Les professionnels des filières céréalière, oléicole et avicole en Tunisie réunis au bureau régional Afrique du Nord de la Banque africaine de développement (BAD) à Tunis, ont exprimé un intérêt marqué pour la participation au “Sommet sur l’alimentation en Afrique – Libérer le potentiel alimentaire de l’Afrique ” qui se tient du 25 au 27 janvier 2023, à Dakar (Sénégal).
Les chefs d’Etat et de gouvernement africains mobiliseront, lors du sommet de la BAD, leurs ressources gouvernementales, les partenaires au développement et le financement du secteur privé, pour exploiter le potentiel agricole et alimentaire de l’Afrique, pour transformer les efforts de plaidoyers en actions concrètes pour renforcer la résilience du secteur compte tenu de la crise conjuguée post Covid-19, l’invasion de l’Ukraine et les effets du changement climatique, a indiqué la BAD dans un communiqué publié mercredi, à Tunis
Le directeur général du Groupe de la BAD pour l’Afrique du Nord, Mohammed El Azizi a indiqué qu’”en réunissant autour d’une même table les décideurs politiques, les professionnels du secteur agricole, les organisations internationales et les investisseurs, le Sommet Dakar 2 apportera une réponse décisive aux besoins en financement de l’agro-industrie africaine “.
Du côté de la Tunisie, il s’agit d’ouvrir des perspectives de collaboration à l’échelle nationale et également africaine, en balisant la voie pour des partenariats public-privé dans le secteur agricole.
Les industriels tunisiens de l’agroalimentaire pourraient ainsi, mettre à la disposition de pays d’Afrique subsaharienne riches en ressources hydriques, leur savoir-faire et leur expertise reconnue à l’échelle internationale dans des créneaux aussi porteurs que les filières oléicole, céréalière et avicole.
Dans la filière avicole, le directeur général du Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles (GIPAC), Tarek Chaouch, a rappelé que la filière avicole tunisienne – dont l’un des fleurons, le groupe Poulina, figurait dans le peloton des six premières mondiales au regard des normes sanitaires et de qualité.
Et de souligner que “la volaille a un avenir prometteur en Afrique. La consommation a été multipliée par 10 en 10 ans et le secteur devrait connaître une croissance cumulée de 30 % d’ici 2031. ”
La réputation de la Tunisie est telle que des sociétés étrangères viennent s’installer en Tunisie, témoigne le Directeur général de Poulina, Mohammed Chikhaoui. Ce groupe fait partie des six premiers dans le monde, tout comme la société Chahia, classée 5e mondialement en termes de respect des standards nationaux et de qualité.
En ce qui la filière oléicole, ou la Tunisie est classée parmi les premiers producteurs mondiaux (2e après l’Union européenne). les industriels du secteur présents à la réunion de Tunis, ont convenu d’organiser une concertation approfondie entre les opérateurs publics (Institut de l’olivier, l’Office national de l’huile, le ministère de l’Agriculture), les professionnels privés, la BAD et le Conseil oléicole international pour des actions phares.
Face à la raréfaction des ressources hydriques en Tunisie, les opérateurs tunisiens ont exprimé un intérêt marqué pour explorer les potentialités et les possibilités d’extension dans des pays africains propices à cette culture.
“Nous sommes tout à fait disposés à faire profiter de notre savoir-faire des pays dont les conditions climatiques et hydrologiques le permettent “, résume Abdessalem Elwad, directeur général de l’entreprise Rivière d’Or et représentant la profession à l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et membre du Conseil oléicole international.
“Ce partenariat Sud-Sud pourrait prendre la forme d’une exploitation pilote sur le modèle de partenariats public-privé qui permettraient de tester la culture de l’olivier traditionnel tunisien dans d’autres régions du continent “, avance le directeur général de la société CHO (conditionnement des huiles d’olives), Abdelaziz Makhloufi.
A cet égard, la BAD a rappelé qu’elle a déjà amorcé l’idée d’introduire l’olivier en Mauritanie et a entrepris une étude en 2019, proposant les sites potentiels adaptés à cette introduction. L’idée de procéder à des tests grandeur nature s’est également imposée aux représentants de la filière céréalière.
Le Sommet de Dakar permettrait d’organiser une concertation approfondie entre les opérateurs publics (Institut national des grandes cultures, l’Office tunisien des céréales, le Groupe chimique tunisien), le secteur privé, la BAD et des structures de recherche spécialisées telles que l’université polytechnique Mohamed-6 de Benguérir au Maroc, relevant de l’Office chérifien des phosphates.
Ce partenariat, s’appuyant sur un programme de recherche international pertinent sur les céréales et les cultures oubliées particulièrement adaptées à l’Afrique, pourrait déboucher sur l’élaboration d’une carte africaine des potentialités céréalières assortie d’un plan d’action triennal 2023-2025.
Pour Mohammed Nadri, directeur général de la Coopérative centrale du blé (COCEBLE), qui regroupe 13 000 agriculteurs représentant 25 % de la production tunisienne de blé, ” la Tunisie a l’expertise nécessaire pour aider les autres pays africains à multiplier leur production et leur productivité. ”
En lançant dans le domaine céréalier une expérience pilote dans 4 ou 5 pays d’Afrique subsaharienne, la Tunisie pourrait conduire un programme de recherche sur des variétés résilientes adaptées au contexte climatique et la conduite culturale adaptée.
L’installation de ces parcelles d’essais et de démonstrations pourrait déboucher sur d’énormes potentialités d’autant plus que la réintroduction en Tunisie de variétés traditionnelles autrefois cultivées par les Romains, a donné des rendements beaucoup plus importants qu’en Italie, témoigne Abdelmonem Khlifi, gérant de la société STIMA.