Moody’s Investors Service (« Moody’s ») a abaissé aujourd’hui la notation à long terme des émetteurs en devises étrangères et en monnaie locale du gouvernement tunisien de Caa2 à Caa1 et changé la perspective à négative. Ceci conclut l’examen en vue d’une dégradation qui a été initié au moment de l’action de notation du 30 septembre 2022.
Moody’s a également abaissé les notations de la dette senior non garantie et la notation senior non garantie de la Banque centrale de Tunisie à Caa2 et (P)Caa2 de Caa1 et (P)Caa1 respectivement, et a changé la perspective à négative. Ces notations étaient également auparavant en cours de révision pour déclassement. La Banque centrale de Tunisie est légalement responsable des paiements sur toutes les obligations de l’État.
La dégradation est motivée par l’évaluation de Moody’s selon laquelle l’absence de financement global à ce jour pour répondre aux importants besoins de financement du gouvernement augmente les risques de défaut à un point qui ne correspond plus à une notation Caa1.
Un nouveau programme du FMI doit encore être sécurisé, malgré la conclusion d’un accord au niveau des services en octobre 2022, aggravant une situation de financement déjà difficile et aggravant les pressions sur l’adéquation des réserves de change de la Tunisie.
Les conditions de financement intérieures et extérieures très strictes et le profil difficile du service de la dette du gouvernement tunisien augmentent les risques de refinancement.
Moody’s estime que la faiblesse de la gouvernance et les risques sociaux importants expliquent en partie pourquoi la Tunisie a atteint une situation aussi critique. Le soutien résiduel au crédit découle du coussin de réserve de change restant de la Banque centrale de Tunisie, parallèlement à l’engagement continu du gouvernement à rechercher un nouvel accord avec le FMI et à un historique de soutien de longue date d’un large éventail de partenaires internationaux.
La perspective négative reflète l’opinion de Moody’s selon laquelle, à moins d’une amélioration opportune des perspectives de financement externe, la probabilité de défaut pourrait augmenter au-delà de ce qui est compatible avec une notation Caa2.
De nouveaux retards prolongés dans la mise en place d’un nouveau programme du FMI éroderaient les réserves de change par le biais de prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques sur la balance des paiements et la probabilité d’une restructuration de la dette qui entraînerait des pertes pour les créanciers du secteur privé.
Les risques pesant sur le profil de crédit de la Tunisie resteront orientés à la baisse, même dans le cadre d’un éventuel accord avec le FMI, les perspectives de financement restant tributaires de la mise en œuvre rapide et soutenue de réformes qui s’avéreront invariablement difficiles face aux faiblesses de la gouvernance et à l’exposition aiguë aux risques sociaux. Alors que le programme de réforme du gouvernement offre une voie pour corriger les importants déséquilibres budgétaires et extérieurs de la Tunisie, sa mise en œuvre risque d’être mise à l’épreuve par des obstacles politiques, sociaux et institutionnels.