Leurs lumières sondent l’univers et la matière. Trois chevaliers de l’exploration de l’espace restent, volontiers, sur orbite de la diaspora tunisienne via Reconnectt.
Ils sont trois chercheurs tunisiens à se retrouver, de manière fortuite, à travailler à la NASA. Pour seul bagage, ils avaient leurs diplômes avec un tronc commun réalisé en Tunisie. Et ! Une prédisposition à s’acclimater à l’état d’esprit qui commande l’ascension par le mérite personnel. Ils ont eu raison de tous les obstacles, de langue et de distance.
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L’intelligence de l’action et le génie du travail collectif leur servaient de boussole. Et ce dans une mêlée ouverte à toutes les nationalités. A la force du poignet, tous trois, se sont retrouvés “Team leaders” de projets avancés. Leur quotidien est des plus exaltants. Tous les jours ils participent à la plus fantastique des aventures humaines : l’exploration de l’espace. Ils ont adhéré au mental des pionniers. Et, chaque jour que Dieu fait, configurent de nouvelles frontières à la découverte scientifique.
Ils ont accepté de parler des péripéties de leur parcours lors d’un webinaire organisé conjointement par Reconnectt, une association “diasporique” active et Webmanagercenter.
Dr. Lobna Karoui, experte en Intelligence artificielle et animatrice de podcasts en technologie, ainsi que Ali Driss, éditorialiste chez Webmanagercenter, ont modéré le webinaire. Ils ont constaté que Ines Fenni, Ahmed Mahjoub et Mohamed Abid, quand bien même sont absorbés par des soucis hors le globe, n’en ont pas moins gardé les pieds sur terre. Et un attachement indéfectible à la Tunisie, ce qui ne contraste pas avec leur immersion totale dans leur milieu d’accueil.
Tenter l’aventure
Ines Fenni, Ahmed Mahjoub et Mohamed Abid, cités dans l’ordre du genre, sont allés jusqu’au bout du cursus universitaire. Tous trois sont docteurs d’Etat, tous trois n’ont pas hésité à s’attaquer à des problématiques de recherches, complexes. Tous trois ont eu à affronter les obstacles que l’on imagine et qui se rapportent à la langue, aux origines, aux conditions scolaires. Tous trois ont séduit par leur audace et leur irruption dans des milieux bien protégés. Ils ont forcé l’accès par la pertinence de leurs recherches. Et, la force de leur caractère. “Ils en voulaient” et c’est bien ce qui a motivé leurs encadreurs. Ces dernies n’ont pas hésité à leur donner leur chance.
Ines Fenni ne disposait que d’un délai de deux mois pour rédiger un rapport scientifique afin d’obtenir une affectation post-doctorale aux USA. Et elle était au rendez-vous.
Ahmed Mahjoub s’attaquait en solo, à mains nues, à une thèse sur les structures moléculaires aussi spectaculaire que celle de Dimiri Mendeleïev, célébrissime chimiste russe à l’origine du tableau des matières. Et, ce pari téméraire fut validé et l’affectation post-doctorale fut arrachée de main de maître.
Et last but not least, Mohamed Abid a penché pour l’intelligence artificielle. Cette science est encore naissante et les pays les plus avancés n’ont pas encore construit leurs repères dans ce domaine certes prometteur mais encore en plein balbutiements. Il a su trouver les mots et les idées pour faire agréger des connaissances informatiques différentes et variées et les utiliser pour une meilleure maitrise de la discipline.
Tous trois ont tenté l’impossible et sont parvenus à le dompter. Cependant, le hasard qui favorise les esprits préparés leur a procuré aux uns et aux autres des circonstances clémentes qui pour obtenir une bourse, qui pour avoir l’oreille d’un directeur de recherches attentif et ouvert d’esprit.
