Le Fonds monétaire international (FMI) devrait débloquer la première tranche du prêt en faveur de la Tunisie avant la fin du deuxième trimestre 2023. C’est en tout cas ce qu’estime l’agence de notation financière internationale, Fitch Ratings, dans une note publiée vendredi 3 mars 2023 sur son site.
L’agence fait état de progrès accomplis par la Tunisie en matière de réformes qui s’inscrivent dans le cadre de l’accord au titre du “Mécanisme élargi de crédit” (MEDC) d’un montant d’environ 1,9 milliard de dollars.
Entreprises publiques…
Selon Fitch Ratings, ces progrès se traduisent essentiellement par l’approbation, le 9 février 2023 par la présidence du gouvernement, du décret portant amendement de la loi du 1er février 1989 relative aux participations, entreprises et établissements publics.
L’agence a également fait état d’une avancée dans la finalisation et l’actualisation du plan de financement présenté par les autorités.
Risque élevé pour le financement extérieur
L’ensemble de ces progrès a permis d’accroître la probabilité de décaissement du prêt du FMI, selon Fitch Ratings. Cependant, le risque concernant le financement extérieur du pays reste “élevé”, prévient l’agence, ajoutant que le retard pris dans l’approbation par le conseil d’administration du FMI aurait également un impact sur la mise en œuvre du programme de réformes.
5 milliards de dollars de financements extérieurs
Le programme de financement actualisé devrait permettre à la Tunisie de recevoir plus de 5 milliards de dollars de financements extérieurs provenant essentiellement de l’Europe et des pays du Golfe. Cette enveloppe constitue environ 65% des besoins de financement du gouvernement en 2023, soit environ 16,9% du PIB.
Les estimations de Fitch, en termes de besoins de financement, supposent que le déficit budgétaire soit ramené à 5,7% du PIB en 2023, contre 7,3% en 2022, grâce à des mesures telles que la maîtrise de la masse salariale et la réforme des subventions.
Le financement restant pourrait être fourni principalement par les banques locales, indique Fitch, estimant que cela ne devrait pas exercer de pressions significatives sur leur liquidités.
Poursuite de la pression sur la liquidité externe
Pour l’agence de notation, la liquidité externe reste “sous pression”, soulignant que des retards prolongés dans le décaissement des financements extérieurs ou une augmentation significative de la facture des importations de la Tunisie aggraveraient “considérablement” les pressions extérieures, compte tenu des importants déficits du compte courant, estimés à 3,4 milliards de dollars en 2023 et 2024.
De plus, la baisse des réserves en devises disponibles pour le remboursement de la dette pourrait exercer une pression à la baisse sur la notation.
Même en cas d’un accord avec le FMI, les pressions sur les financements extérieurs pourraient réapparaître si les autorités s’écartaient des objectifs du programme de financement, prévient Fitch. Cela pourrait entraîner la suspension du décaissement des tranches restantes du prêt et entraverait probablement les décaissements de financements bilatéraux.
Attention à l’exacerbation de la tension sociale
La capacité du gouvernement à mettre en œuvre les réformes, dans le cadre de l’accord de financement, pourrait être remise en question si l’instabilité sociale augmente, surtout que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est fortement opposée à certaines réformes concernant notamment les entreprises publiques.
Fitch Ratings avait relevé, en décembre 2022, rappelons-le, la note de défaut émetteur (IDR) à long terme en devises de la Tunisie de ‘CCC’ à ‘CCC+’.
Ce relèvement de la note à “CCC+” reflète, selon Fitch, son opinion selon laquelle “l’accord conclu avec le FMI pour un nouveau mécanisme élargi de crédit (MEDC) est de nature à débloquer des montants importants de financement officiel des créanciers et de soutenir la consolidation budgétaire, malgré l’incertitude quant à l’adhésion continue de la Tunisie au programme”.