Compte tenu de la sensibilité de la conjoncture actuelle, le gouvernement a choisi d’entamer, à travers la loi de finance 2023, la mise en place des réformes majeures afin d’éliminer à la source toutes les défaillances constatées, tout en veillant à préserver la stabilité financière.
C’est ce qu’a déclaré la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia, qui intervenait au cours d’un séminaire, organisé par le Conseil des Chambres Mixtes, vendredi 13 janvier 2023.
Nemsia a saisi cette occasion pour rappeler que le gouvernement a formulé un projet de réformes global axé sur un programme social qui protège les catégories vulnérables, récompense le travail et crée de la richesse.
Issus d’une volonté nationale, ces axes ont été élaborés, a-t-elle tenu à souligner, par des compétences tunisiennes sur la base d’une nouvelle vision et d’une approche participative. Et que le programme en question a été présenté au Fonds monétaire international (FMI).
Les experts du FMI ont confirmé que ce programme est capable de faire sortir la Tunisie de la crise, de rétablir les équilibres des finances publiques, d’assurer la soutenabilité de la dette publique et de booster la croissance, a affirmé la ministre des Finances.
Tous les bailleurs de fonds
Le gouvernement et le FMI sont parvenus, en octobre 2022, à un accord au niveau des services du Fonds sur les politiques et les réformes économiques, a-t-elle fait savoir, précisant que tous les bailleurs de fonds ainsi que les institutions financières internationales, convaincus du programme de réformes, ont promis de contribuer à son financement.
Rationalisation des dépenses
Elle a rappelé, par ailleurs, que dans le cadre de loi de finances 2023, le gouvernement a adopté une démarche visant la rationalisation des dépenses publiques, tout en renforçant les capacités de résilience à la lumière de la récurrence des crises et chocs.
Plusieurs axes…
Les réformes concernent plusieurs axes et visent à contrôler progressivement les équilibres de la finance publique, à offrir des opportunités d’investissement, à stimuler la croissance, à soutenir l’inclusion dans toutes ses dimensions et à consacrer le développement durable, a estimé la ministre.
Réforme de la fiscalité…
Concernant la fiscalité, le programme consacre tout un pilier à la refonte du système fiscal à travers la consolidation de la transparence, la lutte contre l’évasion fiscale et l’intégration de l’économie informelle, a-t-elle conclu.
Loi de finances 2023 : les griefs des Chambres
De son côté, le président de la Chambre de commerce tuniso-belgo-luxembourgeoise (CCTBL) et expert-comptable, Kaïs Fekih, a estimé que la loi de finances 2023 doit être mise sous le signe de la pression budgétaire.
“Malheureusement, considérant qu’il y a une pression au niveau des ressources budgétaires, le gouvernement essaye de développer ses ressources à travers l’augmentation des sanctions envers les retardataires d’imposition”, a-t-il expliqué.
Secteur informel et sanctions: les deux poids deux mesures
Les autorités œuvrent également à intégrer les acteurs du secteur informel qui opèrent dans le régime d’autoentrepreneur, en leur donnant des avantages pour intégrer le système formel, a-t-il rappelé. L’expert a qualifié cette démarche de “déséquilibrée”, car les avantages accordés à l’informel sont exagérés par rapport aux sanctions imposées aux acteurs du secteur formel, dit-il. “On a l’impression qu’il y a deux poids deux mesures, alors qu’on s’attendait à un peu d’équilibre compte tenu de la conjoncture mondiale difficile “, a-t-il déploré.
Fekih a, dans ce sens, pointé du doigt la forte imposition du capital, une démarche considérée par le gouvernement comme conjoncturelle. Or les investisseurs souhaitent une certaine stabilité à ce niveau.