La marchandisation inévitable de tous les migrants est le résultat de l’ignorance des défis structurels auxquels nous sommes confrontés, souligne la FTDES dans un communiqué.

La position tunisienne se concentre uniquement sur la sécurité de la migration, ce qui fait des oppresseurs déclarés nos principaux alliés. Dénoncer la manipulation et le détournement des routes migratoires ne suffit pas ! Dénoncer la présence de personnes non déclarées sur notre territoire ne suffit pas non plus !

Les autorités tunisiennes vont bientôt faire face à une contradiction flagrante : pour garantir la sécurité du pays, nous devrons renoncer à notre souveraineté nationale. Cette perte de souveraineté a déjà été annoncée par notre partenaire italien et sera présentée comme un mal nécessaire pour financer le développement du pays et le redresser. Cependant, cette réalité fantasmée n’a de sens que dans une logique à court terme et opportuniste, dont les résultats médiocres entraîneront davantage de répression dans le pays.

Il suffit de prendre en compte les échéances liées au changement climatique et au déséquilibre démographique entre les continents pour comprendre que l’Europe, tout comme les pays africains assujettis, se trouvent dans une impasse politique porteuse de violence et de chaos. Le déni face au présent et à l’avenir qui se profile révèle une rupture entre les dirigeants et la réalité, un privilège des puissants qui ignorent les forces irréversibles à l’œuvre et nous condamnent tous à l’échec.

Il est regrettable que les autorités abordent les dynamiques migratoires sans prendre en compte les réalités structurelles. La Tunisie est privée de son rôle de leader international, qui lui est géographiquement et historiquement accessible, et qui pourrait nourrir une réflexion alternative à l’égard du dogme européen qui place la sécurité comme seul gage d’harmonie. En choisissant la même voie que les pays européens, celle de la peur, nous assistons une fois de plus à des pratiques infantilisant la population, la livrant à la manipulation et à la désinformation, et réduisant sa capacité à se forger un avenir dans un monde en mutation. L’instrumentalisation de la question migratoire est une manipulation à grande échelle qui détourne, étouffe et occulte les véritables enjeux qui se posent à nos sociétés.

Notre organisation, le FTDES, constate, annonce et dénonce ce gaspillage. Nous constatons que les autorités tunisiennes justifient leur unilatéralisme par la démagogie et la victimisation, renforçant ainsi les pratiques autoritaires. Les solutions mises en place sont dépourvues de l’expertise des institutions et des acteurs de la société civile engagés depuis longtemps aux côtés des migrants présents en Tunisie et des Tunisiens à l’étranger. Nous constatons l’hypocrisie des autorités qui prétendent réguler la présence des migrants en Tunisie ou faciliter l’accès des Tunisiens au marché de l’emploi à l’étranger, mais qui ne prévoient pas d’adopter une stratégie migratoire nationale responsable.