L’inclusion financière pourrait jouer un rôle important dans la réduction de l’informalité, en favorisant l’inclusion du secteur informel dans l’économie organisée, indique un rapport sur “L’inclusion financière et son rôle dans la réduction de l’informalité en Tunisie” publié, mercredi, par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES).
L’auteur du rapport, Sami Mouley (Professeur à l’Université de Tunis), souligne que ” l’inclusion financière des entreprises et surtout des particuliers est d’abord un catalyseur de l’inclusion sociale, et peut constituer un mécanisme majeur pour promouvoir la croissance économique et offrir un avenir meilleur à la population, surtout pour les Tunisiens à faible revenu. Des réformes et des mesures globales pour garantir un meilleur accès aux sources de financement bancaire et non bancaire permettraient aussi l’inclusion du secteur informel dans l’économie organisée “.
Toutefois, “en dépit des efforts pour renforcer l’accès aux services financiers, l’analyse du profil de l’inclusion bancaire et financière en Tunisie montre qu’elle demeure encore en deçà des moyennes des comparateurs internationaux et régionaux. Selon la plateforme du Global Findex de la Banque Mondiale, axée essentiellement sur les particuliers, la Tunisie compte seulement 37% de la population bancarisée, contre 43% en moyenne dans la région MENA.
L’inclusion financière est essentielle pour favoriser l’inclusion sociale et offrir un avenir meilleur aux Tunisiens à faible revenu.” – Sami Mouley, auteur du rapport
Il est aussi important de relever que les 40% les plus pauvres des adultes ont le plus de difficultés pour accéder à des services financiers formels, puisque 21% seulement, en moyenne détiennent un compte dans une institution formelle contre 35% en moyenne dans la région MENA. En plus des particuliers, l’exclusion financière s’étend en Tunisie aux entreprises et concerne notamment, les très petites entreprises (T-PME) qui pourraient être un potentiel de croissance et un gisement d’emplois “.
En guise d’obstacles à l’inclusion financière en Tunisie, le rapport cite un déficit de liquidité globale du système bancaire et partant des contraintes de financement de l’économie, des blocages d’ordre réglementaire liés aux contraintes du dispositif des taux d’intérêt excessifs et un potentiel non pleinement exploité en matière de finance digitale.
Le développement de la finance digitale et l’utilisation de la blockchain peuvent contribuer à l’inclusion financière et au développement du secteur des services financiers.
Pistes de réformes pour remédier à l’informalité
Pour remédier à l’informalité, le rapport préconise de mettre en place une politique nationale pour consolider le “decashing”. Il plaide, à ce titre, pour une coordination renforcer pour appuyer la mise en œuvre de la stratégie de decashing mise en place par la BCT.
“La Poste peut également, jouer un rôle très important dans plusieurs des chantiers auxquels fait face la Tunisie, dont l’inclusion financière. Le Maroc a pu gagner plus de 10 points de pourcentage dans son taux de bancarisation lors de la transformation de la poste marocaine en banque. Le potentiel en matière d’inclusion financière au travers de la Poste est significatif : 700 000 Tunisiens visitent quotidiennement, les bureaux de poste, qui gèrent 3,6 millions de comptes d’épargne et 1,8 millions de CCP (total des avoirs de 13 milliards de dinars) “.
La transformation de la Poste en banque peut jouer un rôle important dans l’inclusion financière en Tunisie, comme cela a été le cas au Maroc
Les progrès de la transformation digitale constituent aussi, selon la même source, un prérequis pour le développement du secteur des services financiers et de la finance digitale. A ce niveau, les Fintech offrent un réel vecteur de transformation digitale.
“L’utilisation de la “blockchain” (base de données des échanges) pourrait, en outre, offrir un support technologique d’une monnaie digitale de banque centrale. En Tunisie, le lancement d’une crypto-monnaie contribuerait à développer l’inclusion financière. Enfin, le développement des startups est un catalyseur d’une nouvelle approche durable de modèles d’affaires et d’exploitation innovants “.
L’auteur du rapport pense que ” les préconisations précédentes sont indissociables d’une réelle réforme touchant les instruments de la finance non-conventionnelle (private equity, mezzanine finance, business angels, crowdfunding, etc.) pour une meilleure optimisation de nouvelles sources de financement “.
Aussi, afin de soutenir une meilleure inclusion financière, il y a lieu de revoir la stratégie de développement du secteur de la microfinance. Cette stratégie devra clarifier le devenir des opérateurs de microfinance, redéfinir la place du microcrédit social et professionnel et redéfinir le rôle de la Banque Tunisienne de Solidarité.