Figure de proue du secteur de l’eau en Tunisie, Ameur Horchani, ancien secrétaire d’Etat chargé des Ressources hydrauliques au temps de Ben Ali, avait proposé, de son vivant, la stratégie à suivre pour s’adapter au réchauffement climatique.
Intervenant le 20 janvier 2018 à Tunis, lors d’un débat sur «les nouveaux défis de l’eau en Tunisie», Ameur Horchani, surnommé également “Monsieur barrages“, avait résumé l’état des lieux et les perspectives du secteur.
Il avait notamment déclaré que la Tunisie, après avoir accompli l’effort louable de mobiliser tout ce qui peut l’être et de construire les barrages les plus rentables, se doit, dans la perspective du déficit hydrique, se préoccuper de la gestion intégrée de ce qu’il appelle «le hasard des aléas climatiques». Allusion à la survenance brutale et brusque de phénomènes naturels (inondations, sécheresses hivernales…).
Concrètement, l’éminent hydrologue, décédé le 5 août 2021, avait appelé à une bonne maîtrise des données de la météorologie et à stocker au maximum les eaux des crues et à les économiser au maximum lors des périodes de sécheresse.
Cette recommandation est aujourd’hui d’une brûlante actualité en ce sens où la Tunisie vient de connaître cette année un hiver peu pluvieux, ce qui va compromettre sérieusement la production agricole pluviale et l’alimentation du pays en eau potable.
C’est pourquoi, la Tunisie, qui a traîné les pieds avant de s’adapter au réchauffement climatique…, se doit de réfléchir sérieusement sur les moyens de stocker l’eau de pluie, que ce soit à travers les techniques traditionnelles du majel (citerne domestique) pour les particuliers ou des méga-bassines pour les cultures agricoles.
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Des méga-bassines pour sauver les cultures en période de sécheresse
Concernant les méga-bassines, technique très développée dans les pays européens, elles sont retenues comme des réserves hydriques d’appoint. En effet, pour continuer à irriguer les cultures, malgré les sécheresses hivernales et estivales et les pénuries d’eau, le monde agricole a inventé la “méga-bassine“. Il s’agit de gigantesques “piscines“ d’une dizaine d’hectares où est stockée, pour les périodes sèches, une eau pluviale collectée lors de la saison des pluies ou prélevée dans les nappes phréatiques pendant l’hiver pluvieux.
Pour les scientifiques, le prélèvement dans les nappes phréatiques a un impact négligeable sur les nappes souterraines dans les pays bien arrosés, en ce sens où, lors de la période hivernale, le niveau de la nappe phréatique et des rivières remonte.
Néanmoins, cette règle n’est pas générale. Son succès dépend de la spécificité de l’écosystème dans lequel sont aménagées ces méga-bassines.
Ainsi, dans le cas de la Tunisie, pays aride et semi-aride, ce scénario est impossible parce que les nappes souterraines sont surexploitées au fort taux de 130%, par l’effet des forages anarchiques non contrôlés (plus de 21 000). Elles ne peuvent pas, par conséquent, être utilisées pour alimenter en eau les méga-bassines.
Par contre, le stockage des eaux de ruissellement dans ces ouvrages est largement souhaité en Tunisie. Il est retenu comme un appoint de taille pour l’irrigation des cultures en période déficit pluviométrique.
Les majels, objet de textes réglementaires inapplicables
Concernant la collecte de l’eau par les particuliers par le canal des citernes domestiques appelées « majels », cette option est réalisable au regard du savoir-faire dont engrange le pays en la matière. Malheureusement l’Etat ne se démène pas assez pour encourager les Tunisiens à se doter de ces citernes.
Les incitations instituées dans les trois textes réglementant l’équipement de foyers et bâtiments administratifs de majels, en l’occurrence le décret 1125 du 22 août 2016, le décret 171 du 19 février 2018 et un article de la loi de finances 2023, sont tout simplement des pétards mouillés.
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A défaut de communication et de volonté politique réelle, ces textes brillent par leur inapplicabilité. Ce n’est pas une surprise. La Tunisie est réputée pour être un pays champion en matière d’inapplicabilité de ses lois.
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