Au moment où les politiques se chamaillent comme des chiens de faïence, depuis des années, des organisations internationales et régionales s’emploient à nous observer et à publier études, enquêtes et statistiques sur le degré du sous-développement de la population tunisienne. Parmi les révélations de ces études, deux méritent qu’on s’y attarde, en raison de leur extrême gravité.
Elles concernent les deux principaux milieux au sein desquels les jeunes générations tunisiennes devraient, normalement, recevoir une éducation équilibrée et dynamique qui les habilitent à être, un jour, de bons citoyens: à savoir le milieu familial et celui scolaire en milieu rural.
La première étude a été effectuée en 2018 par le Centre tuniso-méditerranéen en partenariat avec la fondation internationale des systèmes électoraux sur la participation de la femme rurale analphabète aux élections locales.
Que peuvent générer des femmes analphabètes ?
Cette étude a révélé que 60% des femmes rurales inscrites aux élections municipales de 2018 sont analphabètes. Ce chiffre donne froid dans le dos lorsqu’on sait que le monde, de nos jours, est un monde de signes, scriptural, intelligible et numérisé.
A ce chiffre effrayant s’ajoute le sentiment de désespoir des femmes analphabètes sondées. Ces dernières se déclarent convaincues que rien ne va changer, à l’horizon.
Sur un total de 6 457 femmes relevant des régions de Jendouba, Béja, Siliana, Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid, 79% des sondées estiment que les organisations de la société civile et les partis politiques profitent de leurs voix pour arriver au pouvoir.
Conséquence : avec des mères analphabètes, on est, en principe, mal parti dans la vie lorsqu’on est né fille ou garçon en milieu rural, particulièrement en matière d’alphabétisation ou d’accès à l’école, la base de tout accès à une citoyenneté accomplie.
Education : les résultats accablants
La deuxième révélation est faite par une étude publiée en décembre 2021 par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur le niveau d’éducation général du peuple tunisien (Groupe d’âge 25 ans et plus).
Selon ce rapport, 26% n’ont jamais été à l’école, 29% ont un niveau primaire, 16% ont un niveau préparatoire, 14% ont un niveau d’enseignement secondaire, 15% seulement ont un niveau universitaire.
Autrement lues, ces statistiques montrent que 85% de la population économiquement active en Tunisie n’ont pas étudié à l’université, 55% de la population économiquement active en Tunisie ont un niveau primaire ou sans aucun niveau, 71% de la population économiquement active en Tunisie ont un niveau d’éducation inférieur au secondaire.
Chiffre clef de ce rapport mondial de l’Unesco sur le suivi de l’éducation, «sur 4 Tunisiens, il y a un Tunisien ou une Tunisienne qui n’a jamais été ni entré à l’école».
Dans l’ensemble, ces révélations viennent illustrer de manière éloquente certaines des fractures majeures dont pâtit la société tunisienne mais surtout l’échec de toutes les politiques socioéconomiques menées jusqu’ici par des gouvernants génétiquement incompétents et corrompus.
Nous avons voulu rappeler ces chiffres effrayants pour sensibiliser le nouveau Parlement qui s’apprête à se mettre en place que les préoccupations des Tunisiens, c’est loin d’être la démocratie ou l’économie de marché sauvage mais bien des problématiques développementales basiques telles que l’accès à l’école et au savoir.
On ne le dira jamais c’est uniquement par le biais d’une politique d’éducation et d’alphabétisation de qualité qu’on peut mériter un jour la démocratie.