Le Centre national de céramique d’art (CNCA) Sidi Kacem El Jellizi vit depuis, depuis samedi 4 février, au rythme de son exposition annuelle 2022 marquant la célébration du 20ème anniversaire de sa création.
Ce rendez-vous annuel se déroule d’habitude au mois de décembre. L’ouverture a été assurée par la ministre des Affaires culturelles, Hayet Guettat Guermazi, en compagnie de la maire de la ville de Tunis, Souad Abderrahim, ainsi que d’un grand nombre d’artistes et de visiteurs entre avertis et passionnés par l’art de la céramique.
L’exposition, qui a connu une affluence assez remarquable du large public notamment de jeunes a été meublée par une collection de plus de 600 œuvres de différents formats signées par la promotion 2021-2022 des étudiants du Centre qui, sous la supervision du directeur, Mohamed Hachicha, ont présenté une variété d’objets en céramique, témoignant d’une diversité de talents oeuvrant à préserver un savoir-faire artisanal en le mettant en valeur dans un esprit artistique au goût du jour.
L’exposition donne à voir une vaste palette de formes et de couleurs mais aussi a été une occasion pour des enfants accompagnés de leurs parents de découvrir l’histoire de ce monument datant de la deuxième moitié du XVe siècle, ou a été installé le Centre inauguré en 1992 et qui fête son 20ème anniversaire.
Un centre de céramique qui prend le nom de Kacem El Jellizi, un Saint né dans une famille de migrants andalous ayant séjourné à Fes (Maroc), avant de s’installer dans l’Ifriqiya Hafside.
Kacem El Jellizi, de son vrai nom Abou El Fadhl Kacem El Fessi (Fes) doit vraisemblablement, selon les historiens, son nom au métier du jelliz (carreaux de céramique) qu’il exerçait avec une rare habileté technique et un grand sens esthétique. D’ailleurs, l’histoire de la céramique architecturale doit énormément au Maître du jelliz, les savoirs techniques et esthétiques charmés de l’Andalousie.
D’après une présentation faite auparavant par l’équipe du projet Medina-Tunis, Sidi Kacem fut un artiste mais aussi un très pieux, qui fut élevé au rang des saints personnages, vénéré par la population et jouissant de la considération des sultans hafsides.
A sa mort en 1496, le sultan en personne assiste à ses funérailles. Enterré dans sa propre demeure, celle-ci ne tarda pas à devenir un lieu de culte, zaouia, où on vient à la recherche de la baraka du Saint (pouvoir surnaturel).
Le lieu fut plusieurs fois restauré mais les travaux les plus importants sont dus à Abou El Ghaith el Kachech, le Cheikh des andalous de Tunis, qui affecta la zaouia comme gîte au morisques chassés d’Espagne.
Au début du XVIIIème siècle, Hussein Ben Ali, premier bey husseinite en Tunisie, ajouta au complexe une mosquée qui abrite aujourd’hui un atelier de céramique moderne.
Le monument présente une cour à portique dominée sur un côté par l’imposante silhouette de la chambre funéraire alors que se distribuent sur les trois autres côtés des pièces réservées à l’origine aux indigents et aux pèlerins. Disposant d’une grande collection de céramiques et de faïences tant locales qu’importées mais également d’anciennes stèles funéraires islamiques, il fut dans le passé aussi un lieu de transit pour les morisques chassés d’Espagne par Philippe III.
Après une campagne de restauration en 1981, menée par l’Institut national du patrimoine (INP, Tunis) avec le soutien du gouvernement espagnol, le monument architectural, décoratif et ornemental caractérisé par la touche ifriqiyenne et celle andalouse, abrite depuis 1992, un musée de la céramique artistique destiné à la formation des céramistes, portant désormais le nom du Centre national de la céramique d’art (CNCA) ayant pour principale mission l’étude des préoccupations actuelles de la céramique d’art et la réactualisation de ses techniques traditionnelles en vue de les intégrer dans le monde technologique moderne.