La nouveauté en matière d’infrastructure routière a été, ces derniers jours, la relance de l’étude de faisabilité technico-économique de l’autoroute Boussalem- frontière algérienne.  L’enjeu est de taille lorsqu’on sait qu’il s’agit du dernier tronçon (80 kms) de la partie de l’autoroute Trans maghrébine sur le territoire tunisien, un projet de plus de 2,3 milliards de DT.

Pour revenir à la nouveauté, la ministre de l’Équipement et de l’habitat, Sarra Zaafrani Zenzeri, a décidé, le 8 mai 2023, de dépoussiérer, lors d’une séance de travail, le dossier de l’étude sur ce tronçon et d’examiner son degré d’avancement sans aucune précision.

L’étude fin prête en 2016

Cette information, en dépit du fait qu’elle soit vague et insipide, aurait pu passer sans susciter aucune remarque, si nous n’étions pas les premiers à avoir annoncé, depuis 2016, en exclusivité que l’étude était, déjà, fin prête et qu’elle était élaborée par le groupe d’études STUDI.

Mieux, nous avions annoncé, également, à l’époque que l’avant-projet de cette étude a été présenté, depuis le mois d’octobre 2016, au public, particulièrement, aux parties concernées pour émettre leur suggestions et objections. Plus exactement, le projet a été affiché par le ministère de l’équipement au chef-lieu du gouvernorat de Jendouba aux bureaux des structures régionales de l’équipement, des municipalités et délégations concernées (Boussalem, Bullarégia, Fernana, Ain Elbaya …).

La question qui se pose dès lors est de savoir s’il s’agit de la même étude, s’il s’agit d’un complément de cette même étude ou s’il s’agit d’une nouvelle étude. Le communiqué publié à l’issue de la réunion de la ministre de l’Équipement ne donne aucune précision sur le sujet.

Apparemment, ce qui a été présenté à l’époque, ce n’était pas l’étude finale, c’étaient des études avant projets. Ces dernières ont porté sur l’étude économique et de trafic, l’impact environnemental et social, les choix possibles de tracés, la proposition des options de base et des variantes d’aménagement, l’étude géologique et géotechnique, les études hydrologiques et hydrauliques sommaires, les ouvrages d’art, l’analyse multicritères et le choix de la variante optimale…

Le projet bloqué à cause de deux problématiques

Nous pensons que, par recoupement, ces éternelles reprises de l’étude du projet seraient dues, au regard de l’évolution du projet, à deux problématiques posées par le tracé de l’autoroute. La première concerne une réclamation faite par des agriculteurs tandis que l’autre aurait trait à des pépins financiers.

Concernant la première problématique e, des agriculteurs de la délégation de Balta-Bouaouane ont rejeté, lors d’une réunion tenue début novembre 2018, avec le gouverneur de Jendouba, le nouveau tracé de ce tronçon, voire de ce qu’ils appellent le « tracé nord ». Ils déplorent particulièrement, leur non-consultation par les ministères de l’agriculture et de l’équipement qui ont concocté ce nouveau tracé, dans l’intérêt d’un agriculteur, parent d’un ministre.

Dans une pétition rendue publique, ils considèrent que le nouveau tracé porte préjudice aux intérêts de quelque 70 agriculteurs et citoyens : arrachage d’oliveraies, démolition d’habitations, condamnation de centaines d’hectares de terres fertiles…

Ils réclament le retour au « tracé sud » qui serait moins long (économie de 8 kms) et partant moins coûteux pour le contribuable.

A un certain moment, on nous a fait, pourtant, croire que cette problématique était résolue. Pour preuve, dans une déclaration faite à l’Agence TAP, le 22 janvier 2020, par Haykel Ghazouani, ingénieur à la direction générale des ponts et chaussées, ce dernier a annoncé –bien annoncé- que le coup d’envoi du défrichement de terrain relatif au projet de l’autoroute Bou Salem-Frontière algérienne a été donné.

Il a ajouté dans la même déclaration que l’ancien tracé (qui traversait les zones irriguées, source de mécontentements des habitants au cours des années 2016-2017) a été abandonné au profit d’un tracé qui présente le minimum de dommages. Puis silence radio sur le projet.

La 2ème problématique concernerait, pour des raisons de coût, la possibilité de la révision de l’itinéraire initial de ce tronçon (Bousalem-Frontière algérienne). Le premier tracé initial Bousalem-Melloula (Tabarka) s’est avéré très coûteux. Un seul kilomètre couterait plus de 25 MDT. Il a été question à un moment donné de discuter avec les Algériens pour trouver une solution moins coûteuse qui consisterait à prolonger l’autoroute jusqu’à Ghardimaou et envisager, la construction sur le territoire algérien d’une voie expresse ou d’un tronçon autoroutier devant relier l’A3 à l’autoroute algérienne à Melloula.

Pour mémoire le tracé initial prévoit un premier lot qui relierait la ville de Boussalem et la ville de Bulla Regia (12 km), le deuxième lot relierait la ville de Bulla Regia et la ville de Jendouba (16,50 Km pour une variante nord et une variante Sud de 25,80 Km), le 3ème lot reliera la ville de Jendouba et la localité Ain El Baya (une variante Nord de 9,50 Km et une variante sud de 9,90 Km). Le 4ème lot reliera Ain El Baya et la frontière Algérienne avec deux variantes, une avec passage en tunnel (1400 à 1600 mètres) de longueur variante entre 20,50 Km à 21,40 Km et une autre avec passage en surface de longueur 25 Km.

Notre souhait est que cet itinéraire sera retenu en raison de la beauté des paysages que cette autoroute va traverser et de son impact sur le tourisme et surtout sur le désenclavement de communautés démunies.

A bon entendeur.