Dans ce 4ème épisode l’invité est Jamel Ksibi, Président de la Fédération des Entrepreneurs de B.T.P, le sujet de l’entretien portera sur l’UTICA, un groupement d’intérêt en déperdition ou une institution vitale pour la relance économique de la Tunisie ?

L’Utica 2023 ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?

  • Les Tunisiens vivent aujourd’hui dans une essoreuse qui est en train de faire découvrir ce qui était caché depuis des années.
  • L’économie tunisienne est basée sur trois piliers, l’administration, l’Utica et l’Ugtt.
  • L’Utica c’est 125.000 adhérents et 25.000 élus.
  • Pour moi le patronat c’est avant tout les créateurs d’emplois et non les patrons.
  • L’Utica avant l’indépendance portait le nom de Farhat Hached et Cheikh Ben Achour.
  • L’Utica existe pour trois raisons principales, améliorer le climat des affaires, développer un contrat social solide et aider à construire des politiques publiques.
  • Un pays ne peut se développer et croitre que grâce à son éducation et sa bonne gouvernance.
  • Une économie forte et durable a besoin avant tout de démocratie et de méritocratie.
  • Une entreprise qui se respecte doit avoir la voie opposante au sein de sa gouvernance.
  • D’après moi un chef d’entreprise ne doit pas être surexposé, vivons heureux vivons cachés.
  • L’octroi de marchés publics par des entreprises tunisiennes est vital pour toute l’économie.
  • En tant que fédération nous ne demandons pas un monopole des marchés publics, nous demandons simplement de ne pas être évincés pour des raisons inexplicables.
  • La force de l’Utica aujourd’hui est les fédérations sectorielles et les unions régionales.
  • La faiblesse de l’Utica est dans son manque de vision et de collaboration avec l’état afin d’être acteur dans les politiques publiques
  • Contre la rente et le système. Rentier, la solution est dans l’ouverture, la transparence et la concurrence dans tous les domaines.
  • Le danger aujourd’hui à l’Utica est de croire que nous n’avons pas un rôle à jouer dans le sauvetage économique du pays et surtout ne pas tomber dans le désespoir.
  • Le grand souci démocratique à l’Utica est le manque de pratique démocratique ainsi que le processus des élections.
  • L’Utica doit être dans la prévision et la planification non dans la réaction et le tâtonnement.
  • Si on se présente en face de l’administration et aux autres partenaires avec une crédibilité et un patriotisme, on se fait écouter et respecter.


Quelles images des entreprises et des entrepreneurs tunisiens et comment l’améliorer ? Et comment participer à la relance économique dans notre pays ?

  • Si on prend en exemple un pays comme le Canada, on cherche les leaders et les chefs d’entreprises partout dans le monde afin de leurs offrir des entreprises toutes prêtes à diriger alors qu’en Tunisie on leur met tous genres de blocages.
  • En Egypte une description respectueuse de quelqu’un d’important on lui dit « Fatah Bouyout » cad créateur d’emplois.
  • En Tunisie quoi qu’on dise du créateur de richesses, quand il se déplace dans la rue, il est respecté et les gens l’apprécient.
  • Quand vous êtes quelqu’un de crédible vous êtes apprécié et votre image sera forte et rayonnante.
  • La première chose que ne doit pas faire l’Utica est de défendre des adhérents qui ne respectent pas la loi.
  • Les hommes d’affaires qui font des choses non respectueuses des valeurs et cherchent à vivre dans l’impunité et hors la loi doivent être suspendu et mis aux bancs de la société économique.
  • La RSE est l’un des outils qui permettent la justice sociale et peut améliorer l’image de l’entreprise.
  • La valeur de la liberté est essentielle à la croissance et à redorer l’image de la Tunisie auprès de ses partenaires.
  • La vraie guerre psychologique est de douter de soi-même, sans renouer avec la confiance pas d’avenir.
  • Pour contrer le monopole et le trafic des denrées alimentaires, il faudra sans doute diffuser une information claire, transparente et experte.
  • La relance passe avant tout par la reconstruction de la confiance et de la crédibilité des différents acteurs.
  • Rebâtir avec les partenaires sociaux l’éducation, la santé, et le transport public.
  • En collaboration avec l’Ugtt nous travaillons sur un nouveau pacte sectoriel au sein de l’entreprise pour intégrer la RSE, la sécurité au travail, et la bonne interaction entre différentes personnes sur le lieu du travail.
  • L’urgence est dans l’optimisation des infrastructures logistiques comme le port ou l’aéroport, et dans la restructuration des entreprises publiques comme phosphates Gafsa ou autres.
  • Notre priorité d’investissement doit être dans les énergies renouvelables comme ex le solaire.
  • Notre compétitivité comme entreprise tunisienne est reliée à la compétitivité des entreprises de services publiques comme la Sonede, la Steg et pleins d’autres.
  • Dans mon entreprise depuis que nous avons investi dans le solaire, nous ne payons plus d’électricités à part les frais fixes.
  • C’est primordial d’investir dans les Tics et la digitalisation de l’administration (Finance, l’intérieur, justice).
  • Relancer le partenariat public et privé dans le BTP aboutira à la création de milliers d’emplois.


Comment rebâtir une économie compétitive et quel en sera le rôle de l’Utica ?

  • Diminuer les autorisations pour faciliter l’investissement.
  • Une priorité nationale que nous facilitons à nos startups de collaborer et participer en PPP avec l’état à des projets innovants.
  • Je propose à l’Utica de travailler avec des Think-tank comme l’Iace pour élaborer des études sectorielles et de développer des projets communs.
  • La force de l’Utica est dans son hétérogénéité, la valeur travail se transmet de haut en bas et de bas en haut, entre petites, moyennes et grandes entreprises.
  • Notre fédération travaille avec l’université de Carthage pour intégrer le BIM un outil révolutionnaire dans la transformation digitale dans le secteur du BTP.
  • Nous avons 1 Million 200 milles tunisiens qui ont besoin urgent d’éducation et de formation professionnelle, c’est notre plus grand danger social.
  • Présenter et défendre un projet de restructuration de l’Utica et un projet de relance de l’économie tunisienne au sien du patronat est une obligation et une responsabilité pour chaque leader chef d’entreprise adhérent de la centrale.
  • L’Utica doit avoir un rôle primordial à rebâtir la confiance autour du chef d’entreprise, développer la culture de l’export et aider l’administration à se restructurer.
  • L’Utica et l’Ugtt sont des organisations nationales et patriotes, nous devons ensemble jouer un rôle constructeur, trouver des solutions à la crise et assurer la stabilité sociale.
  • Rien ne peut réussir sans la femme, idem à l’Utica.
  • Les unions régionales manquent de formation, de networking et d’accompagnement. Leurs forces c’est qu’elles connaissent très bien le besoin économique de leurs territoires et peuvent rapidement participer à l’amélioration de leur écosystème.
  • L’Utica devra institutionnaliser le travail entre les fédérations sectorielles et les unions régionales afin de faciliter et renforcer l’investissement.


Jamel Ksibi,
Fondateur & Gérant Groupe Luxor (bâtiments, travaux publics) industrialisation et commercialisation des produits techniques de bâtiment et l’exploitation agricole.

Président de la Fédération des Entrepreneurs de B.T.P., Vice-président de la Fédération nationale des exportateurs. Membre de la commission de résolution des litiges à l’amiable auprès de la cheffe du gouvernement, membre du conseil scientifique de l’ENIT.