L’état des lieux, les perspectives de la conjoncture économique en Tunisie en 2023 et les contributions sectorielles, notamment les domaines des céréales, du numérique, de l’énergie, de l’écologie, de la subvention et des denrées alimentaires, tels sont les principaux chapitres du nouvel ouvrage ” La Tunisie au milieu du gué “, qui a été présenté samedi 6 mai 2023, à la Foire internationale du livre du Kram.
Il s’agit d’une publication du think tank Global Institute 4 transitions (GI4T), réalisée par une douzaine d’universitaires et d’économistes, a indiqué Maher Gassab, professeur universitaire à l’Ecole supérieure du commerce et coordinateur de cette publication.
Cet ouvrage collectif vient combler l’absence quasi-totale de ce type de travaux vulgarisés axés sur des questions fondamentales de l’économie et qui ciblent le grand public (médias, société civile et décideurs politiques) .
Tout en gardant la même architecture, cet ouvrage sera actualisé une fois par an en examinant d’autres sujets d’actualité, a-t-il précisé, annonçant que l’édition 2024 se focalisera sur les questions liées au développement régional et l’industrie .
L’économiste Aram Belhadj, qui a contribué à ce travail, a abordé la question de la stagflation, les spécificités tunisiennes, proposant dans cet ouvrage des voies de sorties non conventionnelles .
Selon lui, la stagflation que vit la Tunisie, caractérisée par un chômage élevé et une inflation galopante, compte parmi les situations les plus compliquées, car les politiques économiques ne sont pas assez simples et faciles à cerner.
Pour Belhaj, afin de faire face à cette situation, il faut identifier des solutions au chômage sans aggraver le problème de l’inflation et vice versa.
Toutefois, les spécificités tunisiennes, dont l’essoufflement du modèle de développement, le rétrécissement des marges de manœuvre, la dépendance vis-à-vis des marchés mondiaux et le dysfonctionnements des circuits de distribution, compliquent encore davantage la stagflation, estime l’économiste. “La stagflation est devenue un problème aigu, d’où la nécessité de recourir à des politiques non conventionnelles”, a-t-il fait savoir.
Ces politiques concernent la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les investissements, l’achat des dettes de quelques entreprises publiques pour leur donner une bouffée d’oxygène, et la réalisation d’investissements ciblant les secteurs productifs.
Pour sa part, l’expert-comptable Anis Wahabi a donné une évaluation de la cohérence entre les mesures fiscales de la loi des finances 2023 et les objectifs annoncés par cette loi.
“Ces mesures ne sont pas adaptées aux objectifs recherchés”, estime l’expert, ajoutant que cette cohérence touche l’alignement entre les objectifs annoncés par la loi des finances 2023 et les conditions d’un accord avec le FMI.
La loi des finances stipule que l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) est une hypothèse de base, alors que les objectifs annoncés par cette même loi (LF 2023) ne sont pas ceux demandés par le FM, explique Wahabi.
Et d’appeler les ministères des Finances et de l’Economie, ainsi que la présidence du gouvernent à adopter une méthodologie scientifique organisée lors de l’élaboration de la loi des finances.
De son côté, Mustapha Mezghani, consultant en numérique et en politique publique, sa contribution s’articule autour du numérique et de l’intégration de l’informel, notamment dans une économie caractérisée par une situation des finances publiques difficile, un déficit important, et un secteur informel florissant évalué entre 30 et 60%.
Citant l’exemple de la fraude à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), estimée entre 6,5 et 8 milliards de dinars, qualifié de “chiffre énorme” par rapport à une valeur TVA collectée en 2022 de l’ordre de 10 milliards de dinars, Mezghani a souligné l’importance d’utiliser les outils numériques (télé déclaration.), pour faire face à ce problème, permettant ainsi de lever tous les ans 5 milliards de TVA supplémentaires
Dans son chapitre consacré aux prévisions pour l’année 2023 et aux souverainetés ouvertes, l’ancien ministre des Finances et directeur général de GI4T, Hakim Ben Hammouda, a parlé de la souveraineté ouverte adaptée à la Tunisie qui ne peut pas se contenter d’un développement dans le cadre des frontières fermées de la nation.
La Tunisie est une petite économie, mais elle doit être ouverte sur l’international et maîtrisée de l’intérieur, à travers les investissements directs étrangers, exportations ainsi que la présence des entreprises à l’international, a affirmé Ben Hammouda.