Il était temps ! L’UTICA ose enfin prendre position et crier haut et fort son indignation et sa colère. Cela faisait des années que les opérateurs privés étaient harcelés (quelquefois à raison, très souvent à tort), traités de tous les noms par nombre de ceux qui détiennent la destinée de la Tunisie entre leurs mains et humiliés par les syndicats, sans s’indigner fermement.
Des milliers d’entreprises ont fermé leurs portes, des dizaines de milliers traversent de grandes difficultés alors que la centrale patronale courbait l’échine observant la posture des singes de la sagesse. Cela ne pouvait plus continuer.
Trop, c’est trop ! Samir Majoul dénonce, dans un communiqué publié lundi 9 janvier 2023, les mesures prises dans le cadre de la loi des finances 2023, dévastatrice. « La loi de finances va épuiser encore plus le secteur privé et représente une sérieuse menace sur sa pérennité. Une loi sans vision qui accroît la perte de confiance en l’avenir ».
Déception…
On souhaitait une loi des finances œuvrant pour la relance économique, rétablissant la confiance et comprenant des incitations importantes pour l’investissement, la croissance et la création d’emploi. On s’attendait à des mesures appuyant les secteurs exportateurs.
Mais, affirme l’UTICA, la déception fut grande de constater que la loi de finances s’est traduite par la mise en place d’un arsenal de nombreuses dispositions injustes à l’encontre des entreprises.
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La décision de la Banque centrale de relever le taux directeur pour la maîtrise de l’inflation se traduira encore une fois par l’augmentation des taux d’intérêt et sera nuisible pour la compétitivité des entreprises tunisiennes en l’absence de mesures visant à pallier le relèvement des taux.
Des regrets…
L’UTICA, qui assure que toutes ses propositions ont été ignorées par les concepteurs de la loi de finances, déplore l’absence d’une vision économique et de plans de relance concrets et réalistes, ce qui aura un impact négatif sur le climat des affaires et des investissements en Tunisie. Elle s’étonne, aussi, de l’absence de mesures pour encourager les investissements et les exportations. Elle regrette la nonchalance de l’Etat face à la souffrance des petites et moyennes entreprises fortement affectées par la pandémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine.
L’instabilité législative et fiscale nuit aux affaires
La centrale patronale estime que le fait de perpétuer l’instabilité législative et fiscale modifiant les taux d’imposition, les taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et des retenues à la source sur le fournisseur, ainsi que l’augmentation de la pression fiscale à travers l’augmentation des cotisations sociales, tout ceci fragilisera encore plus un tissu entrepreneurial à la peine.
L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat attire l’attention des décideurs publics sur la complexité des mesures prises pour l’intégration du secteur informel dans l’économie formelle, difficiles à mettre en œuvre.
Elle juge également que la loi de finances 2023 approfondira la crise de confiance que traverse la Tunisie et appelle l’Etat à honorer ses dettes envers les opérateurs privés.
Hausse des pénalités de retard
Rappelons à ce propos que nombre de chefs d’entreprise, non payés par l’Etat, ont cependant été emprisonnés pour des chèques impayés. L’UTICA dénonce également la hausse des pénalités de retard recensées, la logique voulant que l’Etat commence à se l’imposer à lui-même en s’acquittant de ses dettes envers les opérateurs économiques.
La centrale patronale appelle en outre l’Etat à cesser d’emprunter aux banques commerciales, épuisant ainsi des ressources devant financer l’économie.
Attention à l’impôt sur la fortune immobilière
Par ailleurs, elle déplore la promulgation d’un autre impôt sur la fortune immobilière qui représente de réelles garanties apportées aux banques pour financer l’investissement. Elle rappelle qu’une grande partie des TRE (Tunisiens résidents à l’étranger) investissent dans l’immobilier en devises fortes. Le patronat attire toutefois l’attention des législateurs sur le fait que cette procédure, expérimentée dans certains pays, a conduit à la fuite des capitaux et au transfert des investissements vers les pays concurrents, en plus de porter atteinte à un secteur vital, qui est la construction avec tous ses composants.
Appel à la révision du code des investissements
L’UTICA, qui appelle à un programme urgent de sauvetage économique basé sur un certain nombre de réformes majeures dont la réalisation est aujourd’hui inévitable, souligne la nécessité de revoir le Code des investissements, qu’elle juge inadapté aujourd’hui à la réalité économique du pays.
Le communiqué de l’UTICA marque un tournant dans les positions de la centrale patronale, d’habitude plus diplomatiques veillant soigneusement à éviter les confrontations directes avec le gouvernement et les syndicats ouvriers.
La question brûlante est toutefois: Que feront les deux présidences : l’écouter ou l’ignorer ?
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