Une conférence sur “les plantes spontanées comestibles dans les régions de Sidi Bouzid (Centre) et Tataouine (Sud)”, s’est tenue dimanche 5 mars 2023 à Chbedda (Ben Arous), dans le cadre de la deuxième journée de la première édition du festival “Je mange tunisien”.
Dédiée à la souveraineté alimentaire, aux semences paysannes et aux traditions culinaires tunisiennes, cette première édition est organisée, les 4 et 5 mars 2023, par l’Association tunisienne de permaculture (ATP) au Centre de formation de la femme rurale à Chbedda.
Olfa Carous, ingénieure qui vient d’obtenir son doctorat en ethnobotanique, est revenue, dans sa présentation, sur la biodiversité très riche et variée dans les régions de Sidi Bouzid et Tataouine.
Elle a donné des éclairages scientifiques sur les plantes spontanées que les habitants de ces deux régions ont l’habitude de consommer et d’utiliser dans plusieurs repas et plats traditionnels ainsi que l’usage thérapeutique de certaines de ces plantes. Il s’agit, entre autres, de plantes consommées crues dans des salades printanières dont “El hommidha”, “Telma” et “Nbag”, fruit du jujubier, utilisé séché et broyé comme aliment de disette en remplacement des céréales.
Il s’agit également d’”EL Bok”, plante à capitule en bouchon dont la partie tendre et la tige ainsi que les graines sont consommés crus.
D’autres plantes spontanées telles que “El Harra”, “El guiz” dont les feuilles se consomment, à Sidi Bouzid, en salade ou cuites dans la préparation d’un couscous appelé en langage local “Kneff” à l’instar des plantes de “Salk et besbes Arbi” (blette et fenouil).
La spécialiste en botanique, qui a fait des recherches sur terrain à Sidi Bouzid et Tataouine, dans le cadre de son cursus universitaire, a cité également des plantes aromatiques dont “El Kammounia”, “El Hollab” et “Chih”.
Toutes ces plantes, dont la disponibilité dépend souvent de la pluviométrie sont menacées par la surexploitation et les changements climatiques. Leur reconnaissance et leur utilisation se limite de plus en plus aux personnes âgées, ce qui met en péril des traditions ancestrales importantes pour la souveraineté alimentaire et l’autosuffisance des ménages notamment dans les milieux ruraux, selon Olfa Carous.
Au programme du festival “Je mange tunisien”, qui est soutenu par l’Alliance africaine de la souveraineté alimentaire (AFSA), dans le cadre de son initiative “Je mange africain”, figurent des ateliers sur la lactofermentation, la cuisine avec les herbes spontanés comestibles et un marché de produits de terroir.
Un espace de semences paysannes a été aménagé dans le cadre de ce festival outre la présentation de conférences sur le caroubier en Tunisie, le rôle des paysans pour garantir un système alimentaire local et une animation axée sur la musique thérapeutique tunisienne et son patrimoine culinaire.