Les intentions d’investissement sur les quatre premiers mois 2023 sont les meilleures en 10 ans affirme Omar Bouzoueda, DG de l’API. On relève ainsi une augmentation de 16,7% des investissements déclarés dans l’industrie en comparaison à la même période de l’année 2022 et une croissance de 3,8% du nombre de projets déclarés.
Les secteurs concernés sont les industries des matériaux de construction, dela céramique et du verre, les industries mécaniques et électriques, les industries du textile et de l’habillement, le secteur des industries chimiques et dans diverses industries.
On a également observé une progression de 90,3% des investissements de création déclarés affichant une progression de 90,3% et passant de 316,1 MDT entre janvier et avril 2022 à 601.5 MDT en 2023.
Dans les industries totalement exportatrices, le volume des investissements déclarés passe de 330.1 MDT en 2022 à 424.8 MDT en 2023 soit une croissance de 28,7% tout comme on relève une augmentation de de 7,9%, des investissements déclarés dans les industries ciblant le marché local
Les investissements industriels de partenariat affichent pour leurs parts une progression de 5% et ceux dans les zones de développement régional qui augmentent de 26,3% avec une part qui passe de 45,5% à 49,2% cette année sur les 4 premiers mois.
Ces chiffres même si, ne répondant pas aux véritables potentiels du site Tunisie et aux atouts dont peur se prévaloir le pays, devraient nous pousser à l’optimise si et seulement mais les politiques pour l’encouragement de l’investissement pour une croissance économique pérenne laissent, malheureusement, à désirer !
Ainsi la TIA (Tunisian Investment Agency) qui devait chapoter les 4 agences concernées par l’investissement et coordonner les décisions et les accords d’investissement est devenue une 5ème agence, qui faute d’achèvement du cadre réglementaire ne pourrait pas assurer son rôle d’interlocuteur unique pour les investisseurs et de facilitateur.
Le discours dominant au plus haut de la pyramide de l’Etat ne paraît pas édifié sur l’importance du secteur privé en tant que principal moteur de croissance donnant l’impression que le ministre de l’Economie nage à contrecourant tel un Don Quichotte qui se bats contre les moulins à vents.
Dans un pays où l’initiative privée ressemble de plus en plus à un crime de lèse-majesté, où l’innovation est applaudie chez les startups seulement alors que les grandes entreprises et les PME sont au meilleur des cas discrètes sur leurs réussites de peur d’être accusées de « mauvaises pratiques » et au pire ne peuvent plus avancer à cause d’un climat d’affaire délétère et paralysant, entreprendre, comme l’a déclaré Tarek Cherif, président de la CONECT, est un acte de courage.
Dans un pays où les infrastructures sont de plus en plus désuètes, la digitalisation bat de l’aile la logistique est approximative et l’administration publique manque de compétences et de pouvoir de décision, comment traduire les intentions d’investissement en investissements réels ? Comment convaincre les « révolutionnaires populistes » qu’entreprendre n’est pas un acte illicite ? Comment les persuader que seule la compétence dans l’administration et la libre initiative peuvent créer de la richesse, de l’emploi, juguler le chômage et atténuer la pauvreté ?
Comment amener tous ces Tunisiens, jeunes et moins jeunes qui « bourrent » les cafés et les places publiques à croire que c’est par le travail et seulement par le travail qu’ils peuvent améliorer leur vie lorsque ceux sensés donner l’exemple n’en parlent presque jamais dans leurs discours et invectives ?
Comment transformer les intentions d’investissement en projets concrets, comment attirer les investisseurs, les rassurer, les convaincre de l’intérêt du site Tunisie lorsque la culture revendicative, vindicative, soupçonneuse, inquisitoire et populiste devient la règle et la réussite, la compétence, le génie et la richesse deviennent des actes d’accusation ? « Le populisme est le plus dangereux des narcotiques, le plus puissant des opiums pour endormir et anéantir l’intelligence, la culture, la patience et l’effort conceptuel » écrivait le philosophe français Michel Onfray dans « Journal hédoniste, Le Désir d’être un volcan » en 1996.
C’est comme s’il décrivait la Tunisie aujourd’hui !