La Tunisie est capable de porter la contribution de l’économie sociale et solidaire à 5 ou même 6% du PIB par an, dans un futur proche”, a déclaré la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, lors d’un évènement parallèle, organisé, en marge du Forum économique mondial (WEF), tenu à Davos en Suisse, du 16 au 20 janvier 2023.
“Nous espérons aussi, créer 40 à 50 mille emplois directs à travers le développement de cette économie qui se présente aujourd’hui, comme une alternative à l’approche classique du développement, laquelle a montré ses limites en termes de réduction du chômage et de la pauvreté “, a affirmé Bouden, invitée d’honneur de cet évènement qui s’est tenu le 19 janvier 2023.
La cheffe du gouvernement a tenu à rappeler, lors de ce débat sur le thème “Débloquer l’économie sociale, vers une société inclusive et résiliente “, les mesures prises par la Tunisie pour booster l’entrepreneuriat social et solidaire. A noter que l’OIT a publié en avril 2022, un rapport sur ” Le travail décent et l’économie sociale et solidaire “, qui montre que ce type d’économie sociale a le potentiel de générer de nouveaux emplois dans le cadre d’une reprise inclusive vers une économie axée sur les valeurs.
Afin de libérer le potentiel de l’économie sociale, le rapport propose deux changements : faire progresser l’économie sociale existante et recalibrer l’économie au sens large pour qu’elle soit davantage axée sur les valeurs. Les décideurs politiques jouent un rôle particulier dans la création d’un environnement politique favorable à la réalisation de ces deux changements. Ils sont appelés à reconnaitre l’économie sociale et mettre en place des cadres réglementaires favorables à son développement.
A ce sujet, la cheffe du gouvernement a rappelé les démarches et mesures prises par la Tunisie pour passer d’un modèle classique de développement à un paradigme économique plus inclusif et durable. Il s’agit de la loi sur l’économie sociale et solidaire adoptée en 2020, après une série de consultations tripartites avec le soutien de l’OIT pour créer un environnement propice à un modèle économique centré sur l’humain, plus équitable et inclusif en Tunisie.
L’objectif de cette loi est de promouvoir l’inclusion économique et sociale des populations défavorisées et marginalisées, y compris celles vivant dans des zones rurales isolées et les jeunes sans emploi, en les encourageant à s’associer dans des coopératives, des organisations mutuelles ou des groupes d’entraide qui peuvent aider à améliorer les moyens de subsistance et à créer des emplois.”La Tunisie est attachée à sa politique de solidarité et d’entraide et de travail collectif.
Nous considérons que cette démarche est une véritable opportunité pour réaliser une croissance inclusive “, a-t-elle lancé, avant de revenir sur les mesures prises par son gouvernement concernant la création des sociétés communautaires et l’amendement de la législation régissant l’action de la Banque Tunisienne de Solidarité pour qu’elle puisse accorder des crédits aux entreprises sociales. Bouden a aussi, rappelé les principaux axes stratégiques sur lesquels est basée la ” Vision Tunisie 2035 “.
Il s’agit surtout du capital humain, de la justice sociale, de l’économie du savoir, de l’économie compétitive et diversifiée, de l’économie verte et des changements climatiques et du développement régional et de l’aménagement du territoire. Elle est revenue aussi, sur les initiatives et projets soutenus par l’OIT, dont le projet ” Des emplois décents pour les jeunes et les femmes ” (EDJEF) et d’autres projets dont celui destiné à l’entrepreneuriat féminin ” Raydet ” qui prévoit la création de 3 000 projets d’ici 5 ans, à raison de 600 projets par an.
Ont assisté au débat qui a été modéré par François Bonnic, directeur de la Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social, Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT, Julia Blanc, directrice Marketing et Solutions et membre du Directoire SEVE et l’entrepreneuse sociale indienne, Jeroo Billimoria, fondatrice de One Family Foundation, dont le caractère innovant de son management et l’expansion de ses projets à l’échelle mondiale lui ont valu d’intégrer la Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social, une des organisations de Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos.
Ce évènement est coorganisé, dans le cadre de la 52ème réunion du WEF, par l’Organisation internationale du travail (OIT), Catalyst 2030 et la Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social.Catalyst 2030 est un mouvement mondial à croissance rapide de personnes et d’organisations engagées à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies d’ici 2030. Il a été lancé lors du Forum économique mondial de Davos en janvier 2020.