D’abord la bonne nouvelle. Le Centre de veille économique (EIU), basé à New York, a publié dans la matinée du 30 mars 2023 une note mettant la Tunisie en vedette en termes de niveau d’études moyens attendus (excepted), dans les pays africains examinés. Certes, la Tunisie s’appauvrît en termes de PNB per capita, mais l’éducation reste sur sa lancée initiée par Bourguiba… et relayée par les parents, de génération en génération.
Le couplage de ces deux indicateurs fait que la Tunisie reste une société peu nantie mais où l’éducation et le développement du capital humain occupent une place de choix. L’éducation en Tunisie serait un bien normal, pas un bien de luxe !
Ensuite la mauvaise nouvelle. Presque 40% des jeunes diplômés sont au chômage de longue durée. Le marché du travail est dysfonctionnel, l’économie de rente (synonyme de non concurrentielle) ferme les portes de l’emploi aux jeunes. Les réformes requises pour réhabiliter les mécanismes du marché sont bloqués, grippés et verrouillés. Les taux d’intérêts sont inabordables faute de concurrence dans le système bancaire.
Le blocage est aussi le fruit de cette alliance entre les politiciens de tous acabits (par incompétence ou par connivence) avec les lobbyistes et rentiers du système.
Kaïs Saïed ne fait rien pour réformer l’économie, il ne comprend pas l’économie et ne veut rien comprendre de ses enjeux. C’est pourquoi il est de facto complice du statu quo… et de ceux qui lèvent le veto à toutes les réformes de réduction de la taille de l’Etat léviathan, contre la libre concurrence entre les banques, entre les entreprises…. La concurrence au mérite. La vérité des prix, et la performance fondée sur le mérite et le progrès.
Au passage, le Maroc et l’Egypte font un meilleur PNB per capita comparativement à la Tunisie… dans le graphique !
Un graphique vaut 1000 mots (maux) !
Le texte qui suit traite juste de la bonne nouvelle …pensez-y !
L’éducation est d’une importance cruciale pour le développement personnel individuel et, comme l’affirme l’ONU, “est un droit humain fondamental et essentiel pour l’exercice de tous les autres droits de l’homme”. Il est également fortement corrélé au développement économique d’un comté.
Bien qu’il existe des défis méthodologiques et des facteurs compensatoires (niveau de dotation en ressources naturelles, instabilité politique, mauvaise gouvernance), des études ont prouvé qu’une population mieux éduquée se traduit par une économie plus riche et plus développée.
Un instantané brut examinant les années de scolarité prévues, telles que compilées par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et les estimations du revenu par habitant de l’EIU pour les pays africains confirme cette tendance (voir graphique).
À l’extrémité inférieure, avec de faibles années de scolarité et un faible revenu par habitant, il y a le Niger et le Mali, qui se rendent à Maurice avec des années de scolarité élevées et un revenu élevé par habitant.
Les divergences de tendance peuvent s’expliquer par les dotations en ressources (pâte au Gabon, diamants au Botswana) et l’impact négatif de l’instabilité politique et de la faiblesse de la gouvernance (Tunisie, par exemple, où les années de scolarité sont élevées).
Bien que les avantages soient clairs, l’Afrique, ou plus particulièrement l’Afrique subsaharienne, continue de lutter pour éduquer pleinement sa population en expansion. Cela a été rendu encore plus difficile par l’impact de la pandémie de Covid-19, qui a gravement perturbé la scolarité. Une vague de rapports récents des agences des Nations unies et de la Banque mondiale met en évidence les défis.
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) estime que 98 sur 100 enfants âgés de 06 à 18 ans ne sont toujours pas scolarisés en Afrique subsaharienne, tandis que la mise à jour State of Global Learning Poverty 2022 rapporte que près de neuf enfants sur dix en Afrique subsaharienne sont incapables de lire et de comprendre un texte simple à l’indice mondial de pauvreté multidimensionnel 2022 du PNUD (l’éducation est l’une des trois dimensions, avec la santé et le niveau de vie) indique également que le nombre de personnes pauvres est maintenant le plus élevé en Afrique subsaharienne (579 m) pour la première fois.
Les perspectives de croissance et de développement de l’Afrique à moyen et à long terme seront fortement influencées par la rapidité avec laquelle ce déficit en matière d’éducation est traité.
L’économie mondiale est de plus en plus orientée vers les connaissances et les compétences numériques sans lesquelles beaucoup peuvent avoir du mal à trouver un travail productif, avec des risques de troubles sociaux qui en découlent. Malgré les pressions économiques persistantes dans de nombreux pays, nous nous attendons à ce que le soutien à l’éducation soit une priorité, même si certains pays cherchent à restructurer les dettes et à mettre les dépenses sur une voie durable.
Moktar Lamari