La Cinémathèque tunisienne prévoit, durant le week-end du 18 mars 2023, la projection de trois films d’Abdellatif Ben Ammar, en hommage posthume à ce réalisateur et producteur décédé le 6 février dernier.
Dans un communiqué publié mardi 14 mars, la Cinémathèque annonce que les projections seront organisées à l’occasion de la commémoration du 40ème jour du décès d’Abdellatif Ben Ammar (25 avril 1945 – 06 février 2023). Ce pionnier du 7ème art national s’est éteint à Tunis, sa ville natale, à l’âge de 80 ans.
Les films au programme sont des productions tunisiennes dont son premier long-métrage ” Une Si simple histoire ” (1970, 97′) qui sera projeté en format 35mm, le samedi 18 mars.
Pour la journée du dimanche 19 mars, il y aura la projection de deux autres longs-métrages, ” Sejnane ” (1973, 110′) et ” Le Chant de La Noria “, (2002, 107′) dont la projection sera en format 35mm.
Toutes les projections auront lieu à la salle Tahar Chériaa, à la Cité de la Culture.
A cette occasion, la Cinémathèque présente un texte écrit par Raouf Basti qui s’intitule ” Abdellatif, un militant culturel “. Cet ancien ministre de la Culture et ami de feu Ben Ammar a évoqué un créateur cultivé et un militant culturel imbu par l’amour de cette terre et par son obsession et son aspiration renouvelée pour le meilleur et le plus beau.
Il est revenu sur l’œuvre d’un cinéaste qui ” puise dans les profondeurs de notre mémoire collective avec un courage qui nous dresse face aux fragments des tragédies du passé récent et des tragédies du terrible présent “.
Pour Basti, feu Ben Ammar ” ne se contentait pas de réaliser des longs-métrages de fiction, mais excellait aussi dans la réalisation des documentaires, et il manie le langage cinématographique et les images qu’il véhicule, comme un joaillier qui maîtrise la sélection des pierres précieuses et les sertit “.
Il a encore parlé de ” l’un des premiers cinéastes à avoir réalisé que l’avancement de la production d’images dans notre pays passe inévitablement par la coopération et l’intégration entre les secteurs du cinéma et de la télévision “.
Abdellatif ben Ammar ” a apporté de précieuses contributions aux comités de réflexion relatives au développement du secteur audiovisuel, sans jamais renier ses principes en tant que créateur indépendant “, a estimé Basti.
Cet ancien du Lycée Alaoui avait fait des études à l’Institut des Hautes études cinématographiques (IDHEC) de Paris. Il a débuté son parcours dans des productions nationales et étrangères avant de fonder sa propre société de production.
Après avoir été assistant-réalisateur, il s’était lancé dans la réalisation de ses films dans le cadre de “Latif Productions”, une société fondée avec son ami Abdellatif Layouni. Le duo avait produit des documentaires, des fictions et des spots publicitaires.
A son retour en Tunisie, il avait occupé le poste de chef opérateur des “Actualités tunisiennes” (1965-1968) produites par la SATPEC (Société anonyme tunisienne de production et d’expansion cinématographique).
Ben Ammar était opérateur dans des films comme “Octobre 65” de Hassen Daldoul (1965) et Confession d’un cannibale de Moncef Ben Mrad (1973). Entre 1966 et 1973, il était également assistant-opérateur dans des films comme Les Aventuriers de Robert Enrico et Indomptable Angélique de Bernard Borderie.
Entre 1968 et 1975, il était assistant-réalisateur dans “Follow me” de Roberto Cavalloni et Justine de Joseph Strick, Biribi de Daniel Moosman, Rebel Jesus de Larry Buchanan, Le Messie de Roberto Rossellini et Les Magiciens de Claude Chabrol.
Dans “Jésus de Nazareth” de Franco Zefirrelli (1976), il occupait le poste de directeur de production.
Parmi ses premiers films, des courts-métrages, à savoir “2 + 2 = 5” coréalisé avec Hassen Daldoul et Mustapha Fersi (1966), Le Cerveau et Opération yeux (1967) et L’Espérance (1968).
Sa filmographie comporte plusieurs longs et courts métrages dont il est le producteur. Il est auteur d’un premier-long-métrage “Une si simple histoire” (1969), pour ensuite reprendre la réalisation de courts dont “Sur les traces de Baal (1970) et Mosquées de Kairouan (1973) et Métamorphoses (1977).
“Sejnane” est son deuxième long-métrage (1973) suivi de Sadikia (1975) et Aziza (1980), Le Chant de la Noria (2002), Khoutaf faouka assahab (2003) et Les Palmiers blessés (2010).
Abdellatif ben Ammar est trois fois primé aux Journées cinématographiques Carthage (JCC) dont deux Tanits de Bronze pour ” Une si simple histoire ” 1970) et Sejnane (1974) et un Tanit d’Or pour Aziza (1980). Ce dernier est sélectionné, au cours de la même année, à la Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle du festival de Cannes.
Son film “Sejnane” est également lauréat du prix spécial du jury au Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) en 1976.