Pour sa première activité en 2023, la Cinémathèque tunisienne organise, du 10 janvier au 4 février, un cycle autour de l’œuvre du maître japonais Kenji Mizoguchi, le Shakespeare du cinéma, intitulé “De la révolte aux songes”, avec au programme des projections et un master class.
Kenji Mizogushi décédé en 1956, a laissé quatre-vingt quatorze films dont plus de soixante sont définitivement perdus. En trente trois ans de cinéma, Mizogushi écrit dans l’édito Ikbal Zalila, n’aura cessé de sonder la souffrance humaine dans le Japon médiéval et contemporain. Dans cette société depuis toujours très fortement structurée par les différences de classe et de condition, Mizogushi a choisi de prendre parti pour la femme et de dénoncer l’oppression dont elle est l’objet, ce qui a fit de lui un cinéaste incontestablement engagé.
Défenseur de l’art…
Mizogushi prend parti avant tout pour l’art du cinéma dans un questionnement sans cesse renouvelé de la forme et dans l’affirmation d’un style singulier, inégalé dans son raffinement et sa subtilité, au delà des figures imposées des genres cinématographiques auxquels il s’est essayé -essentiellement le Jidai- geki (films d’époque implanté dans le Japon féodal) et le Gendai- geki (films sociaux).
Découverte pour les cinéphiles tunisiens
La rétrospective proposée sera l’occasion pour les cinéphiles tunisiens de découvrir en compagnie du Professeur Daniel Serceau, huit des dix derniers films de Mizogushi, tournés entre 1951 et 1956. C’est pendant cette période et à la faveur de films comme “Contes de la lune vague Après la pluie” (1953), “l’intendant sansho” (1954) et “les amants crucifiés” (1954) que Mizogushi est vu et reconnu en Europe comme un des cinéastes majeurs de notre temps.
Un master class avec Daniel Serceau sur “Le travail d’un film : Du scénario au découpage” est programmé le mercredi 11 janvier 2023 à 10h30 à la salle Sophie Golli à la Cité de la culture Chedli Klibi.
Daniel Serceau est Docteur d’Etat, professeur à l’université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. Il a travaillé comme directeur et programmateur de salles art et essai, assistant-réalisateur, réalisateur et critique. Outre de nombreux articles, il est auteur d’ouvrages sur Kenji Mizoguchi, Ousmane Sembène, Nicholas Ray, Jean Renoir, d’ouvrages sur la théorie du cinéma, le métier d’exploitant, le jeune cinéma français, l’école, un essai philosophique et un roman.