Une nouvelle étude montre que les prêts au sauvetage octroyés par la Chine ont grimpé à 104 milliards de dollars entre 2019 et la fin de 2021 aux participants à son initiative Belt and Road, le plus grand programme d’infrastructure transnationale jamais réalisé au monde.
Ce chiffre, bien que frappant, est mineur par rapport aux niveaux globaux d’endettement des marchés émergents. L’Institute of International Finance, une association du secteur financier, estime que la dette totale des pays en développement a atteint un record de 98 milliards de dollars à la fin de 2022, après que les gouvernements et les entreprises aient rempli leurs bottes ces dernières années.
Avec tant de dette pesant sur les économies les plus faibles du monde, il ne faudra pas grand-chose pour pousser plusieurs d’entre elles en défaut. Les pressions s’accumulent. Un dollar américain plus fort augmente l’évaluation de la dette extérieure en monnaie nationale. Des taux d’intérêt plus élevés, nécessaires pour lutter contre l’inflation, augmentent également les coûts du service de la dette. La guerre en Ukraine exacerbe les incertitudes.
L’impact de la coordination retardée est clairement visible. Fitch affirme qu’il y a eu neuf défaillants souverains depuis 2020, y compris les situations non résolues au Sri Lanka et en Zambie.
Les demandes concurrentes entre les organisations multilatérales, la Chine, les autres créanciers bilatéraux et les détenteurs d’obligations privées sont si complexes qu’il faut maintenant trois fois plus de temps pour résoudre un défaut de paiement qu’en moyenne au cours des deux décennies précédant 2020, selon Fitch.
Toutes les parties – la Chine, les prêteurs multilatéraux, les autres prêteurs bilatéraux et le secteur privé – doivent être prêtes à subir des pertes.
Le Club de Paris est dépassé
Un nouveau cadre institutionnel est nécessaire. Si Pékin se sent allergique au Club des créanciers de Paris, alors le nouveau cadre pourrait potentiellement être construit autour du G20, qui est souvent le forum international préféré de la Chine.
Les parties prenantes doivent cependant être claires sur le fait que l’objectif ne devrait pas être simplement de relancer l’initiative de suspension du service de la dette du G20, qui a expiré à la fin de 2021.
Le DSSI a rempli une fonction précieuse en fournissant un allégement sur les paiements d’intérêts sur la dette de 73 des pays à faible revenu du monde.
Ce qu’il faut maintenant est plus ambitieux : un cadre convenu pour la restructuration de la dette des pays en développement.
L’opposition à un tel système sera sans aucun doute forte. Mais le fait de ne pas saisir l’ortie maintenant ne fera qu’exacerber les pertes éventuelles pour tous les créanciers.
Pékin devrait se rendre compte qu’un cadre dans lequel les décotes sont réparties uniformément entre les créanciers est son meilleur espoir non seulement de limiter les pertes éventuelles, mais aussi de préserver sa réputation dans les pays à faible revenu.