Le sujet de ce 2è épisode abordera avec Mame Riadh Zghal, la fuite des cerveaux et des compétences à l’étranger, quelles répercussions et comment y remédier
Comment évaluer les répercussions des fuites des cerveaux et des compétences tunisiennes à l’étranger ?
L’acte est un comportement et le comportement nait de notre culture
Si on veut comprendre la problématique de la grande envie d’immigrer, il faudra se questionner sur les forces qui régissent les sociétés qu’on fui et les sociétés pour lesquelles on veut immigrer.
J’ai écrit un article en 2011 : Je ressens l’odeur d’une révolution qui se meurt et je me pose la question sur le rôle des jeunes.
Après la révolution la nomination classique du chômage ou du chômeur, a été remplacé par chômage provoqué ou chômeur par l’acte délibéré de quelqu’un ou quelque chose.
La problématique de l’immigration est complexe, ca ne veut pas dire que l’immigré tunisien ne veut servir son pays.
Au sein des entreprises tunisiennes il existe un toit en verre qui bloque l’évolution de la femme. Vu ces occupations nombreuses, famille, maison, travail, elle n’a pas le temps de créer un réseau de connaissances qui lui permet d’évoluer.
Quelles stratégies doit utiliser l’État pour plaire aux jeunes et ainsi leur offrir l’envie de rester en Tunisie ?
Le chômage chez les filles est le double de celui des garçons, même si elles sont plus nombreuses à réussir leurs études.
Nous n’avons pas de lois sur la discrimination genre pour le recrutement dans l’entreprise.
Au sein des entreprises tunisiennes il existe un toit en verre qui bloque l’évolution de la femme. Vu ces occupations nombreuses, famille, maison, travail, elle n’a pas le temps de créer un réseau de connaissances qui lui permet d’évoluer.
Le chômage chez les filles est le double de celui des garçons, même si elles sont plus nombreuses à réussir leurs études.
En Tunisie nous n’avons pas de lois sur la discrimination genre au niveau du recrutement dans l’entreprise.
Il n’y a pas de recette miracle pour garder nos jeunes, les stratégies de l’état doivent épouser les réalités et le quotidien de nos enfants.
L’immigration peut être très positive et offrir aux immigrés une ouverture sur le monde, un meilleur savoir et même créer une économie circulaire en réinvestissant dans leurs pays d’origine.
L’état Tunisien gagnerait à avoir des stratégies sectorielles pour garder les compétences locales, investir dans la chaine de valeurs suivant les besoins régionaux pour offrir aux jeunes des opportunités et les inciter à rester sur place.
Les spécificités locales et régionales doivent être comprises et respectées, il faudra s’y adapter en planifiant et en finançant des projets ajustés aux besoins locaux.
Le travail ne peut être que long terme afin de construire un nouvel environnement à nos jeunes, le but est de les responsabiliser face aux problématiques de leurs localités et aussi dans les affaires publiques.
L’entreprenariat social et solidaire ainsi que le rôle des RSE peuvent révolutionner le quotidien des jeunes et de leurs localités.
Si on veut changer pour une vraie démocratie, la solution est dans un système participatif. Chaque région a ses propres ressources autour desquels il faudra valoriser les différents savoir-faire historiques et nouveaux, afin de créer une dynamique d’intérêts communs et ainsi provoquer l’apparition d’une intelligence collective.
Une nouvelle gouvernance doit se baser sur un partage du pouvoir, et en acceptant des idées nouvelles et des solutions innovantes.
Il y a un besoin d’une vision et de stratégies de l’état tunisien pour pouvoir négocier avec les gouvernements du nord le départ provoqué de nos compétences. La responsabilité des pays du nord leur incombe un rééquilibrage des forces en investissant plus et en payant pour l’éducation, la formation et le développement de la recherche en Tunisie.
La diminution de l’écart de développement, les opportunités économiques et de meilleures conditions de vie et de travail en Tunisie permettrons à diminuer l’immigration et même à renverser les flux migratoires.
Le Covid, l’intelligence artificielle et les changements climatiques ont complètement transformé le marché de l’emploi et des compétences, dans quelles conditions la Tunisie pourrait rêver d’attirer les talents de la région ?
La Tunisie est parmi les rares pays de la région, prédisposé à avoir une stratégie dans le secteur de l’intelligence artificielle.
L’enjeu stratégique du développement passent par l’intégration des jeunes dans la réflexion et la prise de décisions parce qu’eux seuls peuvent suivre l’évolution rapide des transformations technologiques.
Si dans notre pays le talent existe et l’écosystème n’existe pas, le talent sera automatiquement orienté vers des écosystèmes qui peuvent le faire évoluer.
Le changement passera par un sang nouveau plus jeune et mieux adapté aux changements.
L’Allemagne a fait évoluer son industrie grâce à l’amélioration du processus de l’industrie artisanale. La stratégie du Japon dans l’innovation est de passer par des entreprises privées pour travailler sur la recherche et développement par contre les USA ont choisi d’investir dans l’industrie de l’armement.
Il faut dire la vérité, nous avons une pollution intellectuelle qui fait passer les vieux comme avantagés sur les jeunes parce qu’ils sont meilleurs, dans la même catégorie de croyances nous pensons qu’on est meilleurs que nos amis africains, le racisme n’est pas une rumeur.
Si on accepte l’ouverture sur le monde, il faudra accepter que l’immigration puisse être un danger comme elle est certainement une opportunité, qui se veut basée sur des valeurs. L’ouverture sur l’autre est avant tout un enrichissement culturel sans limite.
Malgré nos différentes appartenances, nous avons notre spécificité, notre Tunisianité.
Mon message à nos expatriés, est de ne pas seulement envoyer de l’argent mais surtout investissez dans le développement durable et utilisez vos expériences pour apporter une valeur ajoutée effective en Tunisie et participer à créer une mise à niveau des connaissances et des compétences.
Madame Riadh Zghal
Riadh Zghal née Chaabouni est docteur d’Etat en sciences de gestion et docteur 3e cycle en sociologie de l’université d’Aix- Marseille III.
Professeure universitaire, elle a été doyenne élue de la faculté des Sciences économiques et de Gestion de Sfax.