Perçus par les autorités touristiques tunisiennes comme un marché à fort potentiel et une niche porteuse pour diversifier le balnéaire, les touristes chinois sont de plus en plus courtisés pour visiter la Tunisie. A cette fin, la moindre action de promotion entreprise dans ce sens est largement amplifiée et hypermédiatisée.
C’est dans ce contexte que les médias nationaux et réseaux sociaux ont accordé, ces derniers jours, un intérêt particulier à une émission télévisée chinoise consacrée au tourisme en Tunisie.
Objectif : encourager les touristes chinois à visiter la Tunisie, à découvrir sa culture ancienne et les traditions de ses habitants.
La Tunisie pourrait accueillir 100 000 touristes chinois
Diffusée par la chaîne Hainan TV, cette émission, co-animée du côté tunisien par le duo Mustapha Abid et Anouar Chetoui, respectivement chargé d’affaires à l’ambassade de Tunisie et directeur du Bureau de l’ONTT à Pékin, a été consacrée à la mise en exergue des sites archéologiques et historiques dont regorge la Tunisie.
Point d’orgue de cette communication : la fabuleuse collection de mosaïques romaines répandue soit dans les sites naturels, soit dans les différents musées du pays.
Une attention particulière a également été accordée à des produits de terroir prisés par les consommateurs chinois : datte (Deglet Ennour), grenades, huile d’olive, harissa…
Selon le débat instauré au cours de l’émission de mi–janvier 2023, la Tunisie peut accueillir, annuellement, jusqu’à 100 000 touristes chinois.
Cette émission vient relancer l’intérêt des touristes chinois pour la destination Tunisie. Ils auraient pu être plus nombreux ces trois dernières années n’eut été la pandémie de la Covid–19. Cette pandémie a eu pour inconvénient d’avoir interrompu les flux de touristes de chinois qui ont commencé à visiter la Tunisie.
D’ailleurs, la communauté internationale n’est pas au bout de ses peines avec cette pandémie, en ce sens qu’une flambée de la Covid-19 est enregistrée dans le pays de Mao, avec déjà le retour des contrôles aux frontières dans certains pays (Corée du Sud, Japon, Etats-Unis, Italie, Espagne, France…).
Pour mémoire, en 2019, ces touristes étaient au nombre de 29 974 contre des centaines seulement avant 2010.
Il faut reconnaître toutefois que la promotion du tourisme tunisien auprès des Chinois est loin d’être une tâche facile, et ce compte tenu de leurs exigences. Par le canal de leurs diplomates en Tunisie, ils demandent aux autorités tunisiennes de réunir un certains nombre de conditions pour pouvoir attirer un plus grand nombre de visiteurs chinois.
Les conditions à réunir pour attirer les touristes chinois
Parmi celles-ci figure la maîtrise de la langue chinoise. Les Chinois sont fermes sur cette question. Ils veulent que les négociateurs officiels du tourisme tunisien auxquels ils ont affaire, mais aussi les guides touristiques tunisiens qui les accompagnent parlent correctement le mandarin.
La deuxième condition concerne la gastronomie. Les touristes chinois demandent à manger comme chez eux. Autrement, ils demandent à ce que des restaurants chinois soient aménagés partout où ils iront en Tunisie.
La troisième porte sur l’hébergement. De nombreux investisseurs chinois se sont déplacés en Tunisie, depuis 2015, pour rencontrer les ministres tunisiens en charge du Tourisme et pour les informer qu’ils souhaitent investir dans le secteur touristique en Tunisie. Ils veulent construire des hôtels de luxe adaptés aux spécificités de la clientèle chinoise.
Au plan de la logistique à mettre en place pour attirer ce nouveau marché, l’ancien ministre du Tourisme, René Trabelsi, estime qu’il faut être réaliste. Il pense qu’il n’est pas facile de programmer un vol direct sur la Chine à partir de la Tunisie. Ce qu’il faudrait faire, selon lui, c’est de s’organiser pour récupérer une partie des touristes chinois qui visitent l’Europe à l’instar de ce que fait le Maroc.
Il a rappelé que les touristes chinois qui quittent la Chine le font généralement pour trois semaines en moyenne. Ils font l’Europe, mais ils ont besoin d’une destination exotique. C’est là où les destinations comme la Tunisie peuvent intervenir pour les attirer.
Dans ce contexte, des offres de circuits tels que «Rome-Carthage» ou «Sur les traces de Hannibal» leurs sont proposées par des tour-operators spécialisés dans le marché chinois.
Et pour être complet sur le sujet, le marché chinois n’est pas un marché balnéaire. Les Chinois adorent visiter les fermes, les sites agricoles, les champs de viticulture, le Sahara et surtout les sites archéologiques.
A titre indicatif, il y a des touristes chinois qui ont visité Sfax parce qu’ils ont entendu parler que Sfax abrite la plus ancienne huilerie de Tunisie.
C’est d’ailleurs dans cette perspective que les oléiculteurs et conditionneurs d’huile d’olive de Sfax, tout comme ceux d’autres régions oléicoles, ont décidé de promouvoir un nouveau produit touristique, en l’occurrence l’oléotourisme. Une initiative à valoriser et à développer, ne serait-ce que pour diversifier le produit monotypique du balnéaire.