Le système bancaire tunisien compterait parmi les systèmes les plus exposés aux risques, en raison du resserrement des conditions financières internationales, et c’est à la suite de l’augmentation des taux d’intérêt à long terme. C’est ce que révèle l’agence de notation américaine, Standard & Poor’s (S&P), dans un rapport publié lundi 17 avril 2023.
L’exposition des banques à ces pressions peut être directe, par le biais de leur propre dette extérieure nette, ou indirecte, en raison des faiblesses des entreprises ou des Etats liés à la dette extérieure nette, explique l’agence dans ce rapport qui analyse l’impact du financement externe sur les banques de cinq économies émergentes : la Tunisie, l’Egypte, l’Indonésie, le Qatar et la Turquie.
La Tunisie fait partie des pays qui sont les plus vulnérables aux risques indirects du durcissement de la politique monétaire internationale, en raison de l’instabilité politique actuelle et l’incapacité du gouvernement à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
Les risques
L’agence américaine estime que l’échec de cet accord pourrait mettre “sous forte pression” financière le gouvernement et ne sera pas sans impact sur l’économie et le système bancaire. “Si le pays n’est pas en mesure d’obtenir un programme du FMI, ou du moins d’attirer un soutien bilatéral ou multilatéral d’autres parties, il connaîtra probablement une instabilité majeure de la balance des paiements ainsi qu’une instabilité budgétaire et monétaire”, prévient Standard & Poor’s.
De plus, l’incapacité de la Tunisie à obtenir un soutien financier externe la pousserait à manquer à ses obligations financières.
Cela pourrait s’accompagner d’une dépréciation importante du dinar tunisien et d’une forte hausse de l’inflation, alerte encore l’agence américaine.
Vers une recapitalisation des banques
Pour les banques tunisiennes qui figurent parmi celles qui ont le financement externe le plus élevé, soutenues par les dépôts des sociétés offshore et des expatriés, et l’utilisation de lignes de financement multilatérales, cela signifierait “probablement” de grandes pertes qui engendreraient leur recapitalisation.
Bien que S&P ait prévu que le gouvernement sera en mesure de mobiliser les ressources nécessaires pour éviter une telle crise, elle estime néanmoins que ces risques demeurent possibles dans les 12 prochains mois.