La traduction de la littérature tunisienne en langue arabe vers d’autres langues étrangères est cruciale pour la promotion de la culture nationale et son positionnement à l’international.
Ce constat a fait l’unanimité auprès des interprètes et universitaires présents à une rencontre-débat autour de la littérature tunisienne en langue arabe et sa traduction vers d’autres langues, organisée en marge de la Foire nationale du livre tunisien qu’abrite la Cité de la culture du 4 au 18 février 2023.
Cette rencontre littéraire, tenue en partenariat avec l’Institut de traduction de Tunis, a été marquée par plusieurs interventions dont celle de la directrice de l’Institut, Zahia Jouirou, qui a évoqué le rôle central de cette institution publique dans la promotion de la langue arabe auprès des locuteurs non natifs.
Les traductions faites par les universitaires qui collaborent avec l’Institut sont des œuvres de qualité, estime la responsable.
Le professeur Bechir Garbouj a parlé de ses multiples traductions vers le français dont celle d’un chef d’œuvre de la littérature arabe contemporaine, “Haddatha Abou hourairata qal” (Ainsi Parlait Abou Houraira) du Tunisien Mahmoud Messaadi (1911-2004).
Dans la traduction, il est important de rester fidèle à l’oeuvre originale, a souligné ce professeur de littérature française et auteur de plusieurs livres.
Traduisez l’oeuvre de Messadi, et vous saurez tout
Il est revenu sur son expérience avec ses étudiants à qui il demandait de traduire des extraits de l’œuvre de Mahmoud Messaadi.
Il leur disait, ” celui qui sait traduire Messaadi sera capable de traduire n’importe quelle œuvre qui se distingue par sa profondeur et son éloquence, aussi difficile que cela puisse paraître “.
L’interprète doit, à son avis, maîtriser la langue maternelle et évidemment celle vers laquelle il traduit. Il est nécessaire aussi d’avoir une compréhension approfondie de l’œuvre originale afin de pouvoir transmettre le sens dans la langue étrangère, a-t-il explique.
Ne pas vouloir tout traduire
Pour le professeur Mohamed el Kadhi, le choix de l’oeuvre à traduire dépend des attentes des lecteurs, ce qui implique l’obligation de présenter une traduction ayant la même résonance auprès du lectorat que celle de l’œuvre originale.
En comparaison avec le nombre des romans étrangers traduits en arabe arabe, peu de romanciers arabes sont traduits vers d’autres langues, constate l’orateur.
Il ne faut pas attendre à ce que les Occidentaux traduisent nos œuvres, a-t-il dit, car leurs traductions reflètent, assez souvent, des choix en lien avec les spécificités socio-culturelles de leurs sociétés respectives.
Il a appelé à accorder davantage d’intérêt pour le livre traduit et le promouvoir auprès du lecteur. A cet effet, il a relevé le rôle des attachés culturels des ambassades tunisiennes dans la promotion de la littérature tunisienne traduite et la culture nationale à l’étranger.
Les spécificités de la traduction
Le professeur Ahmed Somai a évoqué les spécificités de la traduction qui diffère d’une langue à une autre et son usage par les interprètes eux-mêmes. Cet auteur de plusieurs livres traduits vers l’arabe de l’écrivain italien Umberto Eco (1932-2016), a donné l’exemple du français en Tunisie dont l’usage est assez fréquent alors que celui de l’italien se limite plutôt au milieu académique.
L’auteur a parlé du critère de sélection en matière de traduction qui se rapportent généralement à l’originalité de l’œuvre et son esthétique afin qu’elle mérite d’être traduite.
Partenariat
Le professeur Fathi Nagga a proposé d’organiser des ateliers de traduction dans le cadre de partenariats entre l’institut de traduction de Tunis et les universités qui proposent des cursus en langues étrangères.
Il a estimé que les difficultés en lien avec la traduction des œuvres tunisiennes peuvent être surmontées par l’unification des efforts des institutions universitaires avec ceux de l’institut.