Pour un scandale écologique, c’en est un par excellence. En toute irresponsabilité, un propriétaire de camping ayant pignon sur le rivage du lac de Ben Mtir (nord-ouest de Tunisie) a été pris en flagrant délit en train de déverser les eaux sanitaires de son camping dans le lac qui alimente en eau potable une grande partie de la capitale Tunis, et ce depuis dépuis 1952.
Encore plus grave, les inspecteurs officiels qui ont visité le site ont relevé que le contrevenant s’adonnait à cet ignoble exercice depuis des années.
Mais ce cas ne serait pas isolé. D’autres campings anarchiques montés, tous les week-end, sur les rivages nord du lac recouraient à la même pratique.
Le pollueur arrêté et des responsables locaux interpellés
Au regard de la gravité du délit, la justice a été immédiatement saisie. Résultat : le principal contrevenant a été arrêté tandis que des responsables locaux (le délégué de Fernana dont relève le village de Ben Mtir, un ancien maire du village et l’actuelle secrétaire générale de la municipalité) ont été interrogés. Ils ont été invités à s’expliquer sur ces dérapages perpétrés à 500 mètres du centre du village.
Les autorités régionales ont eu le bon réflexe de réagir en conséquence. Elles ont décidé d’interdire toute activité de camping (légal ou anarchique) autour du bassin du barrage.
Un ouf de soulagement pour les modestes habitants conservateurs qui résident autour du lac.
Ce genre de crime écologique aurait pu être évité si l’administration voire l’Etat avait réglementé le campisme dans la région de Kroumirie et élaboré, à cette fin, les cahiers de charges nécessaires.
Y aurait-il une mafia derrière les campings anarchiques ?
Ce vide réglementaire a permis, ces dix dernières années, à des personnes “malveillantes” basées dans les grandes villes du pays… de faire du campisme anarchique une activité lucrative et même juteuse.
La démarche qu’elles suivent est simple : elles annoncent sur les réseaux sociaux avec photos des sites à visiter (chutes d’eau, lacs, sources naturelles, arbres…), l’organisation d’une excursion, louent des bus une fois la clientèle acquise, transportent les campeurs sur les lieux et les lâchent en pleine nature sans aucun encadrement et sans aucun contrôle.
En soutien à leurs activités, des radios, non sensibilisées aux dégâts que ces campeurs peuvent occasionner à un écosystème aussi fragile, sont chargées d’informer, régulièrement, les éventuels campeurs de tel ou tel projet d’évasion-excursion.
Les campeurs sont généralement de jeunes personnes à la recherche non pas, comme on peut le croire, d’exotisme, d’air pur et de beaux paysages mais plutôt d’isolement pour s’adonner à toutes sortes de débauches (alcool, drogue, et autres).
Signe de l’incivisme et du manque de respect de ces jeunes campeurs pour la nature, un couple suisse qui vit dans la partie nord du lac de Ben Mtir a pris l’habitude, lors de ses randonnées piétonnes quotidiennes au bord du lac, de ramasser, régulièrement, toutes sortes de déchets délaissés par ces campeurs : canettes, bouteilles vides, boîtes de conserves, seringues…
Les locaux sont aussi responsables
Ces mêmes campeurs ont donné de mauvaises idées aux jeunes et moins jeunes de la région. En raison de l’inexistence d’un bar à Beni Mtir, classé pourtant officiellement “village touristique”, des jeunes férus de breuvages alcoolisés, organisent, presque quotidiennement des méchouis bien arrosés au bord du lac et jettent leurs déchets dans le lac.
Morale de l’histoire : une gabegie totale régnait sur les rivages du lac de Ben Mtir.
Nous pensons que le village climatique de Ben Mtir est un site idyllique. Ce village ex-nihilo, édifié en 1948 pour héberger les ingénieurs et ouvriers venus construire le barrage, a été retenu, depuis les années 90, comme un site touristique écologique. Sa promotion en municipalité touristique et son corollaire, l’acquisition de plus de moyens et d’équipements, devrait favoriser, prioritairement et essentiellement, non pas l’arrivée de nouveaux flux de touristes, mais l’amélioration de la propreté, la protection de l’environnement. L’écosystème est fragile. Il ne peut pas supporter un quelconque suréquipement et un surcroît de population.
A bon entendeur.