Tous trois n’ont pas manqué de s’illustrer et de confirmer qu’ils sont à la hauteur de leurs challenges. Tous trois ont rejoint les centres universitaires américains connectés avec la NASA, notamment à UCLA (Campus de Stanford) enfin toujours en Californie. Une fois au sein du système, restait la propulsion sur orbite, et ce n’est pas une opération banale de parachutage. Il faut que l’arrimage soit bien pensé, réalisé et réussi.
Le “pitching” scientifique et financier
Une fois reconnus et leurs travaux validés, nos trois chercheurs devaient par leur propre initiative se frayer un chemin pour leur avenir. Dans le monde anglo-saxon, les chercheurs ne sont pas assistés. Il leur appartient de se prendre en mains. Et la compétition est ouverte à tous, sans distinction et quasiment sans discrimination.
Tous trois ont su mettre sur plan leurs projets et leur trouver les financements adéquats. Mohamed Abid soutient que c’est à la fois dur et aisé. Les fondations qui financent existent bel et bien, encore faut- il pouvoir les persuader du bien-fondé de la recherche à entreprendre. L’affaire n’est pas qu’une question de psychologie.
Le tout n’est pas de pouvoir réussir le numéro de la présentation et de ficeler vite fait l’exercice du pitching, rappelle-t-il. Il faut disposer de suffisamment d’éléments pour persuader des mécènes que le programme de recherche ainsi concocté peut marquer une avance scientifique. Et qu’il s’inscrit bien dans la démarche de la NASA. Une fois l’affaire conclue, les fonds ne manqueront pas sous réserve de la juste affectation.
Et par hasard ou nécessité mais par un heureux concours de circonstance, tous trois convergent vers le JPL (Jet Propulsion Laboratory) au sein de la NASA et tous trois ont collaboré à la mission Titan V sur la planète Mars.
Atteindre le graal
Pour Ines Fenni, le sujet majeur est de tenter de percer à partir de données tirées de l’espace le mystère de la dynamique active des océans. Qu’est-ce qui peut bien commander la cinétique des profondeurs et contribuer à faire des océans un univers vivant et qui participe de la vie sur terre.
Ahmed Mahjoub s’attache à expliquer la mobilité des comètes. Vous excuserez du peu car cela passe par la découverte de la structure moléculaire des roches qui les composent. Et le rôle crucial de Mohamed Abid fait surface à ce stade. C’est lui qui conçoit, réalise et envoie dans l’espace les engins qui doivent se mouvoir dans les coins de l’univers. Ainsi en est-il du robot mobile “Perseverance” et de L’hélicoptère “Ingenuity” qui ont meublé l’expédition sur la planète rouge “Mars” et qui ont fait les prospections géologiques requises. Et c’est lui qui les téléguide pour les orienter afin de ramener les échantillons qui doivent servir d’objets d’étude. Et quand ils évoquent leur travail nos trois interlocuteurs le font avec une aisance totale ce qui traduit le bonheur de leur succès et de leur réussite.
Le mal du pays
Comment perçoivent-ils la Tunisie de là où ils sont ? Comme un point lumineux à partir de l’espace, dit Ines Fanni, cette diplômée de l’IPEST. Mais également comme un spécimen féministe car la Tunisie est le deuxième pays au monde à former une majorité de femmes ingénieurs ! Comme un propulseur de haute performance, soutient Mohamed Abid. Tel une comète en devenir dit Ahmed Mahjoub. Tel un laboratoire lequel en dépit d’un manque de moyens demeure capable de générer des pépites prometteuses, dit Mohamed Abid. Tous trois ont cru en leur bonne étoile.
Et, Mohamed Abid d’ajouter qu’il faut non seulement croire en soi mais également le faire partager par l’entourage. Et c’est à ce prix qu’on arrache le Lead. Tous entretiennent l’amour de la Tunisie et font des allers retours réguliers. Et tous tendent la main aux centres universitaires tunisiens pour demeurer aux plus près des jeunes universitaires. Tous sont à l’écoute de leurs aspirations et leur apportent ce qu’il faut de conseils en accompagnement.