Les résultats de la mission archéologique subaquatique internationale menée en août et septembre 2022 sur le banc d’Esquerquis (Tunisie) et le canal de Sicile (Italie) seront dévoilés, le 8 juin prochain, au cours d’une conférence de presse au siège de l’Unesco à Paris, qui abritera une exposition de photos et un documentaire sur cette mission.
Trois épaves inédites ont été identifiées lors de la première mission internationale d’archéologie subaquatique sur le banc des Esquerquis (Skerki Bank), organisée à bord du navire Alfred Merlin du Drassm appartenant au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines relevant du ministère de la Culture français.
Lors de la conférence de presse, les résultats des deux projets menés en Tunisie et en Italie seront présentés par les chercheurs de l’expédition. Alison Faynot, archéologue subaquatique de l’UNESCO, rappellera les enjeux de cette expédition et détaillera les défis à venir, a annoncé l’organisation onusienne dans un communiqué, publié le jeudi 1er mai, dont une copie est parvenue à l’agence TAP.
A cette occasion, l’Unesco organisera une exposition photo d’Angel Fitor consacrée à l’expédition subaquatique internationale et la projection, en avant-première, du documentaire dédié à la mission réalisé par GEDEON Programmes, en partenariat avec le Groupe CANAL+ et avec le soutien du CNC.
Le Département français des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) reviendra également sur les moyens de pointe déployés lors de la mission, notamment l’Alfred Merlin, un navire de recherche équipé de matériel d’imagerie et de cartographie sous-marine de haute technologie.
La mission a été réalisée sur 14 jours avec la participation 20 archéologues à bord issus de de 8 pays. Deux robots sous-marins ont été utilisés pour étudier le fond de l’océan : Arthur, qui a passé 21 heures en immersion à une profondeur allant de 700 à 900 m, et Hilarion, qui a passé 18 heures en immersion.
Résultat, un total de 400 heures de vidéo et plus de 20 000 photos. Une zone de 10 km2 a été couverte par le sonar multifaisceaux utilisé pour cartographier les fonds marins, permettant une étude de haute définition.
Pour la première fois, des scientifiques de 8 pays des deux rives de la Méditerranée ont étudié ensemble les épaves, sous l’égide de l’UNESCO, dans le cadre de deux projets respectivement menés par la Tunisie et l’Italie, rappelle l’Unesco.
Réunissant des archéologues originaires d’Algérie, de Croatie, d’Egypte, d’Espagne de France, d’Italie, du Maroc et de Tunisie, cette mission scientifique internationale visait à documenter les vestiges d’épaves datant de l’Antiquité jusqu’au XXe siècle en utilisant un sonar multifaisceaux pour cartographier la zone et des véhicules sous-marins téléguidés pour documenter les objets anciens qui jonchent les fonds marins.
Menée dans une action internationale sans précédent en Méditerranée où la Tunisie a été l’Etat coordinateur, la mission d’expédition scientifique sur le plateau continental tunisien a été organisée du 27 août au 2 septembre 2022. Au terme d’une semaine de recherches subaquatiques, le navire français Alfred Merlin d’une longueur de 46 mètres avait accosté au port de plaisance Marina de Bizerte.
Les premiers résultats scientifiques ont été annoncés sur le port de cette ville située à la pointe Nord de la Tunisie, dans le cadre d’une cérémonie organisée sous l’égide du ministère des Affaires culturelles en Tunisie et sous le patronage de l’Unesco.
Le récif Keith, situé sur le plateau continental tunisien, est la zone la plus dangereuse du banc d’Esquerquis pour les navires, en raison de ses élévations rocheuses dont certaines atteignent presque la surface de l’eau. A l’aide d’un sonar multifaisceaux, la mission coordonnée par l’UNESCO a réalisé la première étude approfondie de ce plancher océanique et découvert trois épaves, l’une datant d’une période située entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C., et les deux autres du XIXe ou XXe siècle. Aucune de ces épaves n’était jusque-là connue des archéologues.
Sur le plateau continental italien, l’objectif était de documenter trois épaves romaines, découvertes dans les années 1980-2000, au moyen d’images en haute résolution.
Le banc des Esquerquis se trouve à plus de 200 mètres de profondeur et s’étend sur plus de 700 km2, en pleine Mer Méditerranée, dans les eaux territoriales entre la Tunisie, la Sicile et la Sardaigne (Italie). Il est situé au croisement de routes commerciales anciennes et modernes au sein de la Méditerranée.
Skerki Bank recèle des vestiges archéologiques d’une valeur historique, artistique et culturelle exceptionnelle, dont 5 épaves romaines datant de la période allant du 1er siècle avant J.C au 4e siècle après J.C. Lors de la 2ème guerre mondiale, en décembre 1942, les Bancs de Skerki ont été la scène de grandes batailles navales.