La scène artistique tunisienne vient de perdre l’artiste plasticien et ingénieur en architecture Ridha Ben Abdallah décédé le jeudi 1er juin 2023.
Dans un faire-part publié jeudi soir, le ministère des affaires culturelles a regretté la disparition de l’un des artistes les plus réputés de sa génération en peinture analytique.
Né dans les années 30, “Pa Ridha” ou “Papa Ridha”, comme l’appellent tous ceux qui l’ont connu et côtoyé de plus près, s’est orienté à ses débuts, vers l’expérimentation de l’art abstrait faisant partie d’une génération d’artistes qui a exposé ses conceptions et expériences à la galerie “Irtissem ” (1976-1983) avant d’entamer une expérience importante et inspirante dans le domaine de l’ingénierie architecturale et de la décoration en laissant son empreinte dans de nombreux projets.
Artiste, sculpteur, créateur, designer, peintre et ancien Enseignant de référence de l’Institut Technologique d’Art, d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ITAAUT, 1967-1993, appelé aujourd’hui Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis ENAU ), Ridha Ben Abdallah, adulé pour ses hautes qualités humaines, a influencé plusieurs générations d’artistes et de designers.
Feu Ben Abdallah est considéré le père de l’Art style “contemporain” (né dans les années 50). A ce propos, on peut lire au Journal d’expression française “Le Temps” en date du 10/10/2018 :
“L’art contemporain existe depuis déjà quelques temps dans notre pays, Il n’a pas attendu l’annonce des journées d’art contemporain de Carthage pour exister, puisqu’il a été, sous des formes pionnières, expérimenté au milieu des années 70 du siècle dernier. En fait c’est Ridha Ben Abdallah, le brillant enseignant et artiste, qui a le premier créé les éléments d’un art de style contemporain.
Ceci fut lorsque, à la galerie “Irtissem” en 1976 et en collaboration avec des étudiants de l’ITAAUT de l’époque, il a entrepris la réalisation de la première installation en Tunisie d’une sculpture de type contemporain qui a été faite de boites de sardines, ceci après une fête initiatique où fut consommé – par une trentaine d’étudiants – le contenu de dizaines et de dizaines des boites de sardines. Ainsi évidées, ces boites ont constitué la structure de la sculpture. L’événement était unique, c’est ainsi que l’art contemporain fut fondé en Tunisie.
L’œuvre était considérée comme une sorte de critique et une dérision inaccoutumée de ce qui sera considéré comme attitudes de consommation et de gaspillage, exagérées dans notre pays. Par ailleurs, Ridha Ben Abdallah a promu les actions artistiques sous forme de ‘‘bodyart”, favorisant ainsi l’expression artistique contestataire et provocatrice”.