Le déficit pluviométrique ayant atteint plus de 50% durant la période allant de septembre 2022 à la mi-mars 2023 a entrainé un manque de plus d’un milliard de m3 en termes d’apports aux barrages. C’est ce qu’a indiqué le directeur général du Bureau de la Planification et des équilibres hydrauliques au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Hamadi Habaieb.
Les réserves en eau disponibles dans les barrages (37 barrages au total) ont ainsi baissé de 390 millions de m3 par rapport à la même période de 2022, a-t-il précisé lors d’une conférence nationale sur les changements climatiques et les ressources hydrauliques, tenue mercredi 15 mars 2023 au siège de l’UTAP (Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche).
Il a évoqué l’impact du déficit pluviométrique sur le système hydraulique Sidi Salem – eaux de l’extrême nord qui regroupe plus de 18 barrages, alimente 7 gouvernorats en eaux d’irrigation (Béja, Bizerte, Grand Tunis et Nabeul) et fournit l’eau potable aux gouvernorats du Grand Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax.
850 000 m3 d’eau sont quotidiens
A cet égard, le taux de remplissage du barrage de Sidi-Salem (Testour-Béja), le plus grand barrage de Tunisie (avec une capacité de 580 millions de m3), ne dépasse actuellement pas les 16%, a-t-il alerté, soulignant la situation très critique de ce barrage très impacté par les changements climatiques.
Pour ce faire, il suggère au ministère de l’Agriculture de procéder à des coupures nocturnes de l’eau potable, dans quelques gouvernorats pendant l’été, dans la cadre de la stratégie de rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques, a-t-il affirmé.
“Le ministère œuvre actuellement à fournir l’eau potable et d’irrigation à partir des barrages de Sidi Barrak et Sejnane. Quelque 850 000 m3 d’eau sont quotidiennement transférés à partir du système hydraulique du nord, pour assurer la disponibilité d’eau potable”, a-t-il souligné, ajoutant que “le ministère accorde la priorité à l’eau potable, puis aux grandes cultures et à l’irrigation des arbres fruitiers”.
Eaux traitées vs eau de dessalement
Commentant une proposition formulée par l’UTAP concernant l’utilisation de la technique de dessalement de l’eau de mer pour couvrir les besoins en irrigation, Habaieb a estimé que cette technique est encore coûteuse (3 dinars/m3), ce qui explique le choix retenu par l’Etat d’orienter les eaux issues des stations de dessalement (celle de Djerba et les 3 autres en cours de réalisation à Gabès, Sfax et Sousse) vers les besoins en eau potable.
Habaieb évoque également l’orientation retenue vers l’intensification de l’utilisation des eaux traitées dans l’irrigation des grandes cultures face à la rareté des ressources en eau, sachant que l’utilisation de ces eaux par le secteur agricole ne dépasse pas actuellement 8%.