L’opposition en Tunisie, particulièrement le parti islamiste Ennahdha et son “appendice“, le Front du salut national, s’obstinent à ne pas croire à leur échec avéré face à l’autocrate, le président Kaïs Saïed. Ils continuent à faire flèche de tout bois pour garder la tête hors de l’eau en exploitant, avec l’aide de leurs relais à l’étranger, le moindre détail en défaveur du maître de Carthage avec l’ultime but affiché de le faire tomber par tous les moyens.
Ainsi, après avoir tout fait pour saboter les initiatives politiques prises, l’espace d’une année, par le chef de l’Etat en vue de transformer le paysage politique (consultations nationales, adoption d’une nouvelle Constitution, organisation d’élections législatives…), ils viennent d’actionner le levier de leurs relais à l’extérieur, non seulement pour ternir l’image de Kaïs Saïed en le présentant comme “un dictateur mais surtout pour porter de graves préjudices à l’économie et au peuple tunisiens.
Kaïs Saïed dans le viseur des médias américains ?
C’est le cas de deux articles rédigés ces jours-ci dans la presse américaine. Le premier, intitulé “Où se dirigent les relations américano-tunisiennes après le désastreux décembre de Saïed ?” (Whither U.S.-Tunisian Relations After Saied’s Disastrous December ?), a été publié dans le journal The National Interest. Il est concocté par l’ancien ambassadeur des États-Unis d’Amérique en Tunisie, Gordon Gray (2009-2012).
Il faut avouer que depuis le coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021, ce diplomate voue bizarrement une haine sans merci vis-à-vis du chef de l’Etat tunisien, Kaïs Saïed. Dans plusieurs posts sur son compte Tweeter, l’ancien diplomate à la retraite depuis 2015 a critiqué de manière violente cet acte de rupture et y a perçu un signe de retour de la Tunisie à l’autoritarisme.
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Le deuxième article, publié dans le Washington post, a été rédigé par Bobby Ghost, journaliste américain d’origine indienne, chroniqueur du média Bloomberg Opinion. Lui aussi, de par sa spécialisation dans les affaires internationales, a écrit plusieurs articles sur la transition démocratique en Tunisie.
Au lendemain de l’adoption, le 25 juillet 2022, de la nouvelle Constitution tunisienne par référendum, il avait publié un article négatif sur notre pays intitulé « Le jour où la démocratie tunisienne est morte ». Cela pour dire que ce journaliste a l’habitude de casser du sucre sur le dos des responsables du mouvement du 25 juillet 2021.
Dans l’ensemble, les deux articles dont des traductions non commentées ont été publiées par des médias de la place, critiquent avec une violence inouïe le bilan du chef de l’Etat tunisien. Ils focalisé leurs commentaires sur la faible participation des Tunisiens aux rendez-vous politiques précités (11,2% au premier tour des législatives). Il s’agirait de «la participation la plus faible dans le monde», d’après Gordan Gray.
Les deux auteurs ont déploré, également, la mollesse voire la tiédeur avec laquelle les responsables américains dont le président Biden ont réagi à cette autocratie tunisienne. Ils y perçoivent un mauvais exemple à donner aux démocraties naissantes.
Ce que « craint le plus », Bobby Ghost, c’est une reconnaissance internationale de l’autocratie tunisienne : « Saïed espère que l’administration Biden fera pour lui ce que l’administration du président Barak Obama avait fait avec Sissi : accepter la nouvelle Constitution comme un fait accompli et détourner le regard alors que le président tunisien l’utilise pour resserrer son emprise sur tous les leviers de l’Etat », écrit-il.
Il n’y a qu’une solution, d’après lui : «Le président Biden devrait refuser de donner satisfaction à Saïed… Il doit utiliser un langage fort dans des conditions comme celles-ci. En novembre dernier, il avait condamné Manuel Noriega pour avoir organisé un simulacre d’élection, Saïed devrait recevoir un traitement similaire».
Par leur parti pris, ces articles auraient été commandités
Abstraction faite de ces critiques sur la personne de Kaïs Saïed et de son rendement, les deux articles, apparemment commandités, pèchent par leur non objectivité criante et scandaleuse.
Dans leurs analyses, les deux auteurs donnent l’impression qu’ils portent des œillères et qu’ils ne regardent que Kaïs Saïed. A aucun moment ils n’ont parlé des exactions subies par les Tunisiens au temps des islamistes. Ces mêmes islamistes qui ont déstructuré le pays et l’ont conduit à la faillite. A aucun moment ils n’ont évoqué l’histoire millénaire de la Tunisie (3000 ans) et son positionnement stratégique au milieu du bassin méditerranéen, et même du monde.
Plus grave, les deux auteurs n’ont pas hésité à mettre dans un même sac Kaïs Saïed – un personnage de passage- et le peuple tunisien – une communauté pérenne.
Sinon comment comprendre cet appel lancé par Gordon Gray au Président Biden pour exercer « une possible pression sur la Tunisie à travers l’introduction de conditions dans le cadre de l’accord que le gouvernement tunisien cherche à conclure avec le Fonds monétaire international (FMI).
Des propos graves… mais silence radio au plan officiel
Pis, l’ancien diplomate (Gordon Gray) qui a été, ne l’oublions pas, un des artisans de l’accès des islamistes au pouvoir en Tunisie, a considéré que «l’application de l’accord du Millennium Challenge Corporation (MCC) n’était possible que suite à un retour vers la démocratie ». Cet accord porte sur un montant égal à 498 millions de dollars et vise à faciliter les échanges commerciaux avec la Tunisie et à diminuer leurs coûts. Il inclut des investissements visant la gestion, l’expansion et la numérisation du port de Radès.
Autre geste inamical, le même diplomate a appelé l’administration Biden à inviter des représentants de la société civile tunisienne et non les membres du gouvernement à participer au Sommet pour la démocratie qui se déroulera les 29 et 30 mars 2023 à Washington.
En dépit de la gravité de telles déclarations qu’on peut aisément qualifier d’« ingérence scandaleuse dans les affaires du pays », nous n’avons vu aucune réaction officielle de la part de la diplomatie tunisienne, encore une prise de position des intellectuels et de la société civile vis-à-vis d’une question aussi grave. Il y a de quoi regretter l’ex-Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) et ses fameux répondeurs automatiques.