sur deux en âge de travailler n’a pas d’emploi. La population en âge de travailler (âgée de 15 ans et plus) est estimée à 8,7 millions de personnes, et environ 47% sont actives sur le marché du travail, tandis que les 53% restants (soit 4,6 millions de personnes) ne sont ni employés ni à la recherche d’un emploi.
Parmi les inactifs, plus de 4 sur 5 (3,7 millions de personnes) ne sont pas inscrits pour effectuer des études. Le taux de participation au marché du travail en Tunisie est supérieur à la moyenne de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (43,2% en 2017, à l’exception des pays à revenu élevé), mais assez faible par rapport à la moyenne des pays à revenu intermédiaire (64,9% en 2017).
sur les 3,5 millions de travailleurs salariés, environ 750 000 sont employés dans l’administration publique ou dans des entreprises d’Etat
Mais pour Marco Ranzani, économiste principal à la Banque mondiale, la part du travail informel en Tunisie est inférieur à la moyenne des Etats arabes, à l’exclusion des pays à revenu élevé. Le taux d’informalité est considérablement plus élevé chez les travailleurs non salariés (87,7%) que chez les travailleurs salariés (29,0%). Le taux est estimé à 72% chez les employeurs et à 92% chez les travailleurs indépendants.
Présenté mardi 6 décembre 2022 a Tunis, le rapport révèle également que sur les 3,5 millions de travailleurs salariés, environ 750 000 sont employés dans l’administration publique ou dans des entreprises d’Etat, ce qui représente environ 21% de l’emploi total. Le reste de la population active travaille comme employeur (7%), comme travailleur indépendant (16%) ou comme travailleur familial non rémunéré (3%).
moins de 3 femmes sur 10 participent au marché du travail (26,5% en 2017).
En se basant notamment sur les statistiques élaborées par l’Institut nationale de la statistique, le rapport montre une participation des femmes au marché du travail extrêmement faible, en particulier chez les femmes à faible niveau d’instruction.
Ainsi, moins de 3 femmes sur 10 participent au marché du travail (26,5% en 2017). Avec 41,8 points de pourcentage en 2017, l’écart hommes-femmes quant au taux de participation au marché du travail est frappant. Bien que la participation des femmes au marché du travail soit plus élevée d’environ 8 points de pourcentage en Tunisie que la moyenne de cette région du monde (exclusion faite des économies à revenu élevé [18% en 2017]), elle est environ deux fois moins élevée que la moyenne des pays de l’OCDE (52,2 % en 2017) et environ 20 points de pourcentage en dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire (45,2% en 2017).
Le taux de participation au marché du travail des femmes tunisiennes jamais scolarisées est exceptionnellement bas. Leur taux de participation au marché du travail en 2017 était estimé à 8,7%, contre 14,2% en 2006.
Les questions de l’emploi sont des questions intersectorielles qui touchent beaucoup de thématiques
Dans une déclaration à l’agence TAP, Alexandre Arrobio, représentant de la Banque mondiale en Tunisie, estime que les questions de l’emploi sont intimement liées à la croissance, particulièrement en Tunisie. Il explique que quelqu’un qui a une formation supérieure a une prime de 26% sur l’autre qui n’en a pas, et même celui qui a une formation scolaire a une prime de 12% par rapport à ceux qui n’en ont pas.
“Les questions de l’emploi sont des questions intersectorielles qui touchent beaucoup de thématiques”, indique Arrobio qui rappelle que “la principale recommandation implicite de cette étude serait de soutenir une croissance stable continue et inclusive”.
Pour Arrobio, la croissance économique limitée et assez plate qui a marqué la dernière décennie a conduit à une certaine élasticité entre l’emploi et la croissance. Il affirme que l’étude a révélé un taux de chômage très élevé chez les jeunes diplômés universitaires, particulièrement ceux qui ne relèvent pas des spécialités d’ingénierie ou de techniciens supérieur.
Selon Marco Ranzani, la croissance économique faible a été la première raison de la création insuffisante d’emplois, et l’élasticité observée entre l’emploi et la croissance indique qu’un taux plus élevé de croissance aurait généré un taux plus élevé de création d’emploi.