Alors qu’elle Fait face à une situation décisive avant d’atteindre la phase, peut-être, de non remboursement de certains de ses engagements financiers, la Tunisie se trouve actuellement dans l’obligation d’entamer immédiatement les réformes. C’est en tout cas ce qu’estime l’expert en économie et en marchés financiers, Moez Hadidane, dans une déclaration à l’Agence TAP, samedi 28 janvier 2023.
Il assure que ces réformes, qui concernent plusieurs secteurs vitaux, devraient remettre l’économie nationale sur la voie normale, que ce soit au niveau des équilibres macroéconomiques ou des indicateurs.
“Ces réformes pourront se faire d’une manière participative entre le gouvernement, les organisations sociales, les structures professionnelles et les experts”, analyse l’expert.
Le gouvernement tunisien n’est pas parvenu à concrétiser les réformes nécessaires d’une manière participative, en rapprochant les points de vue des organisations sociales et du reste des structures, outre les présidences de la République et du gouvernement, dit-il.
Pour lui, le seul choix possible devant l’Etat, c’est d’accorder le pouvoir nécessaire à l’exécutif pour engager seule les réformes.
Concernant la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à ” Caa2 “, il explique que cela signifie que le gouvernement tunisien et la Banque centrale de Tunisie (BCT) sont exposés à des risques élevés et à l’incapacité d’honorer les engagements financiers.
Selon Moody’s, cette dégradation est expliquée par l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à mettre en place des mesures qui puissent répondre aux besoins de financement élevés. “Les nouveaux retards dans la mise en place d’un nouveau programme du FMI éroderaient les réserves de change par le biais de prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques de balance des paiements et la probabilité d’une restructuration de la dette qui entraînerait des pertes pour les créanciers du secteur privé”, souligne Moody’s.
Le Club de Paris, une possibilité et des conséquences néfastes
Hadidane pense que cela pourrait pousser la Tunisie à recourir au Club de Paris pour le rééchelonnement de ses dettes et au Club de Londres qui réunit les créanciers privés. Car, ajoute l’analyste, “les perspectives négatives de la notation de la Tunisie reflètent une probable incapacité à honorer ses dettes sauf en cas d’ouverture de nouvelles perspectives de financement extérieur”.
La nouvelle notation entraînera de grandes difficultés auxquelles seront confrontées les partenaires économiques à l’étranger à la lumière de l’image présentée par cette classification, qui se caractérise par la possibilité de défaut de paiement de la dette, en plus de perturber le processus économique en raison des difficultés d’accès au financement, a-t-il dit.
L’expert précise également que les flux d’investissements étrangers vers la Tunisie seront affectés par la note souveraine de la Tunisie, en plus de la possibilité d’une baisse du taux de change du dinar par rapport aux autres devises.
Il convient de rappeler que l’Agence de notation américaine Moody’s a annoncé, dans la soirée de vendredi 27 janvier 2023, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale de Caa1 à Caa2 avec perspective négative.
Moody’s a également abaissé la note de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui est légalement responsable des paiements sur toutes les obligations du gouvernement de Caa1 à Caa2 assortie d’une perspective négative.
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Que signifie la note Caa2:
Les titres de dette notés Caa sont considérés comme affichant une mauvaise qualité de crédit et sont exposés à un risque de crédit très élevé. Le Caa1 est interprété comme étant à risque élevé, le Caa2 est considéré comme à un stade de l’ultra spéculatif.
A partir de la notation Caa3, le pays est classé dans la catégorie des pays en défaut de paiement avec quelques espoirs de recouvrement.