Pour une initiative humanitaire originale, c’en est vraiment une. En cette période de précarité extrême, une ONG caritative américaine a eu l’idée de monter une grande surface approvisionnée à partir des invendus des hypermarchés et de la dédier aux plus démunis. Ces derniers peuvent s’y procurer, gratuitement, toutes sortes de produits nécessaires.
Les ONG tunisiennes peuvent s’en inspirer pour en faire autant. L’enjeu est énorme lorsqu’il s’agit de préserver la dignité de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants pauvres qui sont obligés, particulièrement dans les grandes villes, de fouiller dans les poubelles pour chercher de quoi manger.
Un exemple pour les ONG tunisiennes ?
Cette opportunité de nourrir les communautés démunies à la faveur de produits sur le point d’arriver à échéance est possible en Tunisie.
Des ONG peuvent établir un partenariat avec les grandes enseignes de la distribution en Tunisie pour mettre à la disposition des communautés démunies des produits, dont la date de péremption est proche.
La Tunisie compte quatre grandes enseignes de la grande distribution : Géant, Carrefour, Monoprix et Magasin général. Ces enseignes, qui assurent 20 % du commerce du pays, ont des grandes surfaces partout sur le territoire national.
A titre indicatif, l’enseigne Monoprix compte à elle seule une centaine de magasins répartis sur l’ensemble du territoire.
Impuissant et incapable de prendre en charge ces communautés de pauvres à cause de la crise multiforme qui sévit dans le pays, l’actuel gouvernement se devrait au moins d’aider à la mise en place de ce réseau de solidarité et de fournir la logistique.
Concrètement, il peut fournir dans les points noirs de pauvreté des chapiteaux et accorder des facilités diverses aux ONG qui s’en occupent ou manifestent de le faire.
Inscrire ces initiatives dans le projet national de lutte contre le gaspillage
Mieux, à travers cette assistance, le gouvernement peut communiquer pour sensibiliser à l’enjeu de lutter contre le gaspillage et les pertes des produits alimentaires. Car le phénomène est en train de prendre de plus en plus de l’ampleur.
Selon l’Institut national de la consommation (INC), près de 680 000 quintaux de pain, soit plus de 10% du pain fabriqué dans les boulangeries, d’une valeur de 100 millions de dinars (MDT), sont annuellement jetés dans les poubelles.
Le gaspillage touche également 12% des aliments préparés dans les hôtels et 16% des repas dans les restaurants.
Quant aux grandes surfaces, elles se débarrassent de l’équivalent de 2,8 millions de dinars d’aliments.
C’est le gaspillage alimentaire des familles tunisiennes qui préoccupe le plus. Il est estimé à 572 MDT par an, soit 5% des dépenses totales alimentaires, selon les chiffres publiés par l’Institut national de la consommation. Ce chiffre est d’autant plus alarmant que le nombre de personnes sous-alimentées s’élèverait à 500 000.
Parmi les ONG qui peuvent jouer un rôle dans la sensibilisation aux enjeux de la réduction de ce gaspillage, figure le réseau des 18 ONG et structures professionnelles tunisiennes qui ont signé, en 2019, une charte pour la lutte contre le gaspillage alimentaire avec comme principal objectif : assurer un suivi continu de la valeur réelle du gaspillage alimentaire en Tunisie à travers la réalisation d’études et de recherches dans ce domaine.
Des applications anti-gaspillage, il en existe
Pour mener à bien sa tâche, ce réseau peut se faire assister par plusieurs applications numériques telles que Foodealz, «Karma», «Too Good To Go», «Phenix»… Ces applications ont pour objectifs de lutter contre le gaspillage alimentaire, d’éviter ses répercussions économiques et écologiques et de proposer des «deals» aux utilisateurs qui bénéficient de prix avantageux pour des invendus de restaurants, magasins et cafés, de manière à ce qu’ils ne soient pas gaspillés.
Cela pour dire au final que la valorisation, à l’échelle nationale, des produits alimentaires qui sont sur le point d’arriver à échéance constitue une piste à explorer, non seulement pour nourrir les démunis mais également pour réduire le gaspillage et les pertes des produits alimentaires.