La décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT) d’augmenter le taux d’intérêt directeur était attendue afin de contrecarrer l’inflation, selon l’expert en économie et en marchés financiers, Moez Hadidane. Toutefois, estime-t-il, que cette décision ne sera pas totalement efficace, car elle aura des impacts sur l’endettement et l’investissement.
Dans une déclaration accordée à l’Agence TAP, le spécialiste ajoute que la décision du Conseil d’administration de la BCT d’augmenter le taux d’intérêt directeur à 8% vise à réduire la différence entre le taux d’inflation -qui se situe à 9,8% en novembre 2022- et le dernier taux d’intérêt directeur (7,25%), en instituant une hausse de 75 points.
La BCT avait la possibilité d’augmenter davantage le taux d’intérêt directeur, qui constitue un instrument d’intervention de la BCT pour contrecarrer l’inflation, rappelle Hadidane, rappelant que cette décision s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du Fonds monétaire international (FMI).
Les impacts néfastes de cette décision seront ressentis par les entreprises économiques et les personnes morales sur le court terme
Cependant, il pense que cette augmentation ne sera plus efficace car l’inflation en Tunisie ne provient pas de la demande, mais s’explique par d’autres facteurs, dont la hausse du coût de production, des prix de certains produits importés et la baisse du cours du dinar.
Les impacts néfastes de cette décision seront ressentis par les entreprises économiques et les personnes morales sur le court terme, plus que sur la maîtrise de l’inflation, a-t-il poursuivi.
L’Institut d’émission a augmenté le taux d’intérêt directeur de 75 points de base, suite aux prévisions qui tablent sur la poursuite de la tendance haussière de l’inflation au cours de l’année 2023.
Pour Hadidane, le taux d’intérêt sur le marché monétaire devrait encore augmenter au niveau de 8% et plus à la fin du mois de janvier et début février 2023.
Le taux d’intérêt sur le marché monétaire aura des répercussions négatives sur les entreprises ayant des crédits bancaires et des difficultés en matière de liquidité, d’autant plus que l’Etat œuvre à obtenir des financements.
le taux d’intérêt sur le marché monétaire augmentera à plus de 8% à fin janvier et début février 2023
La hausse du taux directeur aura, également, un impact négatif sur les personnes physiques qui ont contracté un prêt auprès des banques outre le ralentissement du rythme d’investissement privé notamment celui financé par les prêts bancaires, a estimé Hadidane.
Et de préciser que cette hausse touchera également l’Etat qui assumera l’impact du taux d’intérêt en émettant des bons de trésors sur le moyen terme ( 3 et 7 ans) ou le long terme (plus de 7 ans).
En résumé, Hadidane souligne que la hausse du taux directeur limitera la demande sur les prêts demandés par les entreprises afin de financer les opérations d’importation. Cette disposition est considérée par la BCT comme un outil qui permettra de limiter le déficit commercial et réduire les importations et sert l’intérêt du dinar.