Le vrai débat en Tunisie devra porter sur les moyens permettant de booster les énergies renouvelables, au lieu de parler ou de se lancer dans l’hydrogène vert qui n’a pas beaucoup de sens en Tunisie, a indiqué Slim Zeghal, membre du comité directeur de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE).
Intervenant, lors de la rencontre mensuelle de l’IACE organisée, mercredi, en partenariat avec la Fondation Friedrich-Naumann sur le thème ” La transition énergétique en Tunisie : l’hydrogène vert, une solution d’avenir “, Zeghal a rappelé que la production de l’hydrogène vert nécessite des énergies vertes, or la Tunisie ne produit que 3% d’énergies renouvelables.
Le responsable a estimé qu’il n’existe pas de véritables usages de l’hydrogène vert en Tunisie, ajoutant que le potentiel réside seulement dans son exportation vers les pays européens.
En Tunisie, l’hydrogène vert peut être utilisé seulement dans la production des engrais, mais sa production reste ” horriblement coûteuse “, a-t-il indiqué, ajoutant qu’investir dans ce créneau dans les cinq ou dix ans à venir aura beaucoup plus de sens.
Le pays a besoin plutôt de remplacer ses importations en gaz pour la production de l’électricité par des sources renouvelables qui coûteront beaucoup moins cher, a-t-il expliqué.
Et de rappeler, dans ce cadre, que la balance commerciale est fortement déficitaire en raison de la facture énergétique liée à l’importation du gaz.
De plus, la production de l’hydrogène vert nécessite de l’eau potable, or le pays fait face aujourd’hui, à un véritable problème d’accès aux ressources en eau, a-t-il encore dit.
Et d’ajouter que la production de l’hydrogène vert, requière le développement de projets de dessalement des eaux. Cependant, a-t-il encore, affirmé, ce type de projets devra en premier lieu satisfaire les besoins de la population et du secteur agricole.
Pour Zeghal, l’Etat doit simplifier les procédures pour les investisseurs privés et étrangers qui veulent investir dans l’hydrogène en Tunisie.
De son côté, Amel Miled Ingénieur docteur en génie énergétique à l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), a souligné que la mise en place de la stratégie de l’hydrogène vert a tenu compte des différentes stratégies existantes en matière de transport, d’eau et d’énergie.
La stratégie en question, a-t-elle ajouté, porte entre autres sur différents aspects dont la production des énergies renouvelables, le dessalement de l’eau et le transport de l’hydrogène.
Miled a fait remarquer que la Tunisie peut se positionner comme fournisseur d’hydrogène vert de l’Europe vu que le pays dispose d’une infrastructure pour l’exportation à travers des gazoducs connectés à l’Italie.
En fait, l’Europe vise à importer 10 millions de tonnes d’hydrogène vert à partir de 2030 et environ 40 millions de tonnes, en 2050, a-t-elle rappelé.
La Tunisie peut aussi se positionner sur la production de l’ammoniac vert et des carburants synthétiques via la valorisation des émissions de CO2 des cimenteries et la substitution de la consommation locale des carburants conventionnels par les carburants synthétiques, a-t-elle ajouté.