Au regard de l’exacerbation du déficit hydrique dans le pays et du peu d’efforts fournis pour prévenir les pénuries d’eau par le département en charge du secteur de l’eau, en l’occurrence le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche, des voix commencent à s’élever pour réclamer, haut et fort, l’autonomisation de la gouvernance de l’eau.
Simples citoyens, institutions de contrôle et scientifiques sont unanimes pour relever que l’expérience a montré que l’eau, en tant qu’élément structurant de toutes les activités de la vie, ne peut être l’apanage d’un seul ministère. Et pour cause : ses départements centralisent trop de responsabilités et trop de pouvoirs décisionnaires concernant l’eau.
S’agissant des citoyens, ils sont exacerbés par les multiples coupures d’eau, le plus souvent sans aucun préavis. Beaucoup d’entre eux en sont privés, particulièrement en période estivale.
Quant aux institutions de contrôle, la Cour des comptes a publié, en 2021, un rapport accablant sur la mauvaise gestion des eaux dans l’irrigué. Principale révélation : les pertes d’eau dans les cultures irriguées sont estimées entre 40 et 50%.
Les conclusions des scientifiques sont également alarmantes. D’après Raoudha Gafrej, ingénieure, docteur en sciences de la Terre et universitaire, il est anormal que le ministère de l’Agriculture accapare à lui seul toutes les tâches concernant l’eau. Il est anormaln a-t-elle dit, qu’il soit à la fois « le concepteur, le programmateur, l’utilisateur, le mobilisateur, le gestionnaire, le pollueur, le contrôleur, le protecteur, le régulateur… ».
Pour elle, en tant que secteur transversal et hautement stratégique relevant, en principe de la haute sécurité de l’Etat, cet élément structurant doit relever d’un ministère de souveraineté indépendant dépendant directement de la présidence de la République ou à la limite de la présidence du gouvernement.
Dont acte.