Une lettre du président du Congrès national africain au président Habib Bourguiba, datant du 14 janvier 1963, loge parmi des milliers de documents officiels sauvegardés aux Archives Nationales de Tunisie (ANT).
” Au nom de millions d’africains et autres personnes oppressées en Afrique du Sud, victimes de la politique d’Apartheid de la minorité blanche au gouvernement, le président du Congrès national africain remercie votre gouvernement et votre peuple pour le soutien à la Résolution appelant à des sanctions contre l’Afrique du Sud, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 6 novembre 1962 “. Témoin de l’Histoire, cette lettre figure dans une exposition documentaire autour de “Bourguiba et la Tunisie indépendante” inaugurée, samedi, au siège des Archives Nationales de Tunisie à la mémoire du bâtisseur de la première république tunisienne, Habib Bourguiba (3 août 1903 – 6 avril 2002).
Des copies de documents officiels rares et des photos d’archives du leader feu Habib Bourguiba (1957-1987), sont visibles dans cette exposition placée au hall principal des Archives Nationales de Tunisie. Les documents exposés sont la propriété de cette institution publique (près la Bibliothèque nationale de Tunisie (BNT)) oeuvrant notamment pour la sauvegarde du patrimoine archivistique national.
Parmi ces traces de la mémoire nationale l’on peut voir les textes d’accords de l’autonomie interne (3 juin 1955), de la loi instituant l’Assemblée nationale constituante (le 29 décembre 1955), du protocole de l’indépendance 20 mars 1956 ou encore du décret de nomination de Bourguiba, grand ministre, chef du gouvernement (11 avril 1956)ainsi que des photos réunissant Bourguiba, Béhi Ladgham et Béchir Ben Yahmed, membres du premier gouvernement. Une autre de Bourguiba entouré des gouverneurs de la Tunisie indépendante.
L’Armoirie de la Tunisie indépendante (21 juin 1956), en couleur, portant devise ” Liberté, Ordre, Justice ” et le Code du Statut Personnel (13 août 1956). Ce dernier est exposé avec des photos de Bourguiba entouré par un groupe de femmes célébrant la première marque d’émancipation pour la Tunisie indépendante.
L’exposition montre aussi une copie du texte de la Proclamation de la république, le 25 juillet 1957, paru au JORT et signée Jallouli Fares, président de l’Assemblée nationale constituante ainsi qu’une copie de la première loi relative à l’enseignement (4 novembre 1958) et la loi relative à la nationalisation des terres agricoles (12 mai 1964).
Des photos de Bourguiba avec des leaders comme Hafez el Assad, Saddam Hussein, Indira Ghandi, Ronald Reagan, Eisenhower (34e président américain) ou encore avec M.Gorkine président de l’Union soviétique.
Des photos de la parade sur la célèbre avenue Broadway à Manhattan (New York), en voiture décapotable, ornent cette exposition. Elles datent lors de la première visite de Bourguiba aux Etats–Unis d’Amérique (du 3 au 5 mai 1961) sous le régime de John Fitzgerald Kennedy.
Des documents privés appartenant à la famille Bourguiba, mais qui n’ont pas été exposés, ont été offerts aux Archives Nationales de Tunisie. Dans une déclaration à l’agence TAP, le président des ANT, Hedi Jalleb, a annoncé que ce don déjà placé dans les dépôts des Archives est composé de 69 lettres adressées par Bourguiba à sa femme Matilde et à son fils Habib Junior, datant du début des années 40, durant la période de sa détention au Sud de la France.
L’exposition ” Bourguiba et la Tunisie indépendante ” se tient au terme du colloque international “Habib Bourguiba, le fondateur” organisé, sur trois jours, par l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit al-Hikma, en partenariat avec les Archives nationales de Tunisie et l’Association des études bourguibiennes.
Les travaux du 1er et 2 juin ont eu lieu au siège de l’Académie à Carthage alors que le dernier jour, le 3 juin, était organisé au siège des Archives nationales de Tunisie avec au menu un film documentaire datant de 2017 ” Bourguiba de Retour ” de Hichem Ben Ammar, projeté en présence du réalisateur et suivi d’une table ronde à laquelle ont pris part plusieurs figures politiques de l’époque bourguibienne, des académiciens, des penseurs et des représentants de la société civile dont une jeune médecin.