En matière de Drama, les plateformes de streaming ne sont pas en concurrence avec la Télévision mais constituent plutôt un service complémentaire pour ce média classique, estiment les professionnels et experts arabes de l’audiovisuel réunis à Tunis, au cours d’une conférence autour du ” Drama arabe à l’ère du numérique ” organisée, mardi, à la Cité de la culture à Tunis.
Cette rencontre dont la coordination était assurée par Ines Jawhar (ancienne directrice à la Radio égyptienne), était animée par Mourad Ben Cheikh (réalisateur et scénariste tunisien), George Khabbaz (artiste libanais à multiples facettes), et Yahia Mgarrech (directeur et cofondateur de la plateforme de streaming tunisienne Artify). Elle coïncide avec le deuxième jour du Festival de la Radio et de la télévision arabe qui se déroule du 12 au 15 juin 2023 à Tunis.
Dans son intervention au début des travaux de la conférence, George Khabbaz est revenu sur les débuts des plateformes de streaming qui étaient créées ” en vue de rediffuser les productions télévisuelles “. Les streamers se sont ensuite transformés en des producteurs de leurs propres œuvres dramatiques, a fait savoir l’artiste multidisciplinaire qui est acteur, réalisateur, scénariste, musicien et producteur.
” Ceci n’est pas de la concurrence, a estimé Khabbaz qui insiste sur une situation de complémentarité entre télévision et plateformes numériques partant du fait que chacun des deux supports à ses spécificités et son propre public “.
” Les plateformes de streaming offrent une multitude de choix pour le spectateur et un usage plus adapté à ses besoins et horaires, a fait savoir Khabbaz, disant qu’il lui est possible de regarder l’oeuvre sur des étapes ou bien faire une pause et reprendre le visionnage. ” A ce sujet, il a évoqué la différence entre la télévision comme média classique et les nouveaux supports de diffusion en ligne. Contrairement à la Télévision qui se limite à la culture locale en particulier, les plateformes sont plus ouvertes sur les œuvres venant d’autres cultures, à l’instar des productions de Bollywood ou celles du vieux Continent.
Sur un autre plan, ” les plateformes ont largement influencé les méthodes de production des œuvres dramatiques au niveau de l’écriture, la narration aussi bien que les aspects techniques en lien avec le tournage, la réalisation et le montage, a déclaré Mourad Ben Cheikh.
Ben Cheikh pointe du doigt ” le manque au niveau de l’écriture scénaristique en langue arabe et d’adaptation avec l’usage des modalités d’écriture numérique “. Dans ce contexte, le réalisateur a proposé la mise en place d’un système numérique en lien avec l’écriture scénaristique et la formation de scénaristes arabes selon des normes scientifiques et la méthodologie en vigueur, dans l’ultime but de produire des œuvres dramatiques de haute qualité.
Aujourd’hui, “la crainte est que l’Intelligence Artificielle (IA) prenne le dessus sur les scénaristes pour les écarter”. A ce titre, il évoque les progrès qui se passent sur “les plateaux de tournages américains où certaines plateformes se sont passées du scénariste pour le compte de l’IA ”
L’intervention du responsable d’Artify était principalement axée sur le déclin constaté dans l’audimat chez un médias classique, telle que “la Télévision, et la chute des recettes publicitaires ce qui les a contraints à vendre leurs productions aux plateformes de streaming”. A son avis, cet état des lieux revient principalement aux nouvelles habitudes du téléspectateur devenu plus enclin aux productions des plateformes numériques.
La cinéaste marocaine Sana Akroud a souligné “l’importance du développement technologique dans la promotion des œuvres dramatiques ce qui exige de s’y adapter au plus vite”. Elle a encore rappelé le rôle de divertissement des plateformes de streaming qui ont plus de l’ampleur depuis la période du confinement sanitaire de 2020.
Pour sa part, l’acteur et réalisateur tunisien Lassaad Jamoussi, a proposé la création d’une plateforme de straaming arabe, sous la banière de l’Union de l’Asbu (Arab state Broadcasting Union) qui rassemblera les oeuvres dramatiques arabes et aidera à leur promotion”.
Rappelons que depuis sa création en 1969, l’organisation panarabe de l’Asbu œuvre au renforcement des liens de coopération entre les organismes de radiodiffusion arabes en vue de développer le contenu de leurs productions audiovisuelles.
Le Festival arabe de la radio et de la télévision est organisé par l’ASBU, en partenariat avec le ministère des Affaires culturelles, les Etablissements de la Radio et de la Télévision tunisiennes et l’organisation arabe des satellites de communication (Arabsat).
Chaque année, le festival accueille les instances membres de l’ASBU dont les chaines de télévision et stations de radio arabes publiques privées, les sociétés de productions et les agences de presse arabes. Les sociétés de production et les chaines et les stations de radio, non arabes, qui produisent et diffusent en langue arabe y sont également invitées.