Quatre consortiums d’entreprises dirigées par des femmes viennent d’être constitués juridiquement sous forme de groupements d’intérêts économiques (GIE) pour la première fois en Tunisie.
La création de ces consortiums actifs dans les secteurs de l’artisanat et des cosmétiques, l’agriculture et l’agroalimentaire, les services et les technologies de l’information et de la communication (TIC) s’inscrit dans le cadre du projet “Promotion des activités d’exportation vers de nouveaux marchés de l’Afrique subsaharienne (PEMA II)”.
Composés de 52 femmes cheffes d’entreprise, ces groupements dont chacun dispose désormais d’une marque sous le branding “Women Export” (WE) ont été présentés, vendredi 17 mars 2023 à Tunis, auprès de l’écosystème exportateur et du grand public.
L’objectif est de les faire gagner en visibilité pour augmenter leur notoriété au niveau local et international et renforcer leur positionnement en tant que consortiums d’exportation composés d’entreprises dirigées par des femmes.
En effet, après un parcours d’une année au cours de laquelle des femmes cheffes d’entreprises ont bénéficié d’une série d’ateliers et d’un accompagnement, la phase de constitution des consortiums s’est achevée par la signature des statuts juridiques de quatre nouveaux groupements d’intérêt économique.
Plan d’action pour la période 2023/2024
Les femmes entrepreneures, qui ont formé ces quatre groupements selon leurs secteurs d’activités, se penchent, actuellement, sur l’élaboration de leur plan d’action pour la période 2023/2024 en vue d’exploiter le potentiel des marchés subsahariens.
Le consortium des ” Technologies de l’Information et de la Communication ” (WE TIC) est composé de 13 entreprises spécialisées dans les secteurs des transformations digitales et data, formation et technologies de l’éducation et marketing et communication digitale proposant des solutions orientées Web, Mobile, réalité virtuelle, réalité augmentée et Data.
L’objectif est de lui (WE TIC) permettre de devenir le principal fournisseur de services TIC en Afrique en offrant un package complet, unique et personnalisé pour ses partenaires et offrir un large éventail de solutions IT qui répondent à leurs besoins.
S’agissant du consortium “Services” (WE Value), il est composé de 10 cabinets de consulting et de formation gérés par des femmes. Il opère dans les domaines du conseil, de l’accompagnement et de la formation au profit des entreprises et des organisations.
Il soutient l’activité des entreprises à travers diverses expertises (missions ponctuelles ou durables, accompagnement ou mise en œuvre déléguée, pour apporter de la valeur ajoutée, a indiqué la présidente du groupement, Wafa Ben Abdallah.
Pour ce qui du consortium “Artisanat et Cosmétique” (WE Create), il regroupe 13 entreprises opérant dans le cosmétique, la maroquinerie et le textile, outre la décoration et le design qui promeuvent la création de produits artisanaux dérivés de la nature tout en respectant l’environnement.
Quant au consortium “Agroalimentaire Agriculture” (WE RAISE), il est constitué de 11 femmes entrepreneures opérant dans l’agriculture, qui ont décidé d’unir leurs savoir-faire pour offrir des produits du terroir d’une grande qualité et d’une grande valeur nutritive, a indiqué la présidente du consortium, Dhouha Azri.
Fondatrice d’une entreprise spécialisée dans la transformation et la conservation de fruits et légumes et le conditionnement de l’huile d’olives, Azri assure que WE RAISE vise à être ” une référence du développement durable et rayonner à l’international avec la meilleure offre de produits sains et naturels issus d’un savoir-faire ancestral du terroir tunisien “.
L’objectif est d’améliorer et stabiliser le niveau de revenu des agriculteurs agricultrices, proposer une transformation alimentaire intégrée, de la ferme au marché, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable et chercher les synergies entre les membres pour un meilleur accès au marché.
Le chef de la coopération allemande à l’ambassade d’Allemagne en Tunisie, Fritz Jung, a rappelé que les ministères allemands des affaires étrangères et de la Coopération économique et du développement ont adopté, début mars une stratégie de développement “féministe” qui désormais oriente toutes les actions extérieures de son pays.
Seulement 3% des produits tunisiens sont exportés vers l’Afrique subsaharienne
L’Afrique subsaharienne enregistre le taux le plus élevé au monde de femmes impliquées dans l’activité entrepreneuriale, soit 26%. Cependant, entre 70 et 80% des commerçants informels africains sont également des femmes, a-t-il déploré.
Evoquant la situation en Tunisie, Jung a rappelé que le pays occupe la première place en Afrique du Nord au niveau de l’intégration des femmes, d’où la nécessité de valoriser leurs perspectives.
Il a rappelé que la Tunisie n’exporte qu’une proportion minime (3%) de ses produits vers l’Afrique subsaharienne en se focalisant sur un nombre restreint de pays.
La diversification des partenaires commerciaux est cruciale pour la Tunisie afin de pouvoir exploiter le dynamisme économique des marchés en Afrique subsaharienne dans le futur, a-t-il avancé.
Plus d’ambition…
Et d’ajouter: l’intérêt est de mettre l’accent sur le commerce avec le continent africain où la Tunisie peut jouer un rôle plus important étant donné son économie avancée et sa proximité aux marchés européen et arabe.
Mandaté par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), PEMA II est mis en œuvre par l’Agence allemande, en partenariat avec le ministère tunisien du Commerce et du Développement des exportations et le Centre de promotion des exportations CEPEX.
Il s’adresse aux PME et vise à soutenir les entreprises dirigées par des femmes, qui sont sous-représentées et peu actives dans le domaine de l’exportation.
En collaboration avec son partenaire le CEPEX, le projet propose une gamme de services et d’accompagnements aux entreprises